DIIV : “On voulait un son plus heavy et plus rock cette fois”
"
Auteur·ice : Chloé Lahir
02/03/2020

DIIV : “On voulait un son plus heavy et plus rock cette fois”

Vous n’êtes pas sans savoir que DIIV a sorti son dernier album, Deceiver, en octobre dernier, un disque à la hauteur de nos attentes ! Pour l’occasion, on a rencontré Zachary Cole Smith et Colin Caulfield, chanteur et bassiste respectifs du mythique groupe de shoegaze au Ground Zero afin de parler de ce nouvel opus qui en dit long sur leur parcours. Retour sur ce merveilleux album en ce jour particulier d’unique date française qui se tiendra ce soir à la Gaité Lyrique !

La Vague Parallèle : Thank you for having us ! On aimerait parler avec vous de votre dernier album, Deceiver, qui est sorti le 4 octobre dernier. C’est un album qui se distingue des précédents, vous avez adopté une nouvelle méthode de travail en faisant appel à un producteur extérieur, Sonny Diperri, qu’est-ce qui vous a donné cette envie ?

Colin : Il y a différentes circonstances qui font que l’approche est nouvelle. La première est le fait de collaborer ensemble en tant que groupe avec les quatre membres. On a passé beaucoup de temps ensemble dans une pièce pour travailler les chansons mais à un certain point, on peut aller trop loin sans réussir à boucler les titres. Avoir Sonny à nos côtés est un bon élément pour vérifier si nos idées fonctionnent, apporter un point de vue extérieur. On voulait avoir un son plus heavy et plus rock cette fois, c’est pourquoi on a eu l’idée d’enregistrer des choses en live, on n’avait jamais fait ça avant ! Ça faisait donc sens, on avait besoin de quelqu’un avec qui travailler, avec qui faire des enregistrements que l’on aime. Sonny travaille avec beaucoup de groupes que l’on aime comme Nine Inch Nails, My Bloody Valentine et avec des producteurs d’autres groupes comme Jesus And The Mary Chains, Samshing Pumpkins, il est donc venu avec une certaine esthétique musicale et beaucoup de techniques d’enregistrement que l’on ne connaissait pas ! Il y a certaines techniques et certains sons que l’on voulait vraiment pour cet album.

Cole : Il faut dire qu’on a beaucoup appris ensemble, via le groupe en composant, jouant mais on a surtout appris énormément de Sonny !

LVP : Que voulez vous dire par un son plus heavy ?

Colin : On avait une idée de la touche heavy qu’on souhaitait maintenant, qui était plus gentille sur les albums précédents. Sonny nous a vraiment aidés à exécuter nos envies, il sait choisir les couches, les guitares, les ondes pour que les morceaux sonnent bien.

Cole : On avait les titres mais il nous a aidés à les mettre en forme : comment doubler les guitares d’une certaine façon pour avoir la meilleure dynamique, pour avoir ce son heavy. Les guitares sont des instruments étranges qui prennent beaucoup d’espace (spectre sonore), il faut avoir beaucoup de connaissances pour les faire sonner heavy sans prendre trop de place dans ce spectre sonore avec les autres instruments.

Colin : Je pense qu’on a voulu mettre beaucoup d’idées dans les précédents enregistrements. On enregistrait souvent plusieurs guitares pour obtenir le son qu’on voulait et Sonny nous a appris à l’obtenir en une seule guitare. Cela peut être plus fort et plus dynamique.

LVP : Cet album est le fruit d’un travail de groupe. Comment l’ensemble du groupe intervient dans les compositions ? 

Colin : On amène des démos avec des idées simples, chants, mélodies, puis on travaille ensuite dessus avec le groupe. Ce n’est jamais par exemple Cole ou moi qui ramenons la chanson finie et le reste du groupe qui l’apprend. On travaille vraiment les morceaux étape par étape. On travaille les instrumentales et les mélodies ensemble et Cole écrit les paroles. Chacun apporte un plus.

LVP : Cole, tu écris donc tout seul les paroles ? 

Cole : La plupart oui, il y a des lignes où j’avais du mal, où le groupe me faisait des recommandations sur ce que je pouvais dire ou comment je pouvais le dire, si c’était mauvais ou bon (Colin : Rarement bon (rire)). C’est vraiment une collaboration, si je trouve les paroles seul, je les fais approuver au groupe et j’en discute avec eux.

LVP : Dans cet album justement tu parles beaucoup de tes expériences personnelles, on retrouve souvent le sujet de la peine, la guérison … Est-ce que l’écriture de cet album a été une sorte de thérapie pour toi ?

Cole : Dans un certain sens oui … J’ai déjà fait tout ce qui était autour de la “thérapie”, c’est plus une manière de digérer les idées pour qu’elles prennent la forme de chansons. Peut-être que dans un sens c’est thérapeutique, mais j’ai essayé de résoudre ces problèmes avant de commencer l’album.

 

LVP : Finalement les titres qui composent l’album sont déjà connus de votre public puisque vous avez déjà joué ces morceaux en concert avant l’enregistrement ! Comment le live a influencé les arrangements de vos morceaux ? 

Colin : Je pense qu’il y a deux facteurs. Jouer des chansons devant un public aide beaucoup car tu peux voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Nous jouons devant des gens et ce n’est pas très grave s’ils n’aiment pas les titres tant que nous les aimons, mais ça aide de voir comment la foule réagit. Le deuxième facteur est le fait de faire des tournée avec Deafheaven. C’était top d’être avec eux en tournée pour travailler les titres, on cherchait quelque chose de plus heavy donc c’était top de pouvoir en parler avec eux étant donné qu’ils forment vraiment un bon groupe de heavy metal !

