Ceux qui allaient aux Nuits Secrètes
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Auteur·ice : Léa Gdn
21/08/2018

Ceux qui allaient aux Nuits Secrètes

Du soleil, des amis, de la musique (et de la bière, pour Charles) : ce sont souvent les ingrédients d’un festival réussi. Ce fut le cas pour ces Nuits Secrètes 2018 qui nous ont concocté une programmation phénoménale. On vous évoque ici quelques souvenirs et concerts qui ont fait de cette 17ème édition, une édition un peu particulière pour nous.

Celui qui se réconciliait avec Jain

Le vendredi soir aura été le témoin de la reconquête de nos cœurs par la belle Jain. Elle nous avait effectivement un peu effrayé en sortant Alright, que l’on trouvait un peu moins élaboré que les morceaux de son si parfait Zanaka. Mais une fois n’est pas coutume, la Toulousaine est une bête de scène et un vrai couteau suisse musical : elle nous l’a prouvé une fois de plus en réinterprétant de mille façons différentes ses titres. Sur cette tournée, elle reprend son habitude, à savoir jouer solo sur scène, seulement accompagnée de sa manchette gadget. Le point fort de Jain, c’est aussi et surtout l’amour qu’elle porte à son public, à tel point qu’elle s’y ballade même, dans sa Makeball.

Celui qui marchait sur la lune

Rone aura définitivement été l’un de nos énormes kifs du festival. Un air timide derrière des lunettes rondes, voilà le premier ressenti quand on aperçoit Rone au loin sur la scène de l’Eden. Mais cette image innocente s’est très vite envolée dès qu’il a commencé à mixer ses sons électro. Avec des morceaux sortis d’un univers parallèle, au rythme desquels on a dansé sans relâche nachos à la main, Rone aura été le catalyseur de la soirée du samedi. Un concert lunaire, littéralement. On a pris notre pied et notre envolée durant Parade, morceau qui nous a donné l’impression de danser dans un cratère lunaire : poussière au vent, lumière aveuglante et son digne d’un film de science-fiction nous ont fait dire Bye Bye au Macadam.

Celui qui prenait son pied

Mais le highlight de notre festival, c’était alt-J (notre interview ICI). Quelques heures avant leur concert, Gus et Joe nous disaient qu’ils étaient devenus meilleurs en live, et ce n’est rien de le dire ! Ils nous ont transportés pendant un peu plus d’une heure de show grâce à leurs jeux de lumière non épileptiques-friendly et des projections vidéo psychédéliques. Le tout a été un véritable moment de transe et de communion où la voix de Joe nous aura bercé sur Matilda pendant que les beats de Breezeblocks nous auront fait danser comme des fous.

Léa Goudenhooft

 

Slaves © David Tabary

 

Celui qui réveillait son côté punk

Alors que Léa se réconciliait avec Jain, Charles de son côté, en bon amateur de bières, allait réveiller son côté punk en ce premier jour de festival. Mais attention pas uniquement musical le côté punk, mais plus dans l’état d’esprit et dans l’attitude. Ça commençait donc dès l’ouverture avec Ricky Hollywood et ses tongs volantes. Le bonhomme nous a permis de lancer parfaitement notre festival. Son aisance scénique, son humour et son univers aussi tendre que surréaliste nous auront touché en plein cœur. Et on voulait le féliciter pour son lancer de tongs absolument parfait.

Etre punk, c’est aussi faire le taf même quand il n’y a pas grand monde. C’était le cas pour les furieux Shame. Bien que semblant un peu fatigué, les Anglais n’ont rien lâché et nous ont enthousiasmé avec leur rock bien puissant.

Mais si être punk en 2018 c’était jouer dans une fanfare ? Vu la foule impressionnante qui se préssait à l’Eden pour voir Meute, on ne peut se permettre d’en douter. On l’avoue, l’idée d’un marching band allemand qui reprend des hits de musique électronique nous titillait, on marchait sur un fil entre le génie et le mauvais goût. Finalement, on a penché du premier côté et surtout nos pieds ont décidé pour nous, puisqu’on a passé une heure à danser. Mais finalement, être punk c’est sans doute être punk. Et les Slaves nous l’auront bien prouvé, nous offrant surement l’un des meilleurs (si ce n’est le meilleur pour Charles)  des Nuits Secrètes. Une énergie scénique furieuse, de l’humour, de l’amour et surtout de la très très bonne musique. Le duo du Kent venu nous présenter en avant première son excellent album Acts Of Fear And Love, nous aura montré que leur réputation de bêtes de scène n’est pas volée, loin s’en faut.

Meute © David Tabary

 

Celui qui ne cessait d’aimer les mêmes groupes

17h30 sur la grande scène. Du monde, beaucoup de monde attend pour voir débouler Bagarre. On ne s’attendait pas forcément à une foule pareille, surtout pas à cette heure là, mais comme on connait bien les gaillards et leur réputation, on n’est finalement pas trop surpris, et plutôt heureux pour eux de voir le public répondre une nouvelle fois présent. On vous a souvent parlé de Bagarre, donc pour une fois on a décidé de laissé la parole à Félicien 14ans, qui vivait là son premier concert de Bagarre et son premier festival : “Le concert a tout simplement été énorme. Au début j’ai été un peu surpris par le premier pogo. J’ai vraiment aimé leur style musical mais aussi leur style vestimentaire. Ce qui m’a le plus plu c’est la joie qu’ils communiquent sur scène. Ils chantent, ils dansent, ils sourient et sont heureux“. Honnêtement, on n’aurait pas pu dire mieux car même avec un set resserré, les cinq Parisiens nous ont une nouvelle fois offert un concert fou, intense et unique. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, on les a retrouvés le soir pour un DJ set complètement malade.

L’autre gros moment de la journée aura été sans conteste le set incandescent des Feu! Chatterton (notre interview ICI). Un mois après nous avoir fait vibrer à Solidays, ils ont enfoncé le clou avec classe et panache. Occupant la scène avec aisance, les bonhommes n’ont pas leur pareil pour développer des ambiances mais aussi mettre en avant des textes poétiques d’une beauté à couper le souffle.

Et que dire  BRNS… ? Cela faisait un bon moment qu’on ne les avait pas vus en live et ils se sont rappelés à nos bons souvenirs avec leur sens du rythme et leurs constructions musicales assez dingues. Dans la pénombre et sous les taules rouges de l’EDEN, les Belges nous auront ravi, notamment avec leur hit Mexico qui reste toujours une des meilleures chansons de ces dernières années.

Petit flash forward pour se retrouver au samedi. Alors qu’on était trop occupé à interviewer alt-J, Eddy De Pretto occupait la grande scène et un public pré-acquis. On n’était pas sur place, mais cette prestation nous aura offert, un nouveau commentaire unique de la vague pa(pa)rallèle (avant que le soir, il ne confonde les chanteurs de feu! chatterton et therapie taxi ) “Eddy De Pretto c’était quand même mieux dans les petites salles”. Quand votre père se transforme lentement mais surement en hipster, ça fout quand même la larme à l’oeil… Bref, un peu plus tard, nous voici arrivé face à une grande scène plus que blindée, où on aura bien du mal à s’infiltrer pour assister au nouveau couronnement du roi Lomepal. Lui aussi en aura fait du chemin en un an, mais n’est clairement pas décidé à se reposer sur ses lauriers, offrant une nouvelle fois un show dingue, durant lequel il aura laissé exploser toute sa folie et son charisme. Flip change le monde, et le nouvel album qu’il nous a annoncé pour la fin de l’année risque de prendre le même chemin.

Charles Gallet

Photos : David Tabary pour indiemusic.fr