| Photos : NK pour La Vague parallèle
On n’a pas encore fini de vous parler de la 9ème édition de la Tournée des iNOUïS du Printemps de Bourges. Et on n’a pas envie d’arrêter. Pour tous·tes les acteur·ices impliqué·es, cette tournée est un condensé de belles rencontres, d’expériences humaines, de veillées jusqu’à pas d’heure, de bonne bouffe, de fous rires et bien plus. On a fait un petit arrêt à Villeurbanne pour écouter les récits de BRIQUE ARGENT et Demain Rapides qui ont partagé ces quelques jours mémorables ensemble, au bord d’un tourbus sillonnant la France, puis apprécier leur performance sur scène.
Juste avant le début des concerts, alors qu’on sentait les jours froids arriver, on s’est réfugié·es à l’intérieur du tourbus des iNOUïS aux côtés de BRIQUE ARGENT et Demain Rapides. En les écoutant, on pouvait les projeter dans ce bus en train de construire des souvenirs qui marqueront leur carrière.
La Vague Parallèle : À quel moment vous vous êtes rencontrés ?
Demain Rapides : J’étais dans mon bungalow à Bourges, j’ai installé Tinder, j’ai scrollé, je suis tombé sur BRIQUE et on a matché. On a discuté puis on s’est rencontrés près des douches.
BRIQUE ARGENT : C’est exactement comme ça que ça s’est passé. Puis on s’est dit “vas-y on se prend un tourbus pour deux”. On a mis chacun un gros billet et c’est une belle histoire d’amour.
LVP : Et vous êtes partis faire un tour de France ?
D : Un tour du monde, c’est un bus magique.
B : Mais si on est vraiment premier degré, on s’est rencontrés à Bourges.
D : C’était durant la semaine de formation. À la cafète, BRIQUE était en train de manger. Il était assis, attablé avec son petit plat. Il était là, capuché. Et à un moment donné j’ai fait “tu veux qu’on mange ensemble ?” C’est à ce moment-là que je lui ai vraiment parlé. Comme quoi la nourriture rassemble. C’était vachement bon en plus ! Vous pouvez les citer : Little Big Catering. Ils étaient forts !
LVP : Ça nous plaît de voir cette complicité entre vous ! Est-ce que vous sauriez décrire chacun la musique de l’autre avec vos propres mots ?
D : Je commence ? Chrome, tuning, fantasme. Je cite tous ses mots-clés. Le référencement Spotify, je peux le faire pour lui ! Non, je vais donner ma vision et ma sensibilité. Je dirais gros sound design, gros univers cinématographique. Selon moi, BRIQUE est un peu une sorte de scénariste, réalisateur de sa musique. C’est des films audibles et expérimentaux avec beaucoup d’intensité et beaucoup de nuances, mais qui n’ont pas peur de fricoter avec le blockbuster non plus.
B : Mais t’es trop fort ! Sur Demain Rapides je vais surtout parler du live. Ce qui m’a frappé c’est vraiment l’écriture et l’intensité, notamment dans les moments parlés. C’est des montées en puissance qui montent, qui montent, qui montent. On se demande quand est-ce que ça va s’arrêter et ça ne s’arrête pas jusqu’à une explosion, jusqu’à ce que ça s’arrête complètement. Sur scène, ça danse, il arrive à captiver. Mais en vrai, le numéro 1 c’est le charisme, le regard. Il y a un vrai bail et ça se ressent dans la musique, dans son visage, dans sa façon de regarder les gens.
LVP : On a hâte de voir ça après ! Et c’est quoi votre journée-type en tournée ? Apparemment hier vous avez dormi à 5 heures du mat’ ?
D : C’est à cause de la playlist ! On a un DJ incroyable à bord qui est mon ingé son. Il nous a fait vibrer un peu toute la nuit. Et après, il nous a malheureusement laissé le contrôle, il y a eu dérapage. On est parti·es du côté d’Ameno de ERA, on est rentré·es dans une communion spirituelle assez incroyable. Les âmes se sont connectées et on a formé un tout jusqu’à 5 heures du matin.
