Comment décrire un concert de PAARD. sans y avoir assisté
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
21/12/2021

Comment décrire un concert de PAARD. sans y avoir assisté

| Photo : Joris Jeursen (pour PAARD.)

La folie de PAARD. devait nous être démontrée à l’Ancienne Belgique lors d’une soirée de décembre plutôt banale. Mais il n’en fut rien. La faute à trois flocons de neige et au légendaire froid belge, unissant leur force pour mettre en pls tout un réseau ferroviaire. Nous avons donc passé notre release party de PAARD. à essayer d’arriver audit concert, jusqu’à l’abandon forcé. Mais l’album du groupe nu-jazz/broken beats/eclectic hiphop, punk dans l’âme (tout ça), est tout de même trop unique et drôle pour que l’on ne s’essaye pas à l’exercice de décrire un live auquel nous n’étions pas. 

Tout d’abord, on imagine les membres de PAARD. comme des poulains en quête de musique, et à l’humour un peu dérangé. Pas de dégénérés du jazz, donc. Wim Segers (vibraphone, claviers), Owen Perry Weston (basse) et Sigfried Burrough (batterie) seraient plutôt chill à l’arrivée de leur concert, se lançant des vannes autour d’une bière, en flamand bien sûr puisque le groupe nous vient de Gand. Peut-être une petite appréhension sur le public assis. On remerciera le régisseur intérim de la culture, le grand Covid.

 

Il est important de comprendre dans quel genre d’univers on vous emmène. On parle ici d’un son qui s’inspire des prémisses du jazz et son gout pour l’improvisation pour servir une musique éclectique qui n’a aucune limite. À ce sujet, le groupe nous disait (par écrit bien sur puisque nous n’avons pas eu la chance de les rencontrer) : “At first PAARD. started out as an impro trio, again a very jazzy thing to do… playing shows without knowing what we’d play, that’s what thrives us. As time passed we grew into a band that moulded the best of those improvised pieces into a workable shape, at least for us.” Et finissent par ce qui sera à nos yeux l’emblème de leur groupe :

There’s a lot of freedom, for all of us.

C’est d’ailleurs un des rares groupes à être leadé par un vibraphone, aka le petit jouet multicolore de notre enfance qui ressemblait vaguement à un piano, qui se joue avec des espèces de gros cotons tiges – mais version adulte. Trêve de plaisanterie, cet instrument moule vraiment le son de PAARD., il est le liant qui tient toutes les chansons de l’album, qu’elles donnent envie de se taper la tête contre un mur (Aktoof) ou de planer (DVO). On l’imagine comme la force tranquille de ce concert, la finesse qui permet aussi de ne pas rester dans un funk tapant et de lui apporter un son plus jazz.

On ne va pas vous mentir, on a vu les stories du concert. On y voit un petit cheval en plastique rouge (ndlr. paard en flamand) être hissé par un fil pendant l’intro au piano classique de DVO. C’est tout l’humour de cette formation, à la fois absurde et fascinant. Ce petit cheval a joué un grand rôle dans le devenir du groupe, il aurait en quelque sorte “neutralisé leur présence humaine” pendant les concerts et leur a donné un passe-partout pour faire ce dont ils avaient envie. Il se retrouve d’ailleurs sur la pochette de leur premier EP ZALM, dont la track Oci nous tambourine le cerveau de la plus poétique des façons (notre préférée). Attention, mal de tête libérateur assuré.

Danki, l’album dont ils faisaient la release party, s’annonce donc brutal en live. Brutal, mate. Cluster apporterait ce côté répétitif qui ne tarde pas à nous crier dessus. Stok devrait se retrouver à la fin pour laisser les gens ne pas avoir mal de tête pendant le concert, vu son drop absolument machiavélique. Pour vous donner une idée, stok ça veut dire bâton – on n’en dit pas plus. On aurait un peu de répit via des moments de flottements avec Slipstream, très introspectif et jazz, dont la ligne de basse lead avec groove et délicatesse. Maurice en serait le banger funk, premier single à être sorti d’ailleurs, à écouter en boucle pour l’effet de 10 cafés et 3 boissons énergisantes. Et Dentiste Virtuose serait la pépite rap sur laquelle on crierait n’importe quoi, ou le moment parfait pour se lever même si on n’a pas le droit.

D’ailleurs, c’est aussi un des seuls groupes de nu-jazz belge qui incorpore des paroles à sa musique. Bon, c’est en flamand donc on n’a rien compris, mais on peut vous dire que ça s’annonce satirique et que ça n’insulte aucune minorité, c’est déjà ça. Pas de rites satanistes, donc on est safe de ce côté là aussi. Bref, on aurait aimé voir ce live et sauter dans des gros pogos (c’est faux), et pouvoir vous le raconter à l’hôpital avec une commotion sévère mais aussi une grande joie d’avoir vécu ce moment extatique. Malheureusement, il faudra attendre la prochaine fois pour rencontrer ces virtuoses de l’humour et leur son complètement barge.

Qui a dit que les jazzeux ne pouvaient pas être des gros punk aussi ? Ah bah personne. Et à la question “Comment décrire un concert de PAARD. sans y avoir assisté”, la réponse est “Ben on le décrit pas”, faudra aller le voir (wink).