I Photos : Laura Collard pour La Vague Parallèle
Samedi dernier, on a vu la géniale CMAT – Ciara Mary-Alice Thompson de son vrai nom – sur scène et, puisqu’un live report encore électrisé par la soirée vaut mieux qu’un long chapô, on vous laisse direct avec le récit du passage inoubliable à La Madeleine de cette Irlandaise renversante.
Samedi soir, à La Madeleine, le spectacle se trouvait autant sur scène que dans la salle. CMAT pas encore arrivée et sa première partie – un dénommé Mickey Callisto torse nu et suintant – s’époumonant toujours en jogging, on prend le temps d’en prendre plein les mirettes autour de nous. Si l’on trouvait déjà le Mickey ultra UK-coded – “before I fuck off, laissez-moi vous en faire une p’tite dernière” ou quelque de cet acabit, furent certains de ses rares mots au public -, c’était sans compter sur la myriade de coupes mullet, moustaches et pintes de bières que compte le public. À l’entrée, on croise même des cowboys à paillettes pendant que Mickey Callisto interprète son pétulant dernier titre, Supernova, avant de s’exclamer “cheers” et de quitter la scène.
Une chose à savoir sur les représentations de CMAT : peu importe à quel stop de sa tournée européenne vous vous trouvez, les britanniques seront toujours présent·es en nombre. Objet de la dévotion d’une faction de fans invétéré·es, l’Irlandaise est en tournée depuis bientôt quatre ans pour jouer ses deux formidables albums successifs. Sur ces quatre années, “Justin” – elle s’adresse à lui dans le public – l’a vue sur scène huit fois. Dans la foule, l’artiste reconnaît aussi “la délégation de Dublin“, un petit groupe près de la scène qui a l’air chaud patate. Si tant de loyauté ne vous convainc pas de vous laisser tenter par le phénomène CMAT, le compte-rendu qui va suivre devrait faire l’affaire.
Drama et (très) petits shorts
Déboulant accrochée à la rampe – parce que c’est la seule chose à faire quand on est quelqu’un·e de fun et qu’on se retrouve sur des escaliers de part et d’autre de la scène façon cabaret comme ceux qu’on trouve à La Madeleine -, Ciara Mary-Alice Thompson fait l’effet d’un bâton de dynamite dès qu’elle entre dans notre champ de vision. Ses initiales flanquées sur un néon drapé de rouge, la chanteuse entame son titre Nashville, issu de son premier album, If My Wife New I’d Be Dead (non promis y’a pas d’erreur), sorti en 2022. Ses musicien·nes sont sapé·es en chemise, santiags pour certain·es et (très) petits shorts pour d’autres. La frange au vent et toujours dans sa lancée ‘Merica, CMAT enchaîne avec son tube California, intro de son second album, Crazymad, For Me, sorti en 2023. Elle gratte sa guitare, lève sa jambe comme une danseuse de french cancan, le public connaît toutes les paroles par coeur. Nous, on a un peu honte de notre accent – pas aussi cool que celui des brits – mais au diable, on connaît aussi tout par coeur.
Au milieu des choeurs du parfait morceau qu’est I don’t care for you, CMAT et son band s’écroulent tous au sol, avant de jaillir et de repartir de plus belle, envolées lyriques en prime. Sur scène, l’artiste improvise, arrête, recommence, change le tempo et se lance dans une chorée – probablement élaborée sur une aire d’autoroute il y a quatre ans – avec son musicien au sluttiest short de tous. “Quand est-ce qu’il sera temps d’arrêter avec la séquence de danse, Justin ?“, envoie-t-elle à sa groupie la plus fidèle. On se dit que la meuf mange du fun au petit-déjeuner alors qu’elle enchaîne sur son single, Whatever’s Inconvenient, qui fédère, une fois de plus, toute la salle.
Ballon rond
TW : fierté nationale footballistique incoming. Une autre chose à savoir sur les concerts de CMAT, c’est qu’un de ses morceaux a une saveur toute particulière lorsqu’il est interprété en Belgique. Vincent Kompany (s’il y a un lien à cliquer, c’est celui-là), invraisemblable tube issu de Crazymad, For Me, retourne la salle, aussi galvanisée par la rèf bien-de-chez-nous que par la country délectable de Ciara Mary-Alice Thompson. Avions-nous mentionné que s’ils sont si biens, c’est parce que tous ses titres ont un petit je-ne-sais-quoi de country ? Dans la foule, une spectatrice arbore une casquette “I bring the ‘cunt’ in country“. Et c’est exactement l’effet que ça fait.
Sur Can’t Make Up My Mind, – pur banger qui voit à nouveau le public chanter à l’unisson – l’artiste grimpe sur la barrière et fait chanter un·e à un·e des membres de l’assistance, dans un élan qui ne peut que nous rappeler *cette* vidéo de Beyoncé. Elle joue Aw, Shoot ! puis Have fun ! and girl, we are !! Notre duo préféré se lance ensuite dans un autre petit interlude de danse, juste avant le rappel. “I love these stairs, I feel like Lisa Minelli“, se réjouit l’artiste à son retour sur scène – par les escaliers de cabaret – avant d’entamer Where Are Your Kids Tonight ? – morceau dont la mélodie est si absolument impeccable que les mots nous manquent. Et parce qu’elle ne nous a pas encore tout à fait achevé·es, CMAT poursuit avec Rent, titre également issu de Crazymad, For Me, et dont les paroles “You tainted my teens and that’s a shame, I still can’t watch Spirited Away, Or open my hand, Some people take whatever they want” nous hantent encore.
Yeehaw
“I just have un question for toi, what do you want to be ?, demande l’artiste, A COWBOY“, répond la salle. L’heure est venue de la chorée collective façon Cotton Eye Joe de fin de soirée. L’année dernière déjà, à son show parisien au Petit Bain (une scène flottante sur la Seine), on avait bien cru crever tant les baffles du plafond tanguaient sous l’impulsion d’une foule entière se dandinant de gauche à droite sur le contagieux morceau I Wanna Be a Cowboy, Baby !. Et ouais, on est peut-être pas british, mais nous non plus, ce n’est pas notre premier rodéo avec CMAT. Cette dernière scande le refrain tant que la foule le réclame, avant de conclure sur Stay For Something, énième tube de son second album magistral sur lequel la foule scande “I just can’t do it” en frappant des pieds.
Dans la rue, alors qu’on fredonne encore les paroles de Can’t Make Up My Mind, on distingue un accent anglais s’exclamer “so worth it !”, avant de retourner, dans le soleil couchant, à ses contrées de moustachus qui aiment la bière et CMAT. En selle !
Imagine Mercredi Adams qui écoute Abba très fort dans son bain.