Des rides, une cape et des rires, dans son nouveau clip Pi Ja Ma nous invite à partir à la dérive entre ami.e.s et à laisser de côté nos soucis et nos histoires d’amour enfouies.
Après la sortie de plusieurs singles éclectiques et entêtants, le duo formé par Pauline de Tarragon et Axel Concato a partagé vendredi son deuxième album Seule sous ma frange. Si le titre présage l’introspection, l’opus invite en réalité à mettre en commun nos émois et à nous rappeler que nous ne sommes pas seul.e.s. C’est également le parti pris défendu par le clip de Destination l’amour, présenté ce mercredi.
Si l’on s’en tient au récit, la ritournelle n’a rien d’optimiste. Avec ce morceau, Pauline s’adresse à celles et ceux qui ont “le coeur en sable” et qui rêvent de leurs idylles de plage. Destination l’amour prend de ce fait les allures d’un hymne à nos flirts de passage, poncif éternel et irrésistible des chansons romantiques. Alors que nous pourrions nous attendre à un morceau mélancolique, le groupe nous surprend avec un titre résolument pop et dansant. Pour tirer le fil de cette contradiction, le clip confié au talentueux Théo Leroyer assisté de Nedelko, est à son tour à contre-courant de l’intrigue et nous offre une parenthèse légère et drôle. À la solitude, s’oppose ainsi le collectif, à la plage la clameur de la ville, à l’amour déploré les rires et l’amitié.
En skate ou en caddie, cette fiction à roulettes nous fait suivre les aventures d’Hortense, Ambre, Chloé et Pauline, nous donnant envie de les rejoindre pour filer à travers Paris. Rouler dans la ville, cheveux au vent, avec son crew, ne serait-ce pas finalement la réalisation d’un fantasme adolescent ? Il s’agit pour le moins d’une passion partagée par Pauline et le réalisateur, d’où résulte par ailleurs la volonté de respecter les codes des vidéos de skate et d’utiliser ainsi un objectif fisheye.
Comme nous le confia Pauline dans une interview qui paraîtra dans quelques jours, la fiction a pris le pas sur la réalité et au-delà du jeu c’est à l’éclosion d’amitiés nouvelles que nous assistons. Au-delà de son apparente insouciance, le clip de Destination l’amour décèle une véritable profondeur. Aux manettes, Théo dont la cinéphilie est manifeste, a dissimulé de nombreuses références tout en gardant l’élégance de la discrétion. Ainsi, Destination l’amour apparaît presque comme un livre illustré dans lequel les languettes disséminées offrent à qui les perçoit de nouvelles strates de compréhension. Enfin, il semble important de saluer la dimension féministe du clip. Comme un film d’Agnès Varda, il met en scène des personnages féminins maîtresses de leur destin et de leur destinée, pour qui la rue n’a aucun secret, alors qu’originellement cet espace n’est pas pensé du côté du féminin.
À l’image de l’album, Destination l’amour signe le retour enthousiasmant d’un duo qui prend le parti de l’humour, de la légèreté et de la liberté d’explorer les genres et les registres, sans toutefois céder la profondeur de leurs productions. Seule sous ma frange est un album qui nous permet de danser, de divaguer, d’ouvrir les horizons. Nous avons par ailleurs eu le plaisir d’en discuter avec Pauline. On vous dit donc à très vite pour découvrir la suite.
Le cœur grenadine et la déclaration facile, je passe mes journées les yeux rivés sur ma platine.
