Entre beauté et sérénité, retour sur une soirée en compagnie de Leif Vollebekk
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Auteur·ice : Hugo Payen
26/05/2022

Entre beauté et sérénité, retour sur une soirée en compagnie de Leif Vollebekk

| Photos : Hugo Payen

Initialement prévue pour 2020, la venue de Leif Vollebekk entre les murs de l’Ancienne Belgique fait partie de ces concerts autant attendus par le public que repoussés par la pandémie. Un retour qui a finalement vu le jour, en ce début mai, sous le soleil de notre capitale bruxelloise. Un bref passage que nous ne sommes pas prêt·es d’oublier, qui nous a donné l’occasion de poser quelques questions au singer-songwriter canadien, avec qui nous avons discuté de sa merveilleuse discographie, de ses influences, de mélancolie, mais aussi de jardinage. Retour sur notre soirée en compagnie de Leif Vollebekk.

Originaire de la ville d’Ottawa, capitale du pays entourée de rivières et de nature, Leif Vollebekk possède sans aucun doute un style bien singulier. Entre une plume poétique à la manière de Bob Dylan et des sonorités aussi bouillonnantes que délicates, c’est un univers intensément poignant que nous réserve Leif Vollebekk ce soir.

J’ai passé toute ma vie à écouter du Bob Dylan. Alors c’est pas surprenant, mais chacun de ses mots sont choisis et placés à la perfection. C’est un style d’écriture tellement dense. C’est de la poésie. Dans la moitié de ses morceaux, l’entièreté d’une phrase a son importance, pas que le dernier mot de celle-ci que tu dois faire rimer. Le fait de ne jamais se limiter qu’à une seule image dans sa manière d’écrire est un style qui m’a beaucoup marqué.

Avec quatre albums à son actif, la discographie de l’artiste regorge de pépites en tous genres, que l’on s’empressait de (re)découvrir. Récemment, Leif Vollebekk nous dévoilait un EP compilant six titres enregistrés lors de sessions live acoustiques juste avant la pandémie. En reprenant ces quelques titres phares issus de son dernier album, l’excitation quant à la soirée qui se profilait devant nous n’en était qu’amplifiée. New Waves nous donnait ainsi un bref aperçu de la magie et de la sincérité que le live pouvait lui procurer en tant qu’artiste et pouvait nous procurer en tant qu’auditeur·ice.

Après deux ans, il est temps de reprendre la route

Une magie qui a pourtant été mise à l’arrêt deux années durant, pandémie oblige. Du temps seul, que Leif Vollebekk a utilisé la première année pour écrire, lire, mais aussi apprendre aux côtés de Gregory Alan Isakov. Une amitié musicale et sincère, qui influence le singer-songwriter dans sa manière de composer. « J’ai passé un mois chez lui, à aider à la ferme et à jouer de la musique. C’est un homme incroyablement intéressant et enrichissant, qui m’a appris beaucoup de choses. Et c’est bien ça qui influence le plus ma manière d’écrire, la connaissance », raconte Leif à propos de l’artiste américain.

| Photos : Hugo Payen pour La Vague Parallèle

Un hiatus forcé qui, après deux ans, touche à sa fin. Après avoir été cloisonné, le temps est arrivé pour Leif Vollebekk et ses compères de reprendre la route pour (enfin) nous raconter toutes ces belles histoires qui composent New Ways, sorti en 2019. Un album décrit comme une véritable documentation sonique de toutes les émotions que l’artiste a traversées durant son écriture. « New Ways a indéniablement eu cet effet de catharsis chez moi. Tous mes albums le sont je pense, mais sur celui-ci, j’essayais de me challenger en permanence. Il arrive, quand tu débarques dans des endroits où tu te sens si bien, que ta montée d’inspiration soit si forte que tu ne peux pas t’empêcher de composer de la musique et de créer. C’est de cette manière que la majorité des morceaux de New Ways ont vu le jour », nous confie-t-il.

