Comment L’Impératrice a électrisé La Madeleine
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Auteur·ice : Chloé Merckx
26/05/2022

Comment L’Impératrice a électrisé La Madeleine

Si tu n’étais pas au concert de L’Impératrice à La Madeleine jeudi passé, tu as probablement raté la soirée de l’année (ou même de ta vie). Mais ce n’est pas très grave, on va essayer de tout te raconter ici. Ça allait faire deux ans qu’on attendait ce concert, il était temps que la bande de Parisien·nes se rapplique, après trois reports, on n’en pouvait plus d’attendre. Après avoir enflammé le festival Coachella, le groupe disco pop le plus en vogue du globe est actuellement en tournée en Europe pour la promotion de son dernier album Tako Tsubo.

À 20 heures tapantes, la petite salle de La Madeleine avait presque atteint sa capacité maximale, juste à temps pour la première partie. C’est le Français Saint DX qui ouvrait le show. Le chanteur, compositeur et producteur nous a fait une prestation intime et très eighties avec sa bassiste et son batteur. C’était un peu le calme avant la tempête, car son style très posé ne nous a pas préparé au tremblement de terre qu’on allait ressentir sous nos pieds avec L’impératrice une demi-heure plus tard. Entre les deux shows, on a d’ailleurs eu droit à un mini soundcheck de 3 minutes avant qu’iels repartent enfiler leurs costumes.

Et puis l’attente se termine enfin, L’impératrice arrive dans le noir complet. Seuls les cœurs lumineux posés sur leur poitrine clignotent au rythme d’un battement de cœur qui s’accélère, au même rythme d’ailleurs que notre petit cœur quand on a vu Flore Benguigui s’approcher du micro. Et puis la musique démarre, et la foule est en délire dès qu’elle entend les premières notes de Off to the SideIels ont tout de suite enchainé avec l’incroyable Hématome, doux, funk et poétique.

Je t’ai tellement regardé sans rien dire

J’aurais pu compter tous tes atomes

J’voudrais m’en aller mais j’ai rien à fuir

J’t’ai dans la peau comme un hématome 

Dans leurs costumes rouges et orange, les six musicien·nes contrastent avec le bleu de Tako Tsubo. Iels se trémoussent somptueusement dans cette scénographie disco et colorée qui donne à chaque entité du groupe sa place et son espace, pour briller autant que les demi boules à facette pendues comme des colliers derrière eux.

Ce show diffère assez de celui donné au festival de Ronquières il y a quelques mois, joué sous un soleil de canicule qui empêchait les fans d’apprécier le set à sa juste valeur. Ce show-ci, bien plus vibrant, a transformé la salle de La Madeleine en une espèce de vaisseau spatial qui vole vers le paroxysme du fun. On a eu droit à une ambiance de boite de nuit, sans les goûts douteux d’un DJ rongé. Chaque titre a tracé un grand sourire sur les visages d’un public complètement euphorique, absorbé par les lignes de basse de Anomalie Bleue, Fou, Matahari ou encore Submarine.

Le groupe a une théorie, et Flore n’a pas manqué de nous l’expliquer. Iels pensent qu’on a tous une femme au fond de nous, et qu’il ne faut pas hésiter à la laisser un peu s’exprimer de temps en temps. Si ce n’était pas encore le cas, toute la salle s’est mise à hurler sous les ordres de notre impératrice pour enchainer avec le fameux Peur des filles. Une chanson qu’iels ont bien fait durer en nous offrant même une petite pause/pose en mode poupée qu’il faut remonter.

A partir de là, iels ne s’arrêtaient plus. Le guitariste Achille Trocellier et le batteur Tom Daveau, qui a choppé une guitare entre temps, jouaient dos contre dos avec une maitrise que les rockeur·euses leur envient, puis le bassiste David Gaugué s’est joint à eux pour effectuer une petite choré dont on ne se remet toujours pas. L’ambiance était vraiment folle et l’extase a duré jusqu’au bout. Iels ont terminé le set comme iels l’avaient commencé : avec leurs cœurs qui battent sur leur poitrine jusqu’à s’éteindre complètement. Mais on n’en avait pas eu assez, alors on a réclamé un petit shot d’adrénaline pour se remettre le cœur en marche (un rappel donc), qui s’est étendu jusqu’au petit solo de batterie de Tom, suivi du fameux Vanille Fraise, joué sur un fond de couleur… vanille et fraise. On a même eu la chance d’écouter en exclu leur nouveau titre, Flore nous a tenu en haleine en gardant son micro en main, mais les petits farceur•euses ne nous ont pas fait écouter les paroles. Après, c’était quand même sacrément cool.

Quel plaisir de voir des musicien·nes qu’on admire s’amuser sur scène autant qu’on s’amuse dans la foule. L’impératrice n’avait plus grand chose à nous prouver, on était convaincu·es d’avance que ce serait bien, mais on ne s’attendait pas à un show pareil. Il a bien fallu partir à un moment, mais les cris n’arrêtaient plus, on a cru voir des petites larmes pousser pour sortir aux coins de leurs yeux, mais on ne peut pas vous le confirmer, on n’était qu’au troisième rang. On est ressorti·es de là des paillettes dans les yeux et des bouchons dans les oreilles (bah oui on a oublié de les enlever, on voulait que ça continue). Alors certes, Bruxelles c’est pas Coachella, mais on est quand même un vachement bon public. Une fois encore, on a un peu prouvé que le peuple belge est le meilleur de toute la Gaule – à ne pas répéter trop fort !