Ratatat-Magnifique: Elégant, Emouvant, Euphorisant.
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Auteur·ice : Hugo Kermorvant
18/07/2015

Ratatat-Magnifique: Elégant, Emouvant, Euphorisant.

Élégant, Emouvant et Euphorisant. Ratatat signe avec Magnifique la BO de nos vacances filmées en super-8.

Ratatat est un de ces groupes dont on a eu peur qu’ils se soient perdus, arrêtés en route. Aucune nouvelle depuis leurs derniers concerts en 2011. Et restaient en mémoire les 11 chansons de Classics (2006), album dont les deux new-yorkais qui composent le groupe n’avaient pas idée à sa sortie que le nom serait si prémonitoire. Les deux albums suivants, sobrement appelés LP3 et LP4, leur ont permis de continuer à user de leur concept non chanté à base de guitares, de synthés, de boites à son, d’essais sonores, sans parvenir cependant à nous émouvoir. Ils ont travaillé sur Magnifique (Toujours sur XL Recordings, label anglais de Jungle, The XX..) pendant 4 ans, et leur retour en Europe à l’occasion du Primavera Sound (notre live-report ici) nous démontrait en quoi l’attente était méritée. On avait eu droit à quelques chansons de l’album, et on les avait fort acclamées.

Après Todd Terje l’an dernier, ce sera Ratatat qui servira de BO des vacances d’été cette année. La grande différence par rapport à leurs deux derniers albums est la place accordée à la guitare, qui sur Magnifique redevient centrale, occupant l’espace sonore, et même, grâce à l’élégance de la production, le silence sonore. Les chansons ont été pensées à l’origine comme des mélodies de guitare auxquelles se sont ajoutées les basses, les synthés et le rythme afin de les “catchy-ser “. La tracklist a été choisie pour donner des moments de répit et de douce émotion entre les chansons dansantes et euphorisantes, chacune d’entre elles séparées par une recherche d’ondes radio et d’un certain passé.

Et si peut être toutes les chansons n’arrivent pas à la profondeur nostalgique et touchante de celles de Classics, peut être en raison d’un manque de nappes deep-wave dont faisait preuve Loud Pipes par exemple, certaines d’entre elles (Cream on Chrome, Nightclub Amnesia et surtout Abrasive et Rome) forment les plus dansantes et enthousiasmantes de leur discographie et de l’été 2015. De toutes façons, Magnifique est fait pour être écouté en été, en vacances, au bord de la mer, chaque chanson explorant un moment particulier d’une de ces journées.

Et alors que le fait qu’ils aient composé une partie des chansons en Jamaïque pouvait faire craindre le pire des rythmes reggae, ils n’ont pris que la partie “feel-good song” de la musique caribéenne, et alors que là encore, on pourrait craindre le pire, on est rarement sorti si heureux et dégagé d’une écoute d’album, le sourire aux lèvres, sans autres raisons que l’attitude positive qui ressort de Magnifique, et que les danses effectuées sur la moitié des chansons.

L’entrainante et funky Cream on Chrome marque le retour de Ratatat avec un double rythme, des cassures et une déclaration d’intentions qui se poursuit par la plus douce Magnifique, chanson qui pourrait nous accompagner en buvant un Spritz entre amis en terrasse surplombant la mer.

La mélodie d’Abrasive est une drogue dont on a toujours pas réussi à se désintoxiquer. Jamais on ne s’est senti si obligé à se déhancher, à tomber amoureux, à sourire, qu’à l’écoute, en boucle, de cette chanson. Et si des neurologues voulaient comprendre quelles sont les bases pour qu’une musique rende heureux, ils devraient fortement s’intéresser à cette chanson, qui en plus, alors que ton état d’âme est en bord de s’enflammer, t’offre un moment de répit, après une overdose de sérotonine, avec un de ces bridges impeccables dont Ratatat a le secret, qui marquent leur connaissance de la chanson pop et qui se prêtent si bien à leur parti-pris.

Countach puis Drift nous permettent ensuite de toucher à un repos évanescent mais envoutant, avant que Pricks of Brightness, chanson avec laquelle ils débutent dorénavant leurs concerts, nous emporte vers un terrain plus kitch, plus 80’s, que Ratatat assume complètement.

Nightclub Amnesia se revendique d’inspirations françaises, de Daft Punk et de Justice, pour une nuit de sexe et de sueurs, entamée dans un club de hip-hop black américain. Et de nouveau, alors qu’on partait pour une montée frénétique plus agressive que sensuelle, des basses smooth nous remettent dans la torpeur moite de l’acte. Cold Fingers peut alors s’écouter comme les flashbacks du lendemain, à travers la ligne de basse remémorant la précédente.

La fin de l’album est bien plus mélancolique que la joie naturelle qui empreigne le début. Supreme est peut être la chanson la plus touchante de l’album, et nous donne la sensation qu’elle exprime cette tristesse qui nous guette quand on voit son voyage au point de finir. Rome, heureusement, nous oblige à nous faire profiter de notre fin de vacances. La plus belle de l’album, parfaite pour finir les concerts, à deux guitares qui viennent finalement se rejoindre, nous incite à jouir de ces derniers instant de liberté, alors qu’on sait qu’il n’y aura jamais de retrouvailles avec celle ou celui qu’on a rencontré, et nous donnera envie de partir en Italie afin de découvrir ce qui les a inspiré à Rome pour construire ce monument de sentiments. Enfin, Primetime et surtout la reprise de Springwater, I Will Return, nous démontrent que Ratatat compte donner beaucoup de tendresse à ceux qui les écoutent.

On finira alors iodé par la mer, on aura pris des cuites au vermouth, on aura beaucoup fait l’amour, on aura souri et on aura dansé sur les plus belles chansons de cet été. Emouvant et même mélodramatique par instants, Magnifique nous fait donc réfléchir sur la notion de temps, puisqu’on sera resté chez soi pendant un peu moins d’une heure à son écoute, mais on sera convaincu d’être parti trois semaines, au loin, avec des amis, avec de l’amour.

Cet été, on vivra au rythme de Magnifique, mais ce qui est encore plus intéressant, c’est que l’an prochain, on le revivra à son écoute. Magnifique est fait pour accompagner nos vacances filmées en super-8, en attendant de les revoir pendant La Route du Rock .

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