Chuki Beats : “L’objectif est clair, c’est les States !”
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Auteur·ice : Paul-Louis Godier
01/09/2021

Chuki Beats : “L’objectif est clair, c’est les States !”

Chuki Beats fait partie des producteurs qui veulent faire bouger les choses et espérer pouvoir donner un rôle de premier plan à tous les compositeurs. Le producteur belge sort son premier album INSIDEOUT. L’occasion pour lui de révéler au public ses grandes ambitions dans un projet qui réunit la crème du rap belge (Frenetik, Geeeko, YG Pablo…), des jeunes pépites hollandaises ainsi que le prodige français Sofiane Pamart. Un album qui a l’ambition de toucher un public de plus en plus large pour, pourquoi pas un jour, parler aux Américains…

Photo : Paul-Louis Godier

La Vague Parallèle : Comment tu te sens un mois après la sortie de ton premier album ?

Chuki Beats : Je suis très heureux des retours, car les gens n’aiment pas seulement les morceaux individuellement, mais le projet dans son entièreté. On a beaucoup travaillé sur la direction artistique du projet donc je suis très content que la globalité plaise.

LVP : L’album s’appelle INSIDEOUT, tu peux nous expliquer le concept de ce projet ?

CB : Beaucoup de gens partent de l’extérieur pour changer de l’intérieur. Ma philosophie, c’est que tu peux vivre en partant de l’intérieur justement. C’est aussi pour cette raison que j’ai divisé l’album en deux parties avec une première partie (inside) plus spacy et trippy et puis une deuxième partie (outside) où les morceaux sont plus chill, plus ambiançants et où il y a moins de réflexion.

LVP : Comment on travaille ce genre d’album en tant que producteur ? J’imagine que c’est plus complexe qu’un album « classique » vu que tu regroupes énormément d’univers différents et en même temps tu dois essayer d’attirer les différents artistes vers ta vision ?

CB : Je pense que le plus important c’est d’utiliser les artistes comme des instruments. Il faut créer une vibe, leur expliquer et puis les diriger vers ton univers. Par exemple sur le morceau REVOLUTION – avec Charles et Sofiane Pamart – j’avais déjà le titre du son, l’idée globale et même une direction au niveau des paroles. J’ai fait écouter l’album à Charles et Sofiane Pamart et je leur ai expliqué que ce morceau devait être la transition entre le inside (première partie de l’album) et le outside (deuxième partie). Ils ont directement capté l’ambiance que je voulais créer. Et avec du recul, le résultat final se rapproche vraiment de ce que j’avais en tête donc c’est cool.

 

LVP : Tu as invité des artistes de tous types d’horizons : des rappeurs, des chanteurs, des francophones, des anglophones, des pianistes aussi. Tu peux nous parler du casting et des collaborations qui t’ont particulièrement marqué ?

CB : REVOLUTION c’est un de mes morceaux préférés parce qu’on est vraiment arrivés au résultat parfait par rapport à mes attentes. Après il y a aussi le morceau FAMILY avec Zwangere Guy et Krisy que j’aime beaucoup. C’est aussi le même processus que pour REVOLUTION. Je voulais qu’on parle d’amour, de la famille et de cette notion de sacrifice. Ce sont eux qui ont écrit le son mais ça pourrait être moi tellement ça se rapproche de ma mentalité. Je me retrouve vraiment dans leur texte.

LVP : Souvent les producteurs ne sont pas mis d’égal à égal avec les artistes/interprètes. Aux États-Unis, c’est déjà un peu plus le cas où il est courant de voir des albums de producteurs par exemple. Comment tu te situes par rapport à ce constat et est-ce que c’est une mentalité que tu veux essayer d’apporter dans ce game ?

CB : C’est ce que je veux faire oui… et à ma façon ! Aux États-Unis, j’ai vu Metro Boomin et Kanye West. Ce sont des personnes qui m’ont beaucoup inspiré. C’est cool de faire un projet qui me correspond de A à Z et de me mettre moi-même en avant, en tant que producteur et en tant qu’« artiste ». Sur l’album, il y a même trois morceaux où je suis seul dessus. J’ai fait ce que j’avais envie de faire et je ne me suis pas vraiment posé de questions. Si je peux m’exprimer par le biais de ma voix je le ferai, mais si je vois qu’il faut un autre artiste, alors je laisserai la place à une autre voix que la mienne.

https://www.youtube.com/watch?v=fuQXdodm-LQ

 

LVP : Tu es aussi présent dans le « YouTube game », tu as deux chaines. Une où tu publies des types beats et une autre où tu montres les coulisses de ta vie en tant que producteur. Est-ce que ce n’est pas lié au fait que les producteurs sont rarement sur le devant de la scène et c’est ta manière de te montrer et de développer ta « marque » en quelque sorte ?

CB : Ma première chaine YouTube, c’était pour publier des types beats. Et puis j’ai eu envie de me rapprocher des personnes qui me suivent et commencer à faire des tutos. J’ai aidé beaucoup de producteurs et de jeunes alors que je faisais juste filmer mon quotidien et ma manière de travailler. Alors quand on te dit que tu as changé la vie d’une personne, ça fait bizarre et c’est incroyable. Je fais quelque chose que j’aime et en plus on me remercie donc c’est fou !

LVP : Dans ta série Selfmade, tu dis que tu veux toucher le monde entier et pas seulement la Belgique ou la France. Et aussi bizarre que ça puisse paraître, j’ai l’impression que tu es un des rares à le vouloir (ou bien à l’assumer). Tu peux nous parler de tes objectifs ?

CB : C’est quelque chose que j’ai en tête depuis très longtemps. Je sais que dans le game francophone, on s’exporte moins et on est assez sectaire. Personnellement, les collaborations internationales c’est clairement ce qui m’intéresse et ce qui m’excite le plus. Quand je vois des featurings entre Dua Lipa et Angèle, c’est génial. C’est ce que je veux faire ! Mélanger les langues et les univers. Je pense réellement que les auditeurs écoutent d’abord la vibe d’un morceau, puis les paroles. Avant de parler français, j’écoutais quand même Damso et Hamza, parce que musicalement c’est trop fort. Pour revenir à cet aspect d’ouverture, je veux clairement amener mon équipe aux États-Unis. Je veux collaborer avec des Américains et m’exporter à l’international. Personnellement je suis prêt, mais j’attends encore un peu pour qu’on soit tous dans le même mindset avec mon équipe. Mais l’objectif est clair, c’est les States !

LVP : Dans ta série, tu dis que tu n’en veux pas aux gens de ne pas avoir cru en toi parce que toi-même tu as eu des difficultés à le faire au début. Et je pense que c’est un peu le recul que chaque artiste devrait avoir. Parce que souvent on entend le discours inverse justement. Tu peux nous expliquer ?

CB : Beaucoup de personnes ne croient pas en elles et en plus, vont en vouloir à ceux qui ne croient pas en elles. Alors que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne ! D’abord tu dois croire en toi, et puis tu dois espérer que les autres suivent. J’ai eu des situations dans ma vie où je pouvais avoir ce sentiment de solitude, mais avec du recul je me rends compte que le problème c’était moi et pas les autres. Je n’ai jamais compris les artistes qui disent « t’étais pas là au début maintenant c’est trop tard ». Justement, une fois que tu arrives à ce stade où ton entourage te soutient il faut réussir à faire adhérer le plus de monde possible à ton projet.

https://www.youtube.com/watch?v=Pgtn2CP8xE8

 

LVP : Avec ton équipe, tu as créé le label 32WORLDWIDE. Tu peux nous parler du label et de sa philosophie ?

CB : C’est une équipe avec laquelle je grandis de manière constante. C’est un groupe de potes de base et maintenant il y a ma copine qui m’aide au niveau de la direction artistique. C’est vraiment une affaire de famille. Je suis très fier de cette équipe, parce qu’on a sorti l’album sans maison de disque et on a vraiment fait ce que JE voulais faire. On a grandi step-by-step et c’est beau de voir où on est arrivés. L’idée, c’est vraiment de s’exporter à l’international dans un deuxième temps. No limit !

LVP : Tu as une sorte de rituel après avoir bouclé un morceau, c’est d’aller l’écouter dans ta voiture. Tu peux nous parler de ce dernier check avant de valider la track ?

CB : La voiture c’est le vrai test. Je pense que 90% du temps j’écoute de la musique en voiture. Je n’en écoute pas beaucoup chez moi parce que je suis toujours en train de produire. La voiture, c’est vraiment un bon cadre pour écouter de la musique. Ce que je fais aussi pour voir si un morceau est cool, c’est que je vais le faire écouter à mes potes sans donner mon avis avant. Je me retiens pour ne pas influencer leur avis. Mais en général je dois, moi personnellement, être content du résultat avant de le montrer aux autres. Par exemple sur le morceau NEVER LOST je n’étais pas sûr de moi et de ma prestation, mais quand je l’ai joué à ma copine, j’ai vu que c’était lourd (rires).


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