D’une brume mystérieuse surgit la dernière pépite de bar italia
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Auteur·ice : Mathias Valverde
22/05/2023

D’une brume mystérieuse surgit la dernière pépite de bar italia

L’aventure de bar italia est ceinte d’un halo de mystère bien organisé qui peut énerver les uns et exciter l’attention des autres. Par-delà les postures d’un groupe qui joue un ambivalent retrait de la société du spectacle par la rareté de leurs interventions, la musique de leur troisième projet Tracey Denim nous donne envie de donner de l’écho au buzz à venir.

Le groupe ne donnera pas d’interview pour cet album. À peine connaît-on les noms de ses trois musicien·ne·s : Nina Cristante, Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton. On sait également que leurs deux premiers projets (Quarrel (2020) et Bedhead (2021)) sont sortis sur le label de l’artiste anglais Dean Blunt. Entre obscurs membres de groupes de la scène anglaise, vidéo de fitness sous forme d’arte povera et philosophie anticonsumériste, le groupe se prépare un statut culte dans l’indie rock.

Le dernier album des Londoniens propose un retour au slacker rock des années 1990 agrémenté de toute la beauté d’un élan noirci par l’esthétique ténébreuse de notre siècle, pesant de tout son poids sur nos existences. Voulu ou non, le son punk de morceaux comme Nurse ! avec une distorsion légère des sons, le côté abrasif des voix et de leurs guitares a des parfums de révolte. Porteur d’une nightmare pop ; une des paroles de Punkt mentionne « some dark nights get into my head » ; le groupe nous fait penser à la période Thank God for Mental Illness (1996) de Brian Jonestown Massacre.

 

Chacune des quinze pistes de Tracey Denim offre toutefois son propre chemin dans tous les recoins de l’indie rock de ces dernières décennies et plus particulièrement dans cette veine post-punk qui ne finit plus de durer au point de parfois décevoir même ses plus grands fans. En tout cas, chaque morceau vous donne envie d’enfiler un trench et de fumer frénétiquement à la terrasse d’un café en vous imaginant maudit et donc au firmament de la coolitude rock.

Mais bar italia, je crois, déploie son envoutante symphonie d’une manière si envahissante qu’elle vous donne l’illusion de n’avoir jamais rien entendu de tel. Derrière un côté vite fait bien fait, chaque piste de Tracey Denim scintille comme un diamant brut. Parfois Pavement-esque, souvent Joy-Division-esque, la multitude de moments jouissifs de leur son offre plusieurs itinéraires à emprunter lors de l’écoute de l’opus. Une chanson comme Harpee possède toute la rage contenue d’un cri matérialisé par un micro au son atténué et puis la clarté de la voix de Nina Cristante vient calmer cet excès d’émotion. Constamment balancé·es entre inspiration funky, trip-hop, spoken words puis rock canal historique, vous ne savez plus ce que vous écoutez sinon un p*tain de bon son.

 

Certains y verront de la contradiction dans ces touches impressionnistes, d’autres le génie d’un autre de ces groupes anglais qui rappelle que rien n’est dépassé dans l’utilisation de guitares impolies pour chroniquer notre monde.

 

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