Direction la Kabylifornie avec Bagarre
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Auteur·ice : Charles Gallet
09/04/2019

Direction la Kabylifornie avec Bagarre

Mine de rien, Club 12345 a déjà plus d’un an. On avait pas vu le temps passer et on avait pas forcément vu Bagarre partir puisqu’ils ont  toujours été plus ou moins présent dans notre actualité tout au long de cette année ponctuée de concerts épiques de Solidays à Pitchfork en passant par l’énorme tarte des Nuits Secrètes. Alors qu’ils viennent de nous mettre à nouveau à terre avec leur set monstrueux aux Paradis Artificiels, le quintette est de retour avec un nouveau titre Kabylifornie, qui risque une nouvelle fois d’en surprendre plus d’un.

Ce qu’on a toujours aimé chez Bagarre, c’est cette volonté de surprendre et de ne jamais se baser sur ses acquis. Une volonté de recherche et d’exploration qui fait que Club 12345 ne ressemblait en rien à Musique de Club qui lui-même ne ressemblait en rien à Bonsoir, nous sommes Bagarre.  Et si ces titres aussi divers se relient si bien en live c’est qu’ils sont portés par une volonté de mélange et de liberté qui sont au final les lignes directrices de leur musique.
Aujourd’hui Bagarre franchit une nouvelle ligne, pousse le curseur encore plus loin avec Kabylifornie. Une nouvelle fois, il faut mettre le titre dans le contexte de l’époque. Et autant dire que l’époque actuelle est bien merdique, on ne voit pas d’autre mot puisqu’on voit pousser un peu partout en Europe, et en France, des populismes nauséabonds, de ceux qui préfèrent montrer du doigt ce qui nous peut nous diviser plutôt que d’embrasser ce qui nous rassemble. Au milieu de ce tas d’excréments apparait donc Kabylifornie, comme une cure nécessaire à ce marasme, une réponse brillante et entêtante aux saloperies qu’on voudrait nous faire avaler. Oui la mixité culturelle existe, oui on peut vivre avec deux cultures différentes et les faire se marier avec aisance, oui on peut mélanger les genres et les faire cohabiter avec harmonie, qu’ils soient religieux, musicaux ou stylistique. Ce titre de Bagarre, c’est un peu tout ça, c’est du politique à la cool comme toujours, faire passer un message tout en divertissant. Ouvrir les horizons, défoncer les barrières qu’elles soient mentales ou sociétales. Comme d’habitude avec le quintette, c’est la première personne qui prime, le je qui raconte des histoires pour parler de nous. Mais, et c’est une première chez eux, le titre est ici tellement personnel que celui derrière le micro se fait définitivement acteur de sa chanson. Mus se dévoile ainsi plus que jamais, pour ce mélange explosif entre influences punk, phrasé rap, pulsation électronique et émotions orientales. C’est sa vie qu’il met sur la table, son histoire et sa personne, une mise à nue aussi poétique qu’efficace, qui ouvre un nouveau champ des possibles pour un groupe qui cherche plus que jamais à se remettre en question.
La vidéo se fait écho de ces brassages, de ces mélanges et de cet amour et de cette vibration personnelle et autobiographique. Réalisée par Pictures and Motion Studio le clip place son action dans cette double culture, pour une ballade en skate entre les rues d’Alger, Tizi Ouzo et la cité Curial. Entre ces barres d’immeubles futuristes, ces plaines et ces rues ensoleillées, vous pourrez aussi voir passer la présence squelettique de Vladimir Cauchemar qui co-produit le titre. Le mot de la fin, on le laisse à Mus pour une phrase qui pour nous définit clairement Kabylifornie : “Entre la France et l’Algérie, il n’y a qu’un ollie“.

 

 

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