Douze Déluge : belek au coup de vent
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Auteur·ice : Mathilde Vanderweyen
10/01/2024

Douze Déluge : belek au coup de vent

| Photos : Arthur

« J’arrive en hiver, Vive le vent » Douze Déluge installe un microclimat (MCRCLMT) glacial en cette fin d’année 2023. Elle nous souffle en pleine tête ce que la trap a de plus beau : des rafales de drums, de l’égotrip et l’habileté d’une éloquence nonchalante. L’art est parfaitement maîtrisé, le style est assumé, MCRCLMT est streamé par La Vague Parallèle.

On ne va pas vous rappeler une énième fois que les meufs savent rapper. Par contre, on vous conseille de commencer une playlist dans laquelle vous pouvez ajouter Douze Déluge entre Kay The Prodigy et Asinine. N’oubliez pas BabySolo33. Et Arøne tant qu’on y est. Bref, revenons à notre tornade franco-luxembourgeoise Douze Déluge.

« La démarche c’est que je me démarque mais sans me falsifier » et pour ça l’artiste propose un premier projet de cinq titres et un double featuring avec Ambrose & Labri. Format parfait pour dépeindre une tempête sonore singulière et identifiable. Commençons par le commencement avec RAF/VLV. Celui qui est pour nous, le titre représentatif de ce projet et de tout l’univers musical de la rappeuse. Le slash qui sépare les deux acronymes représente un changement de prod foudroyant à 1’19’’. Une première secousse calquée de sa pochette, proposant une marée haute de mumbling, un tourbillon d’hyper rythme et une finesse lyrics lunaire.

Sans s’essouffler, Douze Déluge adopte la même attitude tout au long du projet. Aucun répit pour entrevoir une petite éclaircie, les rafales sonores s’enchainent et MOONBOOTS SWAROVSKI vient répondre à la plus forte métaphore du titre 123 : « J’ai tellement de ice on dirait que j’ai trop froid ». Comme si notre rythme cardiaque n’était pas assez irrégulier depuis la première track, on a droit à un deuxième changement de prod pour clôturer le projet, sur les dernières secondes de AM:PM.

Comme tout bon déluge qui se veut dévastateur, il faut que ce soit court mais intense. C’est exactement pour ce format que la rappeuse a opté dans ce premier projet. 123, SCHMETTERLING et AM:PM ne dépassent pas les deux minutes mais avec une intensité aussi effrénée, on n’en demande pas plus.

Sa discographie sur les plateformes mainstream ne contredit pas cette dynamique. Douze Déluge alimente ses 2 500 auditeur·rices Spotify mensuel·les avec quatre singles et ce premier EP. Évidemment, on n’est pas rassasié·es et on se dit que Douze Déluge a le profil Soundcloud rêvé mais, à nouveau, seulement deux titres sont associés à son nom. Il ne nous reste plus qu’à patienter pour la suite et faire ce dont on perd de plus en plus l’habitude : consommer plus lentement et longtemps ce que les artistes nous proposent. Elle a déjà fait la promesse de revenir avec du nouveau et des collaborations qui lui tiennent à cœur. S’entourer d’artistes qui comprennent sa musique et qui travaillent sur des propositions cohérentes tout en restant fidèles à eux-mêmes, c’est le défi de cette nouvelle figure du rap.

À l’heure où l’on clôture cet article, il neige à Bruxelles. Les éléments se sont alignés après avoir dégommé le bouton replay pendant une dizaine de jours sur MCRCLMT, la météo s’accorde enfin avec le froid impassible de ce projet.

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