Cour des Miracles : quand Bonnie Banane et Ichon parlent à nos cœurs
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
06/10/2021

Cour des Miracles : quand Bonnie Banane et Ichon parlent à nos cœurs

Sortir un morceau, ce n’est pas une mince affaire. Mais le garder pour soi l’est encore moins. L’histoire de Cour des Miracles est celle d’une urgence, d’une fièvre, même, comme Bonnie Banane l’explique dans les colonnes du média DNA de Naomi Clément. Produite par Myth Syzer et partagée avec Ichon, la track date de quelques années déjà. Leakée par l’artiste au cours d’un livestream en 2019, vouée à ne jamais paraître de façon officielle suite à des contraintes de droits sur les pistes du morceau, elle finira finalement par débarquer sur les plateformes digitales le 30 septembre dernier. Un événement qui sonne le glas d’une demande intarissable de la part de la fanbase de Bonnie, mais également le symbole d’une artiste qui regagne du terrain face à ses propriétés artistiques et créatives.

Armée de son phrasé à la fois simple et poétique, celle qui se refuse les mots compliqués – car présomptueux et pédants – vient nous caresser le cœur et le corps avec une langoureuse ballade échauffée et libidineuse. Nappes électroniques envoûtantes, mélodies sempiternelles et kicks à la sauce trap viennent constituer la base de ce petit bijou, qui voit le jour sous une forme seulement masterisée, et non pas mixée. Un détail qui ne va pas pour déplaire, rajoutant à l’ensemble un esprit lo-fi dans l’air du temps.

Se posent alors les lignes de Bonnie, qui dégaine sa plume malicieuse et son lexique affûté pour nous pondre un texte traduisant avec finesse les torrents qui dévorent de l’intérieur à la vue de l’être désiré·e. Une chanson d’amour, tout ce qu’il y a de plus basique, mais exécutée avec une telle intelligence que chaque syllabe semble ne devoir sa présence à aucune forme de hasard. L’autrice sait comment choisir ses mots et les faire danser les uns contre les autres. Et c’est là que réside la magie : Bonnie Banane tient entre ses mains l’hybride inespéré convoquant tant la mélodie coulante du R’N’B que la minutie textuelle de la chanson française. Une drôle de chimère qu’elle exploitait déjà brillamment sur son dernier album Sexy Planet en novembre dernier.

Tu m’encercles de tes bras
Puis tu caresses mes doigts
Quand vas-tu enlever mon corsage ?
Vas-y chuchote ’baby, you’re so fine’

 

À souligner également : la présence d’Ichon qui nous gratifie de son flow impeccable se mêlant avec alchimie aux couplets et aux refrains de Bonnie. Les deux artistes n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai, en témoigne l’excellent Le Code qu’iels se partageaient déjà en 2017. Comme le confie la chanteuse, c’est d’ailleurs lors de la même session que les deux morceaux auraient été enregistrés. Et c’est ce qu’on appelle une excellente journée en studio.

 

Et si la route a été longue pour qu’elle puisse trouver le moyen de contourner les égos surdimensionnés à l’origine d’une certaine forme de musellement qui ne dit pas son nom, Bonnie Banane prouve que l’urgence de transmettre son art prévaut sur tout le reste. Et en profite pour faire passer un message : “Envoyez les pistes, bande de chacals.”

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