On vous dévoile aujourd’hui en exclusivité le dernier clip de Beach Youth : You’re Gone, titre issu de leur dernier EP, Second, dont on avait parlé avec Simon, Gautier, Etienne et Louis-Antonin quelques semaines après sa sortie en février dernier chez We Want 2 Wecord. On a donc profité de l’occasion pour vous faire un article 2 en 1, dans lequel vous découvrirez ce dernier clip réalisé par Victor Hanotel ainsi qu’une interview en “second” time !
Après la sortie de Second en février dernier, les quatre normands ont décidé de passer la seconde en ce début d’été, ou plutôt la troisième même, avec la sortie du clip de You’re Gone, mais aussi avec de nombreuses dates estivales et surtout un enregistrement à venir d’un premier album qui viendra marquer au fer rouge la discographie du groupe déjà composées de deux merveilleux EP.
You’re Gone, seconde ballade pop de l’EP, fait partie de ces chansons qui nous rendent heureux dès l’écoute des premières notes de guitares ! Même s’il n’est pas question de plage normande mais de la ville pour ce clip, les garçons ne manquent pas de nous réchauffer une fois de plus avec leur surf pop énergique et ensoleillée. Étant adeptes du vintage, on est servi à la vision de ce clip. Les couleurs, les décors, le scénario qui illustre d’ailleurs parfaitement la musique, tout y est ! On y retrouve un homme tombé éperdument amoureux d’une petite télévision ronde tout aussi rétro 70s que futuriste, dont l’écran semble être hypnotisant. Le refrain l’est tout autant ! En tout cas, ce clip est encore un bon moyen de dénoncer la déshumanisation grandissante de notre société actuelle qu’engendre la multiplication des écrans, quoiqu’ils nous permettent aussi découvrir de tels clips si bien réalisés en contrepartie ! Et franchement, quoi de mieux qu’une veille de fête de la musique pour sortir un nouveau clip ?
La Vague Parallèle : Salut les gars, pour commencer, je suis curieuse d’en savoir un peu plus sur qui se cache derrière Beach Youth. Vous pouvez vous présenter ?
Simon Dumottier : Alors, je suis le seul à être encore en études, je suis en en médiation culturelle à Paris. Les autres sont plus ou moins diplômés. (rires)
Gautier Caignaert : Moi du coup j’ai passé un diplôme d’ingénieur et depuis je fais de la musique donc ça n’a pas grand chose à voir. Sinon je donne des cours de physique au collège aussi des fois. (rires)
Etienne Froidure : Moi je suis diplômé en architecture d’intérieur et j’ai décidé de prendre du temps pour la musique, et à côté je fais des petits boulots mais c’est pas vraiment important !
Louis – Antonin Lesieur : Moi j’ai arrêté mes études de langues en cours de route et je suis pion maintenant, histoire de gagner un peu d’argent.
Simon : Et donc à partir de maintenant on est à fond dans le groupe !
LVP : Une question certes bateau nous taraude dans l’équipe de rédaction sur le choix de votre nom qui nous fait penser à un mélange de Beach House, Beach Fossils, Sonic Youth… Racontez-moi !
E : En fait ce choix c’était plus une question de portrait.
S : On voulait représenter notre musique avec des mots. Et c’est vrai que ce sont des mots qu’on retrouve dans beaucoup de groupes et de chansons qu’on aime, on trouvait qu’ils nous symbolisaient bien. Il a un côté un peu cliché quand même mais au final quand tu vois le nom tu sais directement comment ça va sonner donc il est pratique !
LVP : C’est vrai qu’on reconnaît dans votre musique toutes ces sonorités. Comment vous définissez votre style justement ?
S : Au début on le définissait comme indie pop jusqu’au jour où quelqu’un nous a qualifié de surf pop et on a trouvé ça cool parce que c’était plus rare. Depuis on a gardé ça, même si c’est un peu mouvant.
E : Avant on était plus surf qu’aujourd’hui et on dérive petit à petit vers un autre style avec les dernières compos. Mais quand on nous demande le style du groupe en covoit’ par exemple on dit qu’on fait de la surf pop et après on nous demande “c’est quoi ?”, on répond “Vous écouterez chez vous” ! (rires)
LVP : Est-ce qu’un artiste vous a particulièrement influencés ? Ou vous piochez dans toutes vos diverses influences ?
S : Je sais pas si on peut parler d’un groupe plus qu’un autre, c’est vrai que c’est quand même un ensemble.
