(Découverte) A CORPS et à cri
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Auteur·ice : Charles Gallet
24/01/2019

(Découverte) A CORPS et à cri

2018 dans le rétroviseur toujours. Il y a quelques jours, on est allé faire un tour à La Maroquinerie pour la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges. Si on a eu la confirmation que Jaune était un poète aux ambiances superbes et que Hervé était surement la future pépite de la pop française, on est aussi surtout tomber sur deux loustiques qu’on n’avait pas vu venir et qui nous on laissé K.O . Aujourd’hui on vous parle de Corps.

Mais que faisaient-ils dans la sélection chanson ? Lorsque les lumières se rallument après les trente minutes de CORPS, c’est la première question qui nous vient à l’esprit. Trente minutes, c’est le temps qu’il aura fallu à CORPS pour mettre tout le monde d’accord grâce à un set d’une brutalité et d’une noirceur absolue. On ne s’y attendait pas, la surprise fut belle et puissante. Et si la question s’est posée sur le moment, après réflexion, elle n’a pas à exister plus que ça. Oui, le duo fait de la chanson française puisqu’il utilise les mots comme des armes pour les rendre tranchants et percutants. Ils explosent les codes d’un genre bourré de clichés pour l’éclairer d’une modernité bienvenue et nécessaire pour un courant souvent sous estimé mais toujours nécessaire. Cette conclusion nous vient après l’écoute répétée des quatre titres qui composent leur premier EP A corps.

Noire comme le jais, la musique de CORPS se fond dans la nuit sombre et froide. A l’image de l’époque, elle n’est pas des plus joyeuses, elle est brutale, intense et tendue. Elle est fatalement physique, intimement sexuelle – on ne s’appelle pas CORPS pour rien – et frappe fort dans ses arrangements comme dans les mots. A la manière d’un Perez, le duo utilise les intonations électroniques pour offrir une sorte de néo-chanson française aussi proche de la rave que de la cold wave, En quatre titres, ils tissent la toile d’un univers aussi surréaliste que poétique, toujours proche du désenchantement et de ce que l’époque nous amène.

Il y a tout d’abord Perdu et sa rythmique martiale, cette voix presque désabusée qui parle plus qu’elle ne chante, qui scande et qui anesthésie. Cette sensation se voit renforcée avec A Corps, plus atmosphérique musicalement, dans laquelle c’est le texte et la voix qui donnent le rythme et hypnotisent, nous happent et nous cognent : un uppercut qui nous assomme et nous fait tanguer. Divin est pleine de cette férocité des hommes qui mordent et frappent avant de parler, qui s’imposent par leur corps avant de trancher avec les mots. Chanson la plus calme de l’EP, elle gagne en tension et en intensité dans le live, qui n’hésite pas à étirer les titres pour en renforcer les ambiances. Tordu finit de nous achever de par sa beauté vénéneuse, cette sensation de poison qui s’insuffle en nous pour ne pas nous quitter. A cor et à cri, CORPS nous aura donc retourné la tête et se place déjà comme un groupe qu’on n’a pas fini de suivre. Leur nom est facile à retenir, ne l’oubliez pas.

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