Mais quel point commun y a-t-il entre Hollywood Porn Stars, David Bartholomé et Malibu Stacy ? Tous, sans exception, ont été un jour lauréats du Concours Circuit. Un évènement qui aura, depuis ses débuts, permis l’éclosion de bon nombre d’artistes de renommée de par chez nous. Cela fait en effet maintenant 18 ans déjà que cette désormais très réputée rencontre musicale francophone se spécialise dans le dénichage des talents de demain.
Véritable vitrine de la scène musicale belge actuelle, le concours nous a encore une fois bien gâtés cette année. Comme nous vous l’avions annoncé il y a quelques jours, 5 finalistes, et non des moindres, s’affrontaient au sein des murs du Botanique hier soir.
Etant toujours à la recherche d’expériences sonores inédites chez La Vague Parallèle, il était dès lors impensable pour nous de manquer ça.
Botanique de Bruxelles, 19h30. Une pop duveteuse et légère, d’une apaisante mélancolie, délivrée par un trio piano/chant, violoncelle et percussions, nous berce paresseusement les oreilles. C’est tout en douceur que débute la soirée du Concours Circuit avec les envoûtants Forest Bath comme premier groupe en course. Porté par le spleen pur et cristallin de la chanteuse, l’ensemble est délicat, et colle résolument bien à l’ambiance intimiste de la Rotonde, où le concours a décidé de commencer les festivités. « C’est une salle que j’aime beaucoup » nous confie-elle entre deux morceaux. C’est que l’impression de proximité avec le public est toujours très forte dans cet endroit. On voit que l’audience, très silencieuse pour une salle qui s’avère finalement bien remplie, est à l’écoute du moindre son.
Un son qui à l’évidence n’est d’ailleurs pas complètement étranger aux balades au piano de cette chère Agnes Obel. Néanmoins, le groupe arrive quand même à affirmer sa propre identité et nous livre une certaine part d’originalité. On notera notamment les jolis effets d’harmonies vocales entre musiciens et le jeu particulier du violoncelliste, qui de temps à autres nous a glissé quelques séries agitées de notes atonales, presque cacophoniques, contrastant avec cette musique parfois un peu trop calme à la longue.
Le set à peine terminé, c’est à présent au tour de Maw//Sitt/Sii de démarrer, côté Orangerie cette fois. Autres instruments, autre ambiance. Guitares et synthés sont de sortie pour le coup. Dans un style post-rock et expérimental, le groupe envoie direct la sauce au gré des rythmes primitifs et effrénés des batteries, accompagnés d’hypnotiques mélodies au chant. Un ensemble aérien et éthéré, qui rappelle un peu Eels ou les compatriotes de BRNS.
Ca bouge bien sur scène, ou du moins ça à l’air, parce que l’on arrive pas à discerner grand chose finalement. Effet voulu ou pas, la lumière des spots est très faible et noyée dans la fumée, à tel point que l’on n’arrive même pas à apercevoir le batteur derrière. Les morceaux s’enchaînent, l’ensemble est pas mal planant, même si au fond ça sonne toujours un peu pareil, il faut l’avouer. Par contre, il faut admettre que les différences d’intensité sont bien gérées. Ca oscille aisément entre des sons liquides et des instants rageurs aux rythmes plus soutenus ; et ce jusqu’au 30 dernières secondes du set, où le groupe nous donne vraiment toutes ses tripes pour terminer sur une fin qui nous en aura quand même mis plein la vue.
Retour à la Rotonde pour laisser place à Mambo. En véritable ovni de cette finale, cette formation instrumentale math rock (du rock de nerds qui se complaisent dans des structures rythmiques complexes et irrégulières) aurait pu en effrayer plus d’un. Et pourtant. Les morceaux, pêchus et calibrés à la perfection, ont beau n’être qu’une succession aléatoire de rythmes, leurs mélodies, elles, sont férocement efficaces. A tel point qu’il n’a pas fallu attendre le deuxième morceau pour voir toutes les têtes du public head-banger comme en plein concert de Skrillex. Les gars sur scène, quant à eux, sont ceux qui ont jusqu’à présent l’air de s’éclater le plus. D’une nonchalance désarmante, ils se permettent même quelques blagues avec le public, et nous partagent un peu de leur humour absurde qui se retrouve jusque dans leur titres de chansons : « Merci à tous d’être là ! Le prochain morceau s’appelle Retour de Mousqueton ». Ah, d’accord, pourquoi pas.
Avant dernier groupe de la soirée, Thyself était le dernier à se produire à l’Orangerie. Offrant un rock alternatif tantôt brut et puissant, tantôt psychédélique, c’est avec grande éloquence que ceux-ci amorcent leur set, en nous plongeant dès les premières notes dans une atmosphère toute particulière et très personnelle. Introspectif, mystique, le voyage dans lequel Thyself nous enmène se construit au fil des morceaux et nous promène à travers différents ambiances et émotions fortes. Guidé par la présence et les chants charismatiques du chanteur, on se sent progressivement décoller du sol, transporté vers de lointains horizons.
Peut être était-ce l’heure idéale de chauffe du public ou tout simplement la qualité de leur prestation, mais quoi qu’il en soit, leur fin de set se termina de façon triomphale sous un tonnerre d’applaudissements, inégalé jusque là dans la soirée. Les esprits de Thom Yorke, Kurt Cobain, et Alice in Chains n’étaient définitivement pas loin.
Enfin, ce fut au tour d’Alaska Gold Rush d’entrer en piste pour clôturer ce 18ème Concours Circuit. Formé exclusivement d’un chanteur-guitariste et d’un batteur (qui s’avère être le même que Maw//Sitt//Sii, ndlr), l’heure est au minimalisme pour ce rafraîchissant projet folk-rock. Et pourtant, lorsqu’ils se mettent à jouer, l’espace sonore est prodigieusement bien rempli. Un modeste ampli Fender, une Telecaster et un simple kit batterie, et il n’en faut certainement pas plus. La machine est lancée.
En effet, à peine le set d’Alaska est-il commencé que l’on se sent instantanément transporté sur les routes des grandes plaines nord-américaines, aux côtés de Dylan ou de Kerouac et sa bande de beatniks. L’énergie est là, la poésie aussi. Les mélodies, plus catchy les unes que les autres, s’inspirent du répertoire de la folk et la country américaine pour le remettre au goût du jour. Ca danse, ça chante et ça bouge dans tous les sens. Les rythmes sont soutenus et énergiques, et le jeu de guitare frais comme une légère brise du Midwest. Mais à peine l’audience s’est elle envolée depuis 30 petites minutes que déjà arrive le morceau final ; suite à quoi le duo tire son ultime révérence et lance en partant : « le temps passe toujours vite quand on s’amuse ! ». Effectivement, mec, ça passait bien. See you later alligator !
And the winners are…
Après une heure d’attente et de délibérations, les résultats furent enfin connus, vers 0h30.
ALASKA GOLD RUSH ! Avec plus d’une dizaine de prix raflés haut la main, dont le premier prix, ils sont les lauréats de ce Concours Circuit 2014. Le deuxième prix est quant à lui attribué à Mambo.
Les détails des prix peuvent être consultés via le site de Court-Circuit ICI
Crédits photos : www.court-circuit.be
Aime les lettres, les voyages et la musique jouée à plein volume. Erre toujours bien quelque part dans une soirée garage/psych ou indé. Adepte du lo-fi et de tout ce qui agace ta mère.