|Photos : Melissa Fauve pour La Vague Parallèle
Sortez les extincteurs… Voir le groupe punk américain Destroy Boys sur scène, ça donne des envies de brûler le vieux monde. Récit d’une soirée politique et inspirante, sur fond de musique riot grrrl très énervée.
Une foule tout en noir, une lumière tamisée, un rideau rouge en fond de scène. L’ambiance est posée pour un concert bien remuant avec Destroy Boys, groupe punk rock américain formé par Alexia Roditis (chant) et Violet Mayugba (guitare, chœurs) en 2015. Aujourd’hui, iels sont accompagné·es par Narsai Malik à la batterie et David Orozco à la basse. Iels sont venu·es pour foutre le feu à l’Orangerie au Botanique.
Quelques minutes avant l’entrée en scène des Destroy Boys, une voix résonne : deux membres de Comac ont été invité·es par le groupe pour passer un message politique, appelant à soutenir la Palestine, à s’opposer à Trump et au gouvernement belge en motivant la foule à prendre la rue. Le ton est donné : musique et politique résonnent en harmonie.
La tension monte dans la foule qui scandait la libération de la Palestine. Un larsen de guitare fend l’air, les lumières plongent la salle dans le noir complet puis, un projecteur braque son faisceau sur la toile rouge ornant le derrière de la scène, floqué du logo du groupe. “Hello le Botanique.” Début des hostilités !
© Melissa Fauve
Shadow explose au sein de l’Orangerie mais on peine à entendre la voix d’Alexia Roditis, prise d’assaut des guitares. Peu importe, l’énergie est là. Suivie sans pause par Crybaby, où Alexia arpente la scène, le regard malicieux. Le public dans la poche, iel l’incite à taper dans leur mains sur le refrain.
On note un détail un peu random : une mini-plante semble pousser de la tête du bassiste. Avant de lancer Drink, Alexia prend un moment pour s’adresser au public (en français !) : “Comment allez-vous ? Ça va ? Nous sommes Destroy Boys.” Un message safe space suit : “Prenez soin de vous, dites au staff si vous avez un problème.”
© Melissa Fauve
Take care of yourself, we are here to have fun, dance around! So move your body! Nobody is looking at you!
Sur Plucked, le public reprend le refrain en chœur. L’ambiance est électrique, amplifiée par les lumières rouge sang qui plongent la salle dans une intensité dramatique. Le groupe puise ensuite dans Sorry Mom pour un deep cut inattendu, K Street Walker, pendant lequel Alexia fixe la foule avec un regard quasi-maniaque.
“This next song is dedicated to the girls, the gays and the theys.” L’annonce est accueillie par un tonnerre d’applaudissement avant que les premières notes de Vixen ne retentissent. Suit Bad Guy, chanson sexy et stridente, avant que Violet ne prenne le lead pour Should’ve Been Me. C’est court, trop court, mais explosif et elle enchaîne sur Muzzle pendant laquelle chacune de ses paroles dégouline de rage.
© Melissa Fauve
Sur Amor Divino, changement de registre : Alexia revient au chant, en espagnol cette fois : “I dedicate this song to anybody who still believes in the power of love.” Assis·e sur un baffle, voix réverbérée, iel semble chanter depuis une autre dimension avec un falsetto sublime, le temps est suspendu.
Avant d’interpréter Boyfeel, Alexia interroge : “Y a-t-il des trans ou des personnes gender non-conforming, ici ?” Iel poursuit avec un discours politique, dénonçant la situation des personnes queers aux États-Unis, et fustigeant l’hétéropatriarcat raciste. La salle répond avec hargne et puissance. “Fuck le patriarcat blanc !” C’est une vague de queer joy qui déferle sur les paroles du titre.
So many things that I’d like to change
But I don’t mind if I stay thе same
Maybe I’m a fag instead of a dykе
Or maybe I’m both at the same time
Avant Fences, une petite activité est proposée à la foule : crier. Facile, pour le public qui ne demande que ça. Le morceau démarre sur un riff assassin et un super ultra giga mosh-pit éclate. Tout le monde saute, l’énergie est folle.
Une fois n’est pas coutume, lae chanteur·se reprend le temps d’un discours politique, en appelant à l’action : “We have the power” Inspirant·e, galvanisant·e, Alexia nous promet qu’on a le pouvoir de changer les choses et que c’est le meilleur moment pour s’engager politiquement. Pourvu qu’on lae croise en manif !
Puis, le clou du spectacle, le groupe lance le très apprécié You Hear Yes, mais notre excitation est telle que les détails nous manquent. On est pris·e dans la vague. On crie, on saute et on jubile devant cette hymne féministe ultra vénère. Puis les membres de Destroy Boys se font la malle : fin du show?
© Melissa Fauve
WE WANT MORE!
Après un rappel extrêmement convaincant du public, complètement séduit, Alexia revient pour Piedmont, seul·e à la guitare. Le titre est doux et brut à la fois, sa voix, douce et parfois noyée, clashe avec l’abrasivité de sa guitare. Après, le quatre membres lae rejoignent pour un dernier coup de grâce avec I Threw Glass at My Friend’s Eyes, qui clôt un concert incandescent.
© Melissa Fauve
Alors la salle se vide, les spectateur·ices ont le sourire aux lèvres, les étoiles plein les yeux et des idées plein la tête. Vive le punk rock, vive la rébellion.
du genre à twerker sur du Phoebe Bridgers