Charles et Alain Souchon : “On rêve que les filles nous fassent plein de bisous”
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Auteur·ice : Alphonse Terrier
21/11/2018

Charles et Alain Souchon : “On rêve que les filles nous fassent plein de bisous”

À l’occasion du concert des Coccinelles, organisé le samedi 3 novembre en faveur de la recherche contre les neurofibromatoses, nous sommes allés interviewer Alain Souchon et son fils Charles (Ours), tous deux à l’origine de cette belle soirée. L’occasion de discuter un peu chanson française avec deux mastodontes du genre.

La Vague Parallèle : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’association que vous représentez ce soir ?

Alain Souchon : Depuis sept ans, Ours organise un concert dans les environs d’Avignon pour la lutte contre la maladie des Coccinelles. Cette année, il a décidé de le faire ici, au Casino de Paris.

Ours : En effet, on m’a appelé il y a huit ans alors que je ne connaissais pas du tout cette maladie qui s’appelle la neurofibromatose et qui est une maladie neurologique. Cette maladie laisse des taches sur la peau et on l’appelle donc la maladie des coccinelles. C’est la plus courante des maladies rares et les patients ont de nombreux autres symptômes. On se retrouve tous les ans au Festival des Coccinelles dans le Sud, avec les familles qui sont souvent très isolées, et tout le monde peut se donner un peu de chaleur.

LVP : C’est important pour vous, de s’engager en tant qu’artistes ?

AS : C’est-à-dire que c’est la moindre des choses, dans la mesure où la recherche médicale a besoin d’argent et que nous on est capables de remplir des salles. Pour nous, c’est carrément un plaisir ! C’est un plaisir de se retrouver avec des chanteurs avec qui on n’a pas l’habitude de travailler, de faire une équipe, de répéter ensemble et puis de chanter. Alors c’est la moindre des choses de le faire, puisque c’est un plaisir et que ça aide la recherche !

LVP : Parlons musique maintenant ! Votre premier album est sorti en 1974. Est-ce encore possible de faire une carrière sur plus de 40 ans aujourd’hui ?

AS : Je ne sais pas, regardez Ours ! Il se débrouille bien !

O : Dès qu’il refait un album, il est comme en 1974, il repart à zéro. Il a les mêmes doutes, il n’est jamais installé dans quelque chose. Il se remet toujours en question avec une fraîcheur et une vraie pertinence.

AS : Mes fils Charles et Pierre sont très professionnels et ils ont des idées qui m’apportent de la jeunesse dans la musique. Moi, je suis influencé par la musique que j’entendais quand j’étais jeune dans les années 60-70. Forcément, je suis issu des Rolling Stones, de Simon & Garfunkel, comme Laurent Voulzy. Et puis eux, ils m’apportent un peu de sang nouveau. On fait des musiques ensemble. Pour faire mon prochain album, on a travaillé pas mal ensemble, c’est très agréable.

LVP : Vous travaillez sur un nouvel album ?

AS : Je fais des nouveaux morceaux qu’on enregistre dans 15 jours. Il sortira à la rentrée et après je partirai en tournée.

LVP : Quel regard vous portez sur la scène actuelle, autant en France que dans le Monde ?

AS : J’aime énormément Ours ! En même temps, les textes sont profonds et la musique est guillerette. C’était le charme de Georges Brassens de faire ça. C’est le secret des choses élégantes ! Ses chansons sont toujours ensoleillées et elles donnent envie de bouger légèrement, et dans les textes il y a une profondeur. C’est un secret que tout le monde n’a pas. Mais c’est un secret que je ne vous dis pas, hein !

O : Aujourd’hui beaucoup de choses super se passent, il faut juste faire attention à ce qu’on ne perde pas cette tradition de chanson française, de mots. Même si c’est super tous les autres projets, avec des refrains en anglais et de plus en plus de styles. Mais nous, on trouve ça un peu dommage qu’aujourd’hui à la radio, on entende un petit peu moins des chansons comme celles-là.

AS : Sauf quand il y a un Belge qui arrive en chantant : “Nous étions forrrrrmidables”. Sans ça, sur les radios françaises, on entend beaucoup de trucs en anglais.

LVP : Et quel regard vous portez sur la nouvelle chanson française ? Je pense notamment à Clara Luciani, Juliette Armanet, Tim Dup, Eddy de Pretto…

O : En fait, on dit toujours la nouvelle chanson française, ça ne veut un peu rien dire. Juliette Armanet par exemple, elle a quelque chose de moderne mais elle fait écho à une ancienne chanson française.

AS : Oui mais de Pretto

O : Alors de Pretto en effet ! Il représente bien cette nouvelle vague qui a commencé à arriver depuis plusieurs années : ce pont entre le rap et la chanson, je le trouve extra. Ce que fait Stromae, ce que fait Ben Mazué, ce que fait Eddy de Pretto. Mais ça ne démarre pas aujourd’hui. Dans certains de tes morceaux d’ailleurs, tu avais un débit un peu scandé, presque rappé.

LVP : J’aimerais bien que vous m’expliquiez une phrase de l’une de vos chansons. “Boris Vian s’écrit à la trompette” dans la chanson Rive Gauche.

AS : Boris Vian était un homme de Saint-Germain-des-Prés dans les années 50, assez brillant, qui écrivait et qui en même temps aimait faire de la musique. Et il jouait de la trompinette, de la petite trompette, du jazz. “Boris Vian s’écrit à la trompette”, c’est une description de Saint-Germain-des-Prés, où il y a eu plein d’écrivains américains et toute une vie intellectuelle très forte dans les années 20-30. Et après la guerre, dans les années 50 il y a eu tout un bouillonnement de jazz, de poésie, d’écrivains, de cinéma. Tout se passait un peu à Saint-Germain-des-Prés à cette époque.

LVP : Est-ce qu’il y a encore un rêve que musicalement vous n’avez pas réalisé ?

AS : C’est un rêve qu’on n’a pas réalisé et que, je crois, on ne réalisera jamais. Ah oui, parce qu’il y a plein plein de jeunes filles partout. Alors, un de mes rêves ce serait qu’avec mon fils Ours, on aille tous les deux au milieu de toutes ces filles… Qu’on s’allonge tous les deux avec Charles et que toutes les filles nous fassent des bisous partout. Mais je sais pas si on va y arriver…

LVP : Et enfin, si vous deviez choisir votre meilleure expérience de scène, et ensuite la pire ?

AS : Le Casino de Paris, le 3 novembre 2018, ça va faire mal.

O : En bien !

AS : Et la plus mauvaise, sans doute la première fois où je chantais place de la Concorde. Pour faire de la promo, la maison de disque m’a fait chanter une chanson et tout le monde disait “Du rock, pédé, du rock, pédé !”. C’était rigolo, j’en garde un bon souvenir (rires) !

Retrouvez (très) bientôt sur La Vague Parallèle une interview Mosaïque de ces deux joyeux lurons !

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