G : Moi par exemple à titre personnel, les Strokes m’ont ouvert à énormément de groupes. Après c’était au lycée donc je ne sais pas si ça à quelque chose à voir directement avec Beach Youth.
S : C’est vrai que finalement les Strokes c’est peut être un groupe qui nous réunit, on a tous eu notre période Strokes !
E : Oui, c’est peut-être le groupe qui met tout le monde d’accord, même si c’est pas notre influence majeure dans le style. En tout cas on écoute tous des choses variées, c’est dur de se mettre d’accord pendant les trajets en voiture. (rires) On a quand même des goûts assez différents et c’est tant mieux !
LVP : Du coup, si je vous demande de choisir un titre à écouter sur la route en tournée ?
G : Class Historian de Broncho !
S : Oui, celle-ci on chante tous en cœur dessus. Sinon quand on écoute Daho on est tous contents sauf Gautier ! (rires)
G : Oui, moi je peste et je mets mes écouteurs. (rires) Mais Class Historian c’est vraiment le titre qui nous met d’accord sur la route. On la met souvent avant d’arriver sur les salles, elle est hyper pêchue !
LVP : Vous avez sorti votre deuxième EP, Second, en février dernier. Comment vous l’avez composé ? Vous vous répartissez un peu les tâches ?
E : Oui en général je viens avec les musiques, Simon va trouver des paroles sur le yaourt et Gautier va mettre ses batteries sur les chansons.
G : En fait Etienne fait des sortes de démos chez lui avec des boucles et il baragouine quelque chose dessus à la voix qui n’a aucun sens. (rires) Enfin ça a des fois un petit sens, il y a des mots clés qui ressortent parfois !
S : Souvent les mêmes d’ailleurs.
E : Les phrases se terminent souvent par “é” ! (rires)
G : Et après, une fois qu’on a la démo, Simon écrit les paroles, puis le morceau se construit vraiment en répète à quatre.
S : Il y a tout un travail de groupe pour faire évoluer les morceaux. Et c’est vrai que des fois quand on ré-écoute les démos, on est surpris de voir où les morceaux en sont arrivés. C’est variable, parfois notre processus change mais c’est majoritairement comme ça que ça se passe.
E : Et puis on a toujours été super démocratique au final, pas comme tant de groupes aujourd’hui je trouve ! On écoute toujours l’ensemble du groupe. Parfois des chansons partent à la poubelle car c’est un avis collectif.
S : C’est vrai qu’aujourd’hui c’est quand même souvent un gars qui fait jouer ses chansons à tout un groupe. Si l’un d’entre nous n’aime pas une partie d’un morceau, on peut la supprimer. Personne ne va se vexer si on change quoi que ce soit. C’est une démocratie participative. (rires)
LVP : Toi Simon tu écris les paroles sur le yaourt d’Etienne du coup. Tu n’es jamais venu avec un texte que tu avais entièrement écrit ?
S : En fait, je note en permanence des idées qui me passent par la tête et en général quand j’écoute ses chansons, il y a une atmosphère, une ambiance particulière et en relisant mes notes parfois je tombe sur des trucs qui collent ou sinon j’écris sur l’instant. Il y a quand même une chanson en particulier, You’re Gone, qui est la deuxième chanson de l’EP, où Etienne dans son yaourt disait “And you’re gone” sur le refrain, pour laquelle j’ai repris un texte que j’avait complètement écrit, auquel j’ai rajouté cette phrase d’Etienne qui a donné un sens totalement différent à ce que j’avais écrit. C’était une sorte de collage, que je n’avais jamais fait avant, ce qui est intéressant.
LVP : Les autres, les textes c’est pas votre truc ? (rires)
G : Non pas du tout.
S : Il ne les lit pas non plus ! (rires)
G : J’avoue que je connais le sujet vaguement mais je ne saurais jamais les chanter. Je connais les mots clés quoi ! (rires)
LVP : Justement, pourquoi ce choix de chanter en anglais ?
S : Ça a été une évidence. Avec Etienne quand on s’est rencontré on écoutait vraiment uniquement des choses en anglais donc on ne s’est même pas posé la question, ça a vraiment été naturel.
LVP : Tu as des inspirations particulières pour l’écriture des morceaux ?
S : Oui, je dirais que des groupes comme les Smiths ou Field Mice ont énormément inspiré ma manière d’écrire et m’ont poussé à faire des trucs hyper sincères, sans filtre par rapport à mes sentiments. Oser dire des choses simples ce n’est pas toujours évident, au début on est toujours tenté de cacher ça avec des métaphores. Donc ça m’a vraiment aidé dans ma façon d’écrire.
LVP : J’ai lu que vous avez enregistré Second sur une semaine, comment ça s’est passé ?
E : Ça a été super intéressant puisque le premier EP avait été enregistré en piste par piste et travailler sur une semaine c’était vraiment tout neuf, puisqu’on l’a enregistré en live, c’est-à-dire que tout ce qui est instrumental a été enregistré en même temps sur quatre jours. Le deuxième travail a été d’enregistrer les voix dans un autre studio pour se concentrer vraiment dessus. Avec cette manière de travailler on est arrivé beaucoup plus prêts que lors de l’enregistrement du premier EP. À l’époque, on ne connaissait pas le studio et on était plutôt arrivé avec des morceaux qu’on savait uniquement jouer. Pour celui-ci, on savait jouer les morceaux et on savait déjà exactement comment on voulait les enregistrer.
S : On voulait aussi faire un ensemble un peu plus cohérent, avoir 7 titres dans une même lignée niveau production, énergie etc. Donc c’était cool de pouvoir faire ça d’une traite.
LVP : L’interlude, Tenderly, sonne quand même différemment des autres morceaux. Elle n’est pas enregistrée de la même manière, si ?
S : Non c’est vrai qu’on a fait un traitement différent, qui sonne volontairement cheap. On voulait faire une pause dans la production du reste, pour laisser respirer et donner un peu plus de force à la dernière chanson.
G : Cette chanson a beaucoup évolué en studio, même ce qu’on avait préparé n’a finalement pas été ce qu’on a enregistré puisque Bastoche, la personne qui nous a enregistrés et qui a un peu produit l’EP, n’était pas convaincu par la chanson. Nous, on voulait quand même pouvoir faire cette interlude donc on a beaucoup débattu en studio sur la manière de la faire et comment la faire évoluer. Et au final ça a été un peu sa décision de dire qu’il fallait qu’elle n’ait rien à voir avec le reste. Il l’a faite passer dans un magnétophone après les enregistrements pour garder un esprit un peu démo, comme si on l’avait enregistrée lors d’une répète de garage. Et finalement, on est vraiment content du résultat car elle est vraiment utile à l’ensemble. On a eu des retours d’ailleurs qui disaient que c’était un morceau indispensable à l’EP.
LVP : Second pour le second EP j’imagine ?
S : Alors, il y a deux ou trois raisons. La plus simple c’est donc que c’est notre seconde sortie oui. Mais c’est aussi un mot qu’on retrouve dans trois morceaux de l’EP : Apnea, Everything et Bicycles. C’est une coïncidence car ce n’était pas du tout voulu et quand on s’en est rendu compte on a trouvé ça chouette justement. Enfin, le thème du temps qui passe est très présent sur le disque donc on a voulu jouer sur le double sens du mot “second” / “seconde”.
L-A : On aimait bien le côté continuité avec le premier et surtout cette double lecture du mot qui a une signification différente en anglais et en français !
LVP : Pourquoi avoir choisi de sortir Classroom en single ?
L-A : C’est un bon morceau de transition entre les deux opus. Il ressemble assez à ce qu’on était capable de faire lors de notre premier EP et généralise aussi assez bien la continuité de notre démarche artistique. C’est le premier morceau de l’EP qui introduit vraiment ce nouveau travail donc c’était assez évident et puis il a un côté un peu catchy qu’on aime bien. On était tous d’accord pour sortir celui là en premier.
LVP : Selon vous, c’est le morceau à faire écouter aux gens pour vous découvrir ?
L-A : Pour se donner une idée, oui, je trouve.
LVP : Vous pouvez me parler du clip de Classroom ?
G : On a fait ce clip avec Florent Dubois avec qui on avait déjà travaillé. Il y avait un thème à la base puis on passé deux jours ensemble et les idées sont venues au fur et à mesure. Classroom est une chanson assez entêtante, l’acteur l’a dans la tête et en est content au début puis à la fin il n’en peut plus quoi ! On a joué autour de cette idée, on s’est amusé, on est allé sur notre côte en Normandie et on a tourné pas mal de plans, on s’est mis en scène à différents endroits.
S : Mais c’était marrant de reprendre ce thème de la chanson coincée dans la tête car c’est vraiment un truc qui nous arrive tout le temps avec nos propres chansons. Généralement quand on a une nouvelle chanson elle nous reste vraiment dans la tête et ça peut vite devenir saoulant. Via ce clip, on l’a fait vivre à quelqu’un d’autre donc c’était cool.
LVP : Vous avez donc un attachement particulier à la Normandie ?
G : Etienne et Louis y habitent toujours et le groupe est basé là-bas, on y a nos locaux du coup on y rentre tous les week-ends. On y est très attachés, oui.
LVP : Un endroit ou un moment idéal pour écouter votre EP selon vous ?
S : L’endroit idéal ça peut être la Californie hein, pour tout le monde, ça peut être sympa ! (rires) Il faut avoir le budget mais sinon l’Australie peut être pas mal dans le genre, certains coins !
G : Le Vercors. (rires)
S : Les calanques de Marseille, ça peut être bon aussi, lors d’une petite randonnée.
LVP : Un endroit sur les côtes donc !
S : Oui, après sinon un endroit pour le confort je dirais en ville, pour s’évader.
G : Paris plage ! (rires)
S : Sinon pour un moment j’y ai pas trop réfléchi. Le matin en se levant ça peut être sympa ou dans la voiture.
E : Dans la voiture c’est toujours bien. Ou en rentrant d’une soirée un peu ratée pour te remonter un peu le moral sur le début de l’EP puis à la fin ça libère quand même avec Apnea et après tu peux te coucher.
S : Ou après tu retournes à la soirée ! (rires)
LVP : Parlez-moi du visuel de Second avec ces six dessins, qui l’a réalisé ?
S : C’est le travail de trois personnes : d’abord une photographe qui a pris les photos de nous, dont un peintre / dessinateur s’est inspiré pour faire les visuels, puis une graphiste est passée par là pour mettre en page et composer le tout. Ensuite le lien c’est qu’il y a six vraies chansons sur le disque, plus l’interlude.
L-A : On s’est marré à faire ces photos toute une après midi, et puis c’est nous dessus, ça nous faisait plaisir d’être sur une pochette pour une fois, sans non plus mettre nos tronches. Ça changeait aussi par rapport à ce qu’on avait fait avant, on a testé un nouveau truc et je trouve ça plutôt joli et réussi.
E : Il y avait aussi cette volonté de contraster avec ce qu’on a pu faire par le passé qui était plutôt effet vintage, évoquant les vacances, etc.
G : On a quand même essayé de garder des couleurs qu’on retrouvait avant, le bleu, le blanc, le rouge. Je précise qu’on n’est pas nationaliste. (rires)
LVP : Quels sont vos futurs projets suite à cet EP ?
G : Il y a une tournée qui se prépare, on a une date au festival Beauregard par exemple, chez nous !
S : On joue d’ailleurs le même jour que Mac Demarco, ce qui nous fait bien plaisir.
G : Et sinon on prépare un album en ce moment !
E : On a une vingtaine de morceaux qui sont déjà écrits, on en a déjà fait une sélection et on travaille en pré-production pour concrétiser un peu ça et essayer d’enchaîner le plus vite possible. On commencera à enregistrer l’album en juillet.
LVP : Un artiste dont vous voudriez faire la première partie ?
G : Je pense qu’on s’est mis d’accord sur les Strokes ?
L-A : Et puis s’il n’y a pas les Strokes, Mireille Mathieu mais ça fait chier ! (rires)
E : Après pour l’anecdote c’est marrant de jouer à côté de Mac Demarco à Beauregard car quand on s’est rencontré avec Simon on avait fait des petits covers pour voir ce que ça pouvait donner de jouer ensemble et on avait joué un morceau de Mac Demarco justement.
LVP : Pour finir, est-ce que vous avez un artiste à faire découvrir ?
G : Moi je vais dire Born Idiot pour faire leur promo, ce sont mes colocs et l’EP qu’ils ont sorti en mars est bien cool !
L-A : Si on va dans mes recherches, il n’y a que du Smashing Pumpkins donc pas très récent. J’aime bien écouter des vieux trucs. (rires)
S : Moi c’est pas une découverte mais j’ai vu Homeshake en concert à la Maroquinerie et c’était très bien !
E : Je dirais Richard Dawson. Je ne sais pas comment décrire son univers mais vous le découvrirez par vous-même.
curiste