B : Mais on se couche tard parce qu’on veut profiter de ça. On se lève vers 11 heures, petit repas. C’est souvent les moments de repas et les balances qui timent la journée et ensuite chacun fait ses bails. Il y en a qui préfèrent se reposer dans le bus, d’autres dans les loges, d’autres qui se posent dehors pour discuter.
D : C’est très aérien. Il y a de la répétition mais qui n’affecte personne. C’est de la bonne répétition. On est dans un cadre assez incroyable et je nous souhaite de l’avoir plus tard. On finit à 5 heures du mat’ non pas parce qu’on est des mauvais élèves, c’est juste qu’il y a une sorte d’intensité, d’énergie électrique qui nous prend. On est tous·tes trop bien ensemble, du coup on ne se couche pas et nos voix après, elles nous détestent.
LVP : Et comment vous faites pour gérer la fatigue, la santé ?
B : Pas le choix, il faut être hyper rigoureux. Je suis plutôt un fumeur à la base mais là je fume très peu. L’objectif de cette tournée c’est quand même de faire une date chaque soir et de faire kiffer les gens donc il faut bien faire notre taf.
D : Ça donne une sorte d’apprentissage aussi, de rigueur personnelle. À un moment donné, si tu veux aller plus loin dans la musique, savoir gérer ta voix et ton capital fatigue c’est la base. C’est une passion la musique, mais ça devient un métier pour nous. Et il faut qu’on le voit aussi comme un taf. Ce soir on dort tôt !
B : Mais ça n’arrivera pas !
LVP : C’est votre troisième soir d’affilée, non ? Et en plus vous avez partagé une scène au Printemps de Bourges et au MaMA. Est-ce que maintenant on peut dire que vous connaissez par cœur le set de l’autre ?
D : Je ne dirais pas parce qu’il évolue fort.
B : C’est difficile de se voir. S’il passe avant, j’aime bien avoir ma demi-heure pour échauffer la voix, me mettre en condition, du coup je loupe la moitié du concert. Et quand c’est après, on a des interviews ou des gens qui viennent nous voir.
D : En fait dans ce genre de dispositif, on rate peut-être l’artiste mais on rencontre l’humain. En tourbus, certes on rate toutes les parties de concert, mais on a toutes les parties de vie qui sont primordiales et plus importantes. Vous voyez ce qui se passe sur scène, vous pouvez le suivre toute votre vie, voir 20 concerts de BRIQUE, mais moi en cinq jours à vivre avec lui, je pense que je gagne un truc.
B : Moi quand je me rappellerai de la tournée des iNOUïS, ce sera grâce à ce lieu-là : le tourbus.
LVP : Vous avez des anecdotes à partager ? Des moments qui vous ont marqués ?
D : Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas !
B : Elle est très bien cette réponse, j’adore. J’ai presque envie de rester là-dessus. Le mystère.
LVP : Eh ben très bien ! Sinon, dites-nous, vous avez des habitudes ou des rituels avant les scènes ?
B : Je pense que je bois quinze thés ou tisanes par jour et je me bute au miel.
D : On l’appelle Winnie l’ourson maintenant !
B : C’est vraiment compliqué ! Mais en vrai toutes les journées sont un peu différentes, même si elles sont timées par les mêmes trucs.
D : On est là pour kiffer un peu tous les jours. On voit des nouvelles salles, nouvelles personnes, on rebondit. Aujourd’hui, on arrive ici, dans cette salle incroyable qu’est la Rayonne, en plus c’est tout neuf. L’équipe est ouf, la cuisine, on dirait qu’on est au resto ! Ils ont fait un poulet avec du gratin dauphinois. Incroyable, on a un vrai repas ! Rien que par rapport à ça, tout le plan de la journée il change. Moi, je suis concentré sur le gratin dauphinois et le reste n’existe plus.
LVP : D’ailleurs vous connaissez déjà les villes où vous allez ?
B : Bourges on y est allés. Villeurbanne j’y ai vécu pas mal d’années.
LVP : C’est vrai que dans un de tes sons tu parles même du Vieux Lyon !
B : Exactement, “j’ai trop badé dans le Vieux Lyon”. Villeurbanne, j’adore. Le Havre, je connais pas mais hâte d’y aller. Mais sinon, non, je connaissais pas trop les villes où on est allés.
D : C’est vraiment une classe verte, on est en découverte.
LVP : Ça fait quoi de dormir et de se réveiller dans une autre ville ?
D : Je me réveille dans le bus donc pour moi, la ville, c’est le bus. Après la prolongation, c’est une salle. J’ai l’impression d’être toujours au même endroit.
B : Je m’étais dit : “trop hâte, chaque matin je serai dans un nouvel endroit”, mais j’ai un cerveau qui s’habitue en vingt-quatre heures. Donc là tout ça pour moi, c’est très normal, c’est devenu mon quotidien. Quand je ne l’aurai plus, j’aurai le seum.
D : T’inquiète, je t’appellerai tous les matins pour dire : “ça va Brique ? Tu vas bien ?”
LVP : Pour finir, on se demandait si vous écoutiez des artistes ou musiques en commun ?
D : AnNie .Adaa, je pense que pour ça on est d’accord. Violet Indigo, Social Dance, Odezenne.
B : Mais étonnamment on a peu parlé de musique. On n’a pas parlé de nos refs.
LVP : Et vous êtes prêts là pour la suite ?
D : Toujours. En avant Guingamp !
B : On est tous les deux en train de se faire une belle équipe qui saura nous aider à aller là où on veut aller.
D : Ça fait cliché de dire ça, mais je crois que quand tu places l’humain en première position c’est victoire assurée tôt ou tard.
LVP : Selon ce que vous avez dit tout à l’heure, c’est aussi ce que vous expérimentez en ce moment ?
D : Ouais là carrément je le vis ! Et ça ne fait que me conforter dans mes pensées. Avec BRIQUE dans le bus, c’est parfait. On est sur un climat, une vibration parfaite. Le bol tibétain contre ma peau au-dessus du visage, c’est ce que ça me fait cette cohabitation avec BRIQUE et son équipe.
B : On est hyper heureux, on se sent trop bien avec tout le monde. L’équipe est hyper bienveillante, tout le monde fait à peu près attention aux autres, du coup c’est hyper agréable et ça roule, ça coule. Comme à la maison en fait.
LVP : Très belle note de fin : comme à la maison ! En tout cas, merci beaucoup pour cet échange !
B et D : Merci La Vague Parallèle !
C’était donc la toute première date dans cette nouvelle salle de Villeurbanne. Après cette discussion remplie de rires et d’émotions, on avait hâte de découvrir ces deux artistes sur scène et on n’a vraiment pas été déçu·es. Comme BRIQUE ARGENT le disait, Demain Rapides dégage une énergie phénoménale sur scène. Il a deux faces : une plutôt stoïque comme il le dit lui-même et une autre énergique, traversant en dansant la large scène de La Rayonne. Son énergie varie, tout comme ses paroles qui abordent plusieurs thèmes différents : le soleil, son chien qu’il a malheureusement perdu, ou encore Roméo et Juliette.
En ce qui concerne BRIQUE ARGENT, la scène est pour lui un conteurium – autrement dit, un lieu de narration, une salle de contes. C’est surprenant de voir la différence entre son calme avant la scène et l’énergie qu’il dégage une fois dessus – même si leur façon de l’exprimer est différente, c’est sans doute leur point commun avec Demain Rapides. Il raconte une histoire tout le long de son set avec un fil rouge bien tracé, évoquant tout un univers autour de l’eau et des sous-marins. Et quand on croit que le show est fini, il revient nous surprendre avec une touche supplémentaire de storytelling.
Bref, vous l’aurez compris : on a été profondément touché·es par les mots et les performances de ces deux artistes qui ont sublimé, avec leur personnalité attachante, la tournée des iNOUïS du Printemps de Bourges. On a hâte de découvrir ce que nous réserve la prochaine saison !
Mélomane en quête d’émergence, amoureuse du rap et des mélodies alternatives.