LVP : Comment s’est fait l’enregistrement après ça ?

Colin : On n’a pas enregistré directement après ça, on a travaillé trois mois de plus sur les chansons. Je pense qu’on avait environ la moitié des chansons pendant la tournée et on a écrit l’autre moitié en rentrant, en s’inspirant de l’expérience vécue durant cette tournée. Les nouvelles chansons étaient plus travaillées, donc il fallait retravailler les anciennes pour les mettre au même niveau, on a appris tellement avec ce processus.

LVP : Donc quelle est la meilleure façon de composer pour vous ? De jouer les chansons avant ? 

Cole : Ce n’était pas la meilleure idée pour la tournée, d’être en tournée et de finir les titres en même temps, mais c’est une expérience enrichissante parce que parfois on enregistre une chanson puis on la joue en live et finalement on se dit “putain j’aurais aimé qu’elle sonne différemment mais elle est déjà enregistrée” et c’est tellement bien de prendre son temps en tant que groupe et se sentir bien en jouant des chansons lentes, ou des chansons longues.

Colin : Les chansons ne sont jamais parfaites, elles sont faites… mais les jouer permet de pouvoir les tester ! On teste le fait de la jouer ensemble, on teste le fait de la jouer au public et cela aide vraiment dans le process.

LVP : Vous avez toujours suivi Sonny dans ses conseils ?

Cole : On réfléchissait simplement à ce qu’il disait, il ajoutait une nouvelle voix dans les discussions et la plupart du temps on finissait par se dire qu’il avait raison !

Colin : Il est très sélectif, toutes les dix minutes il nous disait qu’on devait plutôt faire ceci ou cela… Il donnait toujours des suggestions interessantes. 

LVP : Qu’est-ce qui a changé pour vous en terme de son sur ce nouvel album ?

Cole : La chose la plus significative a été d’essayer d’écrire des chansons bien trouvées, plus complexes et mieux travaillées. Des titres qui peuvent être forts musicalement séparément sans rajouter des effets dans la prod. Le son DIIV est un son qui flotte, un son étrange ! On essaye de faire les chansons d’abord et ensuite de se les approprier, elles sonneront DIIV par le fait que nous en sommes les créateurs.

Colin : Je pense que pour que ça sonne DIIV les guitares doivent avoir du delay, la basse doit avoir du chorus … ces différentes idées d’effets. Avec les nouveaux titres, on a retiré ces effets et rajouté de la distorsion et des accords, on a quand même réussi à faire des titres qui sonnent DIIV, à garder une certaine cohérence.

Cole : Oui au début on pensait que le son DIIV était lié aux effets. C’est pareil quand on écoutait des sons d’autres références, on se disait “c’est cet effet qui fait le son du groupe” et finalement on ré-écoute attentivement et on se trompe totalement. Qu’est-ce qui fait qu’une sonorité fait penser à un groupe ? C’est une réponse plus complexe que simplement les effets. Il y a une interaction entre plein d’éléments différents, on ne peut pas juste pointer un effet et se dire que c’est la clé/le secret d’un son/groupe. On a réalisé que ce n’est pas possible de reproduire le son à l’identique d’un groupe, par contre il est possible de piquer des éléments et de se les approprier pour améliorer ces sons.

LVP : Quelles sont vos influences en terme de groupes ?

Colin : On a beaucoup d’influences très différentes, en passant par le slowcore avec Bedhead, Duster, des influences shoegaze comme Slowdive, My Bloody Valentine, Beach House aussi un peu, des chanteurs comme Eliott Smith, Big Thief, d’autres influences rock comme Smashing Pumkins…Chaque référence a un élément cool comme des sons de guitare ou le feeling du morceau. On ne veut pas écouter qu’un type de musique, on essaie de prendre un peu de tout !

LVP : Dans l’autre sens, je pense que vous êtes une référence pour beaucoup de groupes ? En France c’est le cas.

Cole : Je pense que le son de nos anciens albums ressemble à ce que font d’autres groupes, c’est pour cela que l’on essaie de se réinventer. On essaie de trouver un moyen de rester DIIV tout en faisant de nouvelles choses !

Colin : On planifie beaucoup, il y a beaucoup de choses qu’on aimerait faire ! (rire)

LVP : Que pensez-vous du public français ? 

Cole : On a joué seulement à Paris mais les concerts ont toujours été cool, on aime beaucoup les parisiens, ils sont sympas ! (rire)

Colin : C’est différent de Londres ou d’autres villes, les français sont très cool, particulièrement les jeunes fans à Paris, ils sont un peu excités ! (rire)

LVP : Est-ce que vous écoutez des groupes français ? 

Cole : Pas récemment, les groupe français sont malheureusement moins exposés que les américains !

LVP : Une découverte récente à partager ? 

Colin : On aime beaucoup Chastity, un nouveau groupe qui vient du Canada, avec qui on fait quelques dates sur la tournée ! C’est un groupe intéressant, avec des albums concepts, beaucoup de détails, des paroles travaillées …

Cole : Filmmaker vraiment cool ! C’est une sorte de mélange minimal instrumental, de dark wave, krautrock … qui ressemble un peu à du Softmoon !

Tags: Deceiver | DIIV
@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@