Bruno Major séduit le Botanique avec son univers langoureux
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Auteur·ice : Hugo Payen
03/02/2020

Bruno Major séduit le Botanique avec son univers langoureux

Si le défi de composer et de partager une chanson par mois pendant un an est peu usuel, c’est exactement ce que Bruno Major, crooner contemporain, a décidé de faire à l’occasion de son premier album, A Song for Every Moon, sorti début 2017. Sous la pression du temps et de l’émotion, ces 12 chansons sont d’une séduisante cohésion. Plongée directe dans l’univers d’un artiste unique et imprévisible. Étant au confluent des genres soul, folk, passant par ses références jazz, Bruno Major arrive à nous dévoiler des textes authentiques remplis d’émotions de la plus belle des façons. Petit retour sur cette soirée qui s’annonçait magique.

Me voilà ainsi rendu au Botanique pour une énième magnifique soirée au sein de mon coup de cœur bruxellois qu’est La Rotonde. Les portes s’ouvrent, je m’installe dans les environs du premier rang comme à mon habitude. Les minutes passent et de plus en plus de fervents fans, visiblement de la première heure, débarquent en masse. Premier headline show belge pour le londonien, la foule bouillonne d’impatience, et ça se ressent déjà fortement.

La première partie d’un concert est une chose importante, elle va donner le ton de la soirée, doit réchauffer la salle, faire monter la pression. Et c’est bien pour ça que Major a décidé d’inviter la jeune Éloise, tout au long de sa tournée en Europe et au Royaume-Uni. Cette belle pépite, anglaise elle aussi, arrive ainsi accompagnée de sa guitare sur la scène. Du haut de ses dix-huit ans, elle lâche ses premières notes. Véritable vent de fraicheur, la première claque musicale de la soirée vient d’arriver. Dotée d’une maturité musicale assez époustouflante, on a l’impression d’entendre une jeune Amy Winehouse aux sonorités jazzy, mélangeant soul et pop à la perfection. Le public du Botanique est déjà sous le charme dès la première chanson. Si une première partie vient souvent réchauffer les cœurs, on peut dire que la mission est pleinement réussie.

Avec un public comblé ne pouvant plus contenir sa joie, c’est l’heure pour Bruno Major. Le groupe arrive, les premières percussions synthétiques suivent. Une silhouette se dégage du fond de la scène, les cris des fans surgissent de partout, la pression retenue depuis plus d’une heure éclate. C’est alors avec Fair-Weather Friend, un de ses plus gros succès, qu’il débute le concert. Les notes de guitare électrique de Major se mélangent au reste du groupe, les sourires et les chants envahissent La Rotonde. La barre est déjà tellement haute, on sent que tout commence. S’ensuit Wouldn’t Mean a Thing, première chanson issue de l’album. L’atmosphère langoureuse des sons se mélange magnifiquement à la voix puissante au coffre rond du crooner. Il enchaîne alors avec sa reprise de Chet Baker et de son sublime Like Someone In Love. Le public danse sur les riffs de guitare, Major prend son pied, et l’alchimie atteint son apogée sur les solos aériens de celui-ci. Le Botanique a chaud et qu’est-ce que c’est bon .

© Hugo Payen

Première interlude pour l’artiste, il nous sert quelques mots de français, le public est sous le charme. Alors que l’énergie résonne dans la pièce, Major poursuit avec sa guitare acoustique sur des notes plus douces après avoir enflammé les cœurs. Il nous propose ainsi ses dernières créations, toujours aussi magiques que les premières. Il rentre alors dans l’affectif avec Old Fashioned et Tapestry, pour ensuite nous délivrer en exclu deux nouveaux titres, Old Soul et Sleep When I’m Older aux souffles folk et beats lents qui captivent le public.

Le temps est venu pour lui de se diriger derrière le piano, il poursuit avec Just The Same, l’émotion commence à monter. Véritable hymne à l’amour, une atmosphère plus intimiste s’installe doucement, tout le monde se calme pour écouter ses douces paroles. C’est alors au tour de Places We Won’t Walk d’émouvoir la pièce entière. Cette chanson en piano/voix impose de par sa puissance émotionnelle. Évoquant un amour qui n’est plus, des souvenirs frivoles et un avenir qui ne peut être qu’imaginé. Le texte résonne chez chacun et fait succomber le public en quelques accords. La choriste et pianiste, s’étant reculée le temps d’un instant, ne peut alors contenir ses larmes. C’est bien cette façon si brute et authentique qu’a Major de traduire ses sentiments que ses fans sont venus voir et écouter avec tant d’émerveillement.

La Rotonde étant elle aussi au bord des larmes, le temps est venu de raviver les braises encore chaudes du début. Major reprend alors sa magnifique Gibson noire pour relancer la foule avec un autre grand classique jazz qu’est Giant Steps de John Coltrane. On passe alors d’un monde à l’autre sans réelle transition alors que le public n’a pas le temps de se remettre de la précédente. La musique va vite, les gens rient, dansent au rythme de la basse tandis que Major retrouve sa folie. On retrouve les sourires aux bords des lèvres, perdus quelques minutes auparavant chez certains. La fin approche doucement, avec un accent français qui fait chavirer la plupart des cœurs, il nous annonce que sa prochaine chanson, Most Beautiful Thing, est non seulement « l’avant-dernière » mais par-dessus tout sa préférée. Écrit avec son pote Finneas (rien que ça), elle raconte ce sentiment que l’on a tous déjà eu, celui que l’on a quand on croise une personne et qu’on réalise que c’est la plus belle chose qu’on ait jamais vue.

La chanson est à peine finie que les premiers riffs de Easily, grand succès de l’artiste, se font entendre. La foule chante avec lui, profite jusqu’au bout. C’est l’heure du dernier solo de guitare pour Major avant de se diriger vers les coulisses. C’était alors sans compter sur son fidèle public, plus transporté que jamais.

Les cris stridents percent les murs du Botanique, on hurle « Encore ! Encore ! ». On sait que ça ne peut pas être fini quand on passe un si bon moment, on veut que ça continue. Il revient après quelques minutes, seul, avec comme seul partenaire de scène sa guitare acoustique. Il décide de nous interpréter son avant-dernier bébé en date, Nothing. Véritable déclaration d’amour, les regards des amoureux se croisent, les mains se serrent. Quel retour éclatant. Il est par la suite rejoint par sa choriste et pianiste pour un petit duo sur Second Time. Après ce mélange de voix somptueux, le reste de sa bande revient sur scène pour le grand final. Et quel grand final ! Pour cette dernière chanson, c’est au tour de Hold on, We’re Going Home de Drake d’avoir droit à son cover. Après les derniers solos de guitare, de batterie et de basse en mode jam session, Major nous lâche ses derniers mots. C’est bel et bien fini cette fois. Comme hypnotisé après cette heure et demie de concert, il est temps pour nous de redescendre du nuage dans lequel nous avait placé le chanteur.

Quand on arrive à perdre la notion du temps et qu’on a l’impression que tout est allé beaucoup trop vite à notre goût, c’est bon signe. Le Botanique, de par sa jolie programmation, a encore réussi à nous combler de plaisir, et on leur dit merci.

Si ce samedi 1er février était la première fois de Bruno Major en tant que headline show à Bruxelles, on espère que ce ne sera pas la dernière. Par ses textes touchants et mélodies à la fois apaisantes et chaleureuses, on mesure son énorme talent. Talent qui, on l’espère, continuera à faire chavirer nos cœurs et nos oreilles.

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