Le jeune producteur anversois Yong Yello remet sa casquette d’auteur-interprète avec son deuxième single Cirkels et assoit un peu plus son statut de rappeur à suivre au nord du Plat Pays. Un cocktail rap, pop à textes et instrus irrésistibles qui vous resteront en tête tout l’été.
On vous présente Yong Yello, aka Yello Staelens dans la vraie vie, un échappé de plus du bouillonnant collectif flamand Abattoir Anvers (Glints, FAISAL). Après s’être imposé avec ses talents incontestables de beatmaker et de producteur (pour Glints, Noémie Wolfs), il sort définitivement du bois en tant qu’interprète avec un deuxième single, Cirkels. Dans un mélange parfaitement dosé de pop, de rap et de nederlandse chanson, Yong Yello nous conte sur Cirkels le cycle inéluctable et un brin fataliste de la vie. Si vous ne parlez pas la langue de Vondel pour comprendre sa prose qui fait mouche, il s’explique: “Même si nous crions haut et fort que nous ne ferons pas les mêmes erreurs que nos parents, il semble parfois que nous sommes appelés à répéter certains schémas à cause de notre génétique et de notre éducation, et que nous ne réussirons jamais à briser le cercle éternel”. Dans la vidéo qui accompagne le titre, on voyage à travers la vie dans un collage de vignettes vintages, depuis le spermatozoïde jusqu’aux grands événements qui jalonnent notre existence. Le fil se rembobine, le cercle devient éternel et Cirkels se termine sur la bouille de Yello enfant, tirée d’un film familial.
Le rap posé et quasi déclamé de Yong Yello est soutenu encore une fois par une instru ultra catchy, chill et ensoleillée. Sur son premier titre, Als Ge Slaapt, l’irrésistible production faisait déjà oublier aux non-néerlandophones les plus rebutés que le gaillard chantait dans sa langue maternelle. Dommage cependant que ceux-là ne se soient pas attardés sur les textes de Yong Yello, car sur cette première sortie où il était question de double vie adultère, le producteur étalait déjà son habilité à écrire d’excellentes chansons à textes. Des textes sobres mais justes, aux sujets lourds de sens portés par une musique entêtante : Yong Yello a définitivement trouvé la formule magique.
Une formule déjà bien assimilée en Flandre, où l’artiste a terminé dans la shortlist du cru 2020 de De Nieuwe Lichting – sorte de BBC Sound Of de la radio flamande StuBru, mettant en lumière les nouveaux talents qui feront l’année à venir. Facile, il chante dans la langue locale nous direz-vous. En effet, mais quand des Angèle, Roméo Elvis ou Damso n’ont aucun mal à monopoliser les ondes flamandes alors qu’ils chantent en français, on se demande pourquoi des artistes bourrés de talents comme Yong Yello ou toute la clique d’Abattoir Anvers ne passent pas la frontière linguistique. Qu’à cela ne tienne, laissez-vous conquérir par le jeune prodige flamand où que vous soyez, quelque part à Bruxelles, en Wallonie ou en France. Et qui sait, vous vous mettrez peut-être au néerlandais.
Cirkels (tout comme Als Ge Slaapt) fera partie du premier album de Yong Yello à paraître prochainement chez PIAS. Le tout est réalisé comme d’habitude avec la famille d’Abattoir Anvers, avec notamment le graphiste Iljen Put pour la pochette et Glints dans les chœurs.
Persuadé d’avoir le bon goût musical, mais spécialiste du concert en solo.