Double Hélice est sorti en 2016. Double Hélice 2, en 2017. Fatalement, Double Hélice 3 débarque en 2018. Belges mais réglés comme des montres suisses, Caballero & JeanJass sont donc de retour avec ce troisième volet. Sauf qu’entre temps les choses ont bien changé, et les outsiders sont désormais les têtes d’affiche d’un rap francophone qui explose de toute part. La question se pose : Caballero & JeanJass, victimes du cool ?
En trois ans, à la force du poignet, de tournées sans fin et surtout de leur incroyable talent, Caballero & JeanJass sont devenus les moteurs d’un rap qui ne cesse de monter en puissance. Avec leurs camarades belges, ils ont même réussi à transformer le rap français en rap francophone. Double Hélice 3 est donc prévu pour tout péter et installer définitivement sur le trône les deux potes que plus rien ne semble arrêter.
Mais pour être tout a fait honnête, on s’est posé la question de savoir si on avait vraiment envie de vous parler de cet opus 3. Passé la première écoute et le plaisir de retrouver nos deux comparses avec des nouveaux titres, l’ennui et la déception pointent rapidement le bout de leur nez. Est-ce que Double Hélice 3 est un mauvais album ? Pas vraiment, mais il n’en est pas pour autant un bon album, loin s’en faut.
Tout n’est pas à jeter, bien entendu. Les productions de la plupart des titres sont toujours aussi bonnes, notamment les entêtantes Californie et Le Monde a Changé. Et niveau paroles, on prend beaucoup de plaisir avec l’égotrip Clonez-Moi et avec La Lettre- Pt.2, qui nous prouve une nouvelle fois, sur une production assez old school, que les deux garçons n’ont pas leur pareil pour créer des sons en forme de petites histoires douces amères entre mélancolie et conscience de soi.
Seulement, le gros défaut de cet album est qu’il est en pilotage automatique. Les références ne changent pas, les clins d’œil aux précédents opus sont aussi lourds que le fan service dégueulasse de Solo : A Star Wars Story. On a l’impression que le duo n’a plus grand chose à dire ou alors que le fait d’enchainer les albums à une cadence infernale a fini par sévèrement émousser leur plume pourtant grandiose.
Que dire aussi des featurings ? Sans réelle surprise, eux aussi. Krissy et Roméo Elvis font le taff mais sans plus. Heureusement, Hamza élève le niveau sur l’excellente Bae et Sofiane ramène une dose de brutalité bienvenue sur ALZ. Mais le pire reste surement Dégueulasse. On commence à être vraiment fatigué de voir Stromae phagocyter ainsi le rap. Car au final, il ramène une prod qui lui ressemble et finit par malaxer les artistes avec qui il travaille non seulement dans leur flow, mais aussi dans les paroles. Et là c’est la catastrophe. On a vraiment du mal à reconnaitre Caballero & JeanJass dans ces lyrics à la fois mièvres, faciles, naïves et d’une faiblesse assez abyssale. Si la vie est belle, ce n’est pas ce genre de track qui va nous convaincre.
Dans sa globalité, Double Hélice 3 n’est donc pas réellement un mauvaise album, mais la déception est immense au vu de l’attente que Caballero & JeanJass avait placée en nous. Si les productions restent solides, si certaines chansons appellent toujours à l’enthousiasme et si le duo reste parmi les meilleurs sur scène, ils ont cédé à la facilité et on sent clairement la fatigue pointer le bout de son nez. S’ils veulent rester au top du game, ils feraient donc bien de soigner leur prochain projet. Peut-être en prenant un peu plus de temps pour le faire car derrière, ça pousse sévère pour récupérer leur place sur le trône.
Photo: Kevin Jordan
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.