Clara Luciani ou l’art de la catharsis émotionnelle.
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Auteur·ice : Charles Gallet
06/06/2017

Clara Luciani ou l’art de la catharsis émotionnelle.

Dans la vie, on nous apprend souvent qu’il ne faut pas montrer ses sentiments, qu’il ne faut pas pleurer, qu’il ne faut pas se plaindre … Masquer sa tristesse et sa mélancolie semble être une condition nécessaire pour vivre intégré dans la société, pour exister face à l’autre qui se moque de nos mots autant que de nos maux et qui ne cherche à voir en nous que le reflet du bien être.

Heureusement, il existe des gens qui disent merde à ça, et qui mettent leur sensibilité à fleur de peau et leur tristesse au service des autres, car il est toujours plus facile d’exprimer ses sentiments à travers les paroles ou les œuvres des autres. Clara Luciani est de cette race là.


A l’écoute de son premier EP, Monstre D’amour, il serait peu dire que Clara Luciani est une personne sensible. En quatre chansons, elle nous emmène avec elle dans les méandres de ses souvenirs et de ses échecs sentimentaux, qu’elle enrobe de compositions classieuses, pour nous offrir des titres entre pop et variété.

Dès les premières notes, à la fois anxiogène et hypnotique de Pleure Clara, pleure on sent que la pudeur ne sera pas au rendez vous, le cœur est mis à nu, les sentiments déchirés et offerts à la vu de tous. Cette sensation ne nous quittera plus que ça soit sur Comme Toi, Montre d’Amour ou A CreverClara utilise ses souvenirs et ses échecs amoureux pour nourrir ses textes, chaque morceau pourrait ainsi représenter une cicatrice, une trace, qu’elle effleure et qu’elle nous montre, qu’elle utilise pour créer son art.

En ce sens, la musique de la marseillaise pourrait se définir comme celle de la catharsis émotionnelle : utiliser ses passions et ses sentiments, pour les convertir, les transformer en quelque chose de poétique, esthétique et politique. Poétique dans ses paroles, dans sa façon de travailler les mots et de les assembler. Esthétique dans le sens ou toutes les influences de la jeune femme transpire dans ces 4 chansons et qu’elles sont diverses : penchant du coté des bandes originales 70’s sur Pleure Clara, pleure, elle se fait rock sur Comme toi, plus proche de la variété dans Monstre D’amour, pour enfin se transformer en prêtresse d’une electro-pop épique sur A crever. Politique, puisqu’à travers elle, Clara parle un peu de nous, de toi, de moi : de cette jeunesse qui vit trop vite et trop fort, trop intensément, qui pense à se perdre en s’oubliant dans l’autre et qui se retrouve finalement perdue, les sentiments au bout des lèvres et les larmes sur les joues quand tout finit par partir en vrille.

En quatre chansons, Clara Luciani pose donc les bases d’un univers qui ne ressemble qu’à elle, mais qui parlera à tout le monde. Aussi classieux dans ses paroles que dans ses arrangements, elle nous offre un Monstre D’amour écartelé entre la douceur et la brutalité, entre la tendresse et l’effroi, entre la finesse et la puissance. Quatre chansons intenses qui vous hanteront pour longtemps si vous leur ouvrez la porte.

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