Stamina : endurance, résistance, persévérance. Après l’album de l’insouciance et l’album de la réflexion, Dinos trouve un second souffle en sortant Stamina. Toujours fidèle à lui-même, le rappeur de la Courneuve nous livre un troisième album rempli de nostalgie, d’émotions et de pépites auditives.
On dit souvent qu’il est difficile de rester au niveau au fil des années, au fil des albums. Parce qu’un artiste change, parce qu’un artiste vit, parce qu’un artiste évolue. L’évolution fait partie du processus de création chez Dinos et est clairement synonyme d’amélioration. Pour ce nouvel album, Dinos voulait s’entourer des meilleurs. Bien qu’il n’ait rien dévoilé à l’avance, c’est bel et bien un casting digne d’une production hollywoodienne que l’on retrouve sur le disque. Nekfeu, Da Uzi, Tayc, Leto, Zefor, Zikxo et Laylow sont les invités de Stamina. Une équipe polyvalente et qui se complète à merveille au fil de l’album.
Une plume intacte
L’album commence sur une instrumentale boom-bap où Dinos en profite pour distiller des premières punchlines fortes et pour annoncer la couleur de l’album. Non, il ne va pas arrêter d’être nostalgique, et oui il a réussi, malgré les difficultés et galères qu’il a dû traverser. « J’ai pas la conscience tranquille mais j’ai les poches pleines ». La notion de réussite accompagne l’artiste sur tout le projet. Il ne s’en cache pas et le revendique fièrement.
Moins un est le deuxième son de l’album, où le rappeur des 4000 combine en une-deux avec Nekfeu, sept ans après leur dernière collaboration. Un morceau efficace et inattendu qui n’avait, comme tous les autres featurings, pas été annoncé à l’avance. Comme si Dinos voulait qu’on fasse abstraction de cela et qu’on l’écoute d’abord pour sa musique. C’est réussi a priori, vu le démarrage canon réalisé sur les plateformes, grâce notamment à une promo toujours aussi rodée.
« Seulement le travail, zéro chance »
Après avoir récemment obtenu son disque d’or pour Taciturne ainsi que le premier single d’or de sa carrière avec Placebo, Jules Jomby revient de loin. Même si le rappeur a toujours eu une fanbase solide, il peinait à toucher une plus grande audience. 2020 est l’année qui a vu plusieurs rappeurs « niche » arriver à toucher un plus large public, comme Laylow avec son chef d’œuvre Trinity ou encore Freeze Corleone avec LMF. Au tour maintenant de Dinos de se placer dans les meilleurs rappeurs français, en termes de chiffres en tout cas, car vu le niveau qu’il arrive à garder au fil du temps, il faisait déjà partie des meilleurs du game.
S’il y a bien quelque chose qui n’a pas changé chez Dinos, c’est sa façon de rapper ses relations amoureuses, l’amour envers ses proches et notamment celui qu’il porte à sa maman. L’amour, la nostalgie, la réussite et le respect sont les émotions et thèmes centraux de l’album. « Et bébé, avant d’fouiller mon phone pour r’garder mes messages. Rappelle-toi que c’que tu n’sais pas, n’peut pas te faire de mal ».
Drill, le passage obligé
Évidemment, il est impossible en 2020 de sortir un album de rap sans mettre un morceau drill. At least on aura attendu le dixième morceau pour l’entendre. Ceci dit, Corbillard rentre très bien dans l’univers de l’album et prend même des airs d’interlude. Les influences drill sont présentes à différents endroits sur le projet, mais restent très discrètes.
Le rappeur du 93 nous livre un album hyper pointu, calibré et cohérent. Cohérence qu’il n’a pas toujours eue sur ses projets précédents. Il passe à nouveau un cap avec « le meilleur projet de sa carrière ». Avec Stamina, Dinos prouve que « le rap n’est ni une fin ni un sprint, mais une course de fond ». Avec Stamina, il prouve qu’il est l’un des meilleurs poètes de France. Avec Stamina, il rap qu’il n’a plus rien à prouver.
Culture musicale inexistante car, pour certains, le rap n’en fait pas partie.
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