Une soirée sans artifices

Après notre agréable discussion avec la star du soir, le temps est venu pour nous d’aller profiter d’Arny Marget. Originaire d’Islande, la jeune artiste vient ouvrir la soirée de manière captivante. En effet, armée de sa seule guitare et de sa voix envoûtante, il ne lui suffit que de quelques accords pour faire taire la salle déjà comble du club. Jouant de la guitare depuis ses 14 ans, Arny Marget gagne rapidement en assurance et ne tarde pas à écrire ses propres morceaux. Une assurance qui se ressent très fort durant les trente minutes de son passage fortement acclamé par le public, émerveillé face à toute la délicatesse que la jeune Arny dépose dans des morceaux comme intertwined, ou sometime.

| Photos : Hugo Payen pour La Vague Parallèle

Le club de l’Ancienne Belgique, situé à l’étage, est à présent plongé dans une atmosphère où règnent quiétude et bienveillance. Fin prêt à accueillir Leif Vollebekk et ses compagnons de route, le public commence à crier le nom de celui-ci sous les quelques applaudissements d’aficionados dont la longue attente touche définitivement à sa fin.

Sous les premiers accords de East of Eden, issu du son très acclamé Twin Solitude, le singer-songwriter attrape notre attention en un instant. Une attention qu’il arrivera à garder pendant près d’une heure et demie. Dans la foulée, les claquements de doigts se mélangent aux sonorités jazzy de Into the Ether. Manifestement, Leif Vollebekk a pour objectif de nous faire voyager à travers ses deux derniers albums. Un choix de morceaux que l’on espérait secrètement de par la grandeur et la sincérité de certains morceaux moins connus.

Quelque chose que tu écris et qui, pour toi a un côté très intime, aura aussi cet effet chez la personne qui te lit ou t’écoute. Le songwriting permet de dire  « vous n’êtes pas tout·e seul·e ». Au final on aura tous·tes une vision différente de chaque chanson, et c’est le plus rare cadeau qu’on puisse te faire.

Entre des titres phares comme Long Blue Light, Hot Tears, Blood Brother, en passant par Big Sky Country ou Tallahassee, c’est à travers ces trois derniers projets que l’artiste nous invite ce soir. Une soirée riche en émotions, durant laquelle les morceaux en piano-voix se mélangent à l’effervescence des riffs de guitares d’autres morceaux plus rythmés.

Si la mélancolie, un mot souvent associé à la tristesse, est utilisé pour décrire le style de Leif Vollebekk, c’est pourtant une atmosphère radieuse qui s’échappe de l’Ancienne Belgique. Comme celui-ci nous l’explique, au final, la mélancolie n’est pas quelque chose de facile à expliquer. Ce soir, malgré les textes parfois déchirants du singer-songwriter canadien, nous n’étions pas tristes.

| Photos : Hugo Payen pour La Vague Parallèle

Pendant plus d’une heure, Leif Vollebekk a réchauffé nos cœurs et a fait danser nos corps. L’heure est venue pour lui de quitter la scène, après avoir fourni une énergie folle sur chacun de ses morceaux, de ses histoires. Les premiers accords de Elegy envahissent la pièce. La foule est conquise et commence à entonner les paroles du morceau le plus connu de l’artiste.

Les lumières s’éteignent et les applaudissements n’en finissent plus durant quelques minutes. « We want more ! », entendons-nous aux quatre coins de la pièce. Inévitablement, Leif Vollebekk nous revient pour une dernière liesse. À l’occasion et pour le plus grand bonheur du public, Leif commence à chanter Purple Rain. Une reprise du morceau d’anthologie signé par le seul et l’unique Prince, qui met rapidement la foule en effervescence. Tout le monde chante et danse, comme si nous savions tous·tes au fond, que cette fois-ci, c’était bien la dernière.

À l’heure d’écrire ces lignes, Leif Vollebekk est de retour dans son Canada natal, en attendant ses prochaines aventures. Nous lui avons évidemment demandé si un nouvel album était en cours d’écriture. « Un nouvel album est toujours en cours d’écriture ! », nous a-t-il répondu. De quoi nous tenir en haleine jusqu’au prochain chapitre du singer-songwriter aux textes poétiques et à la voix bouleversante.