“Aimer pour faire chavirer des cœurs, raviver des pleurs” “Mais ne jamais, ne jamais, ne jamais, ne jamais, ne jamais s’en soucier”, sont les premier mots qui retentissent dans nos têtes avant d’entendre cet orgue dramatique. Il est déjà clair dans notre esprit que cette chanson restera avec nous pour un petit temps. Cette chanson, c’est Vendeur de rêve, premier single de Louise Barreau. Ce sont d’ailleurs ces quelques mots qui nous ont convaincu·es instantanément de vous en parler ici – ainsi que le magnifique clip qui lui est dédié, réalisé par Hugo Portela Larisch. Peut-être cela a-t-il aussi un tout petit peu à voir avec la nature misandre de la chanson (mais un tout petit peu alors, wink). On vous propose de le découvrir en avant-première sur La Vague Parallèle.
Vendeur de rêve fait 4:09, et pourtant, ça nous parait trop peu. On serait tenté de taxer Louise Barreau de faire des chansons trop courtes, avant de se rendre compte qu’on a été tellement absorbé par la voix et la production qu’on en a oublié le temps. En parlant d’oubli, ou en tout cas d’absence, c’est un peu ce que nous raconte l’histoire de cette chanson. On entre dans le palais mélancolique de Louise sur quelques paroles aussi fortes que tristes : “Il n’y a que sur ton visage qu’il ne pleut pas. Mais c’est toujours la même chose, le mien est une nuit d’effroi. Mais je te déteste, même si j’te connais pas“. Avant d’accuser : “Mais t’es qu’un vendeur de rêve, bien caché dans mes draps et je sais que tu crois que je n’attends que toi“. C’est l’histoire de ce fléau qui prend la forme d’un homme fantôme qui se permet de disparaître. Plus encore, c’est l’histoire de beaucoup de sœurs qui lui demandent pour qui il se prend.
On ne vous parlera pas de l’articulation de l’artiