(Découverte) Okay Monday à pleine vitesse
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Auteur·ice : Charles Gallet
07/01/2018

(Découverte) Okay Monday à pleine vitesse

Lorsque l’on est un jeune groupe français et qu’on décide de faire de la power pop, on prend un risque certain, ce genre musical étant à la fois méconnu et mésestimé dans le pays de Molière, pour des raisons qui nous échappent d’ailleurs, grand fan de Weezer que nous sommes.

Et quand on pousse le bouchon jusqu’à saupoudrer ses lyrics de fantasmes américains à base de ballades en décapotable, de bal de promo et d’amourettes rétros, la pente qui était déjà glissante devient carrément casse-gueule. Un long chemin de croix s’annonce et surtout, on est souvent pas loin du pastiche, voire du mauvais goût.

Et pourtant des petits miracles existent, des miracles réjouissants qui dès les premières secondes d’une chanson, alors que celles-ci ont à peine effleuré nos tympans, le cerveau fait tilt et nous envoie des ondes pour nous dire “mets plus fort mec, c’est du tout bon“. Ce genre de pulsion, on est certains que comme nous, vous la ressentirez en écoutant I Love You Keep Drivingle premier album des Lillois Okay Monday.

Efficacité, c’est le mot qui semble le mieux définir leur musique. Pas de fioritures inutiles, pas d’excès de zèle dans les compositions, le groupe joue à l’épure : une guitare, une basse, une batterie, le tout guidé par la voix androgyne d’Aurélien : chaque chanson est une balle musicale qui atteint aisément sa cible.

Cette ligne directrice se caractérise aussi par des chansons au format assez court, exception faite des ballades Baby I’m A Rocket et Queen Of The Prom, le reste des titres ne dépasse pas, ou de très peu, les 3 minutes.  Cela donne un album condensé, direct et puissant, et nous donne assez facilement l’envie de pousser le bouton lecture pour une nouvelle écoute.

Leur musique joue aussi le rôle de machine temporelle, nous renvoyant dans cette image de l’Amérique 90’s qui a bercé notre adolescence, de Buffy à Beverly Hills. A l’écoute de morceaux comme Follow The Recipe, Maybe ou I Love You Keep Driving, on s’imagine aisément à l’arrière d’un lycée américain, fumant une cigarette en cachette et maudissant Brenda de nous avoir brisé le cœur en laissant un mot dans notre casier. Sur Queen Of The Prom, on se retrouve directement au bal du lycée, les bras de Brenda autour du cou, qu’on a réussi à reconquérir après de nombreuses péripéties à base de vampires, d’aliens ou simplement de voyous qui l’auraient éloignée de notre amour incandescent (là on vous laisse choisir votre histoire personnelle, dictée par la série qui aura le plus influencé votre jeunesse).

En 11 chansons qui nous offrent 30 minutes de musique à la fois référencée et jouissive, Okay Monday nous rappelle avec un plaisir non dissimulé pourquoi on a aimé, on aime et on aimera la power pop. Parce que ce genre de musique nous rappellera toujours notre adolescence et fera monter le curseur du fantasme américain et du rêve. On dit souvent que nul n’est prophète en son pays, mais on espère qu’avec un album de la qualité d’I Love You Keep Driving, le trio lillois trouvera son public. Nous en tout cas, on est conquis.