C’est Magnifique : Nikola offre un remède foudroyant à la jeunesse d’aujourd’hui
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Auteur·ice : Joséphine Petit
17/05/2021

C’est Magnifique : Nikola offre un remède foudroyant à la jeunesse d’aujourd’hui

| Photo : Eve Devulder

Nikola. Ce nom vous dit quelque chose ? Nous vous avions prévenus dans nos clips de la semaine en mars dernier : s’il y a un prénom à retenir cette année, c’est bien le sien. Des mots cognant sur les tympans tels des coups de poing envoyés dans le décor, de la chaleur humaine qui s’entremêle à l’électronique, et la vie racontée d’un jeune œil déjà sage : le jeune homme a tout pour connecter avec sa génération et lui parler jusque dans les tripes.

Si Avec un rouge nous avait déjà touchés en magistrale introduction, aujourd’hui Nikola nous ouvre grand la porte de son monde avec C’est Magnifique. Dès la première écoute, la claque est totale, et nous ne pouvons difficilement faire autrement que de lui dérouler le tapis rouge. Alors que l’on devine le côté générationnel du sentiment qui nourrit le titre, oser le chanter est une toute autre histoire. S’assumant en véritable anti-héros du quotidien, Nikola traduit le mal-être qui résonne chez des milliers d’autres, de se mentir à soi-même quand sa place dans le monde semble erronée, et de chercher inlassablement son talent sans jamais s’ouvrir à un avenir séduisant. “J’sais rien faire, c’est magnifique”, confie-t-il abasourdi, “moi j’suis personne au fond”, “et j’sais rien faire de mes dix doigts”.

Le titre, truffé de références au syndrome de l’imposteur, aborde aussi habilement un sentiment souvent trop peu considéré car perçu comme paradoxal. “J’vois des pauvres gosses qui rêvent de la misère, qui assument pas le confort, classe moyenne, vie moyenne en recherche de sensations fortes” : parce que le mal-être est un sentiment, et que ressentir permet de se savoir vivant, déconstruire une vie qui semble trop simple peut parfois paraître grisant aux yeux de beaucoup. Ainsi, la plume de Nikola embrasse intelligemment une génération toute entière qui ne demande qu’à être entendue et soignée par ce genre de mots.

Reprenant les codes de son premier titre, Avec un rouge, le fil rouge du morceau reste un piano qui s’efface puis réapparaît pour apporter respirations et touches de calme dans l’orage qui se rapproche tout du long. À travers des vagues toujours plus puissantes, Nikola confronte alors d’abord son texte à la douceur du piano, puis à la froideur de l’électronique, dans un contraste saisissant qui fonctionne à merveille. À mesure que l’essence du titre prend forme, l’intensité de l’instrumentation transporte, et laisse aux mots toute la place d’exister dans la profondeur de leur propos.

 

Refusant le grandiose et la superbe pour un morceau qui aurait aisément pu les revendiquer, Nikola joue intelligemment d’une large dose d’autodérision dans la mise en images de C’est Magnifique. Le jeune homme ne manque pas d’humour quand un premier Bercy sur son parvis s’entrechoque à un malicieux clin d’œil à Stromae. À travers un scénario de mise en abyme du tournage de son propre clip, il sait garder les deux pieds sur terre, loin des projecteurs éblouissants et au plus proche de notre réalité. Les plans devant Bercy termineront quant à eux de souligner que l’immensité lui sied, et nul ne déplorera que le béton gris l’appelle à faire entendre ses mots au plus grand nombre.

Tout récemment sélectionné en tant qu’iNOUïS du Printemps de Bourges 2021, son ascension se dessine à la verticale, et notre intuition nous souffle qu’il va falloir se presser d’aller le voir sur scène dans les prochains mois pour découvrir la portée de son interprétation. À propos de C’est Magnifique, Nikola confiait sur ses réseaux qu’il aurait aimé que quelqu’un écrive un morceau comme celui-ci auquel se rattacher lorsqu’il était plus jeune. Lui l’a fait pour d’autres, et ça fait du bien.

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