Cœur : plongeon dans le monde violemment sensible de Martin Luminet
"
Auteur·ice : Joséphine Petit
14/12/2020

Cœur : plongeon dans le monde violemment sensible de Martin Luminet

Il y a quelques semaines, nous vous conseillions de rester à l’affût de nouvelles du côté de Martin Luminet, en amont de son touchant podcast vidéo. Le voici qui vient à nous avec Cœur, un morceau affûté qui va chercher plus haut que nos espérances. Loin de nous le calme du podcast, ce nouveau titre est une tempête à lui tout seul, avec ses rafales et ses creux, tout en y conservant la finesse et la poésie qu’on lui connaît maintenant.

Rendre une claque élégante : Martin Luminet nous montre comment s’y prendre en exactement trois minutes et quarante-trois secondes. Cœur nous enveloppe, nous entraîne dans sa course, jusqu’à ne plus pouvoir le lâcher. Sur fond de piano et de basse envoûtants, les mots sont jetés, balancés avec lucidité et intensité brute. Le morceau nourrit nos questionnements crus, angoisses cachées et inavouées, dans une frénésie infatigable.

 

À la découverte de son podcast, nous supposions que la poésie de Martin Luminet était contagieuse à tous les arts. Magistralement clippé en partie par l’artiste lui-même, Cœur prouve habilement que nous ne nous sommes pas trompés. À travers un très bel exercice d’équilibriste entre images originales et extraits de cinéma, dont le travail d’orfèvre de sélection et de montage est à souligner, Martin Luminet offre à son titre un clip au rythme de génie. Du rôle de spectateur à celui d’acteur désillusionné et révolté, l’oscillation s’impose dans une mise en abyme intelligente. Sentir le feu grandir puis prendre l’eau, c’est à ce genre de contrastes que l’on s’attache, illustrés dans de somptueux tons de bleu et de doré sur fond de drive in privé.

Avec Cœur, la voix caresse le ton de la parole, happe l’espace et s’amuse avec le rythme. Du spoken word au pouvoir d’éclairer les mots, qui méritent ici que l’on ouvre bien grand nos oreilles pour eux. La plume de Martin Luminet est aiguisée, et a choisi d’assumer sa part d’ombre. À se demander s’il dirige son cœur ou bien si son cœur le dirige, l’artiste touche du doigt une justesse digne des grands. Les mots se bousculent, se percutent et s’entremêlent dans une danse sans fin. L’instrumentation, quant à elle, joue sur les contrastes, appuyés par un piano qui offre délicatement une respiration là où l’espoir se perd.

Vous l’aurez compris, Cœur nous a touchés, et coulés. Si l’orage gronde et la colère déborde chez Martin Luminet, nous sommes impatients de l’entendre se déverser plus encore dans nos oreilles. Pour cela, il nous faudra survivre à l’hiver jusqu’au printemps prochain pour voir paraître un premier EP qui s’annonce viscéral.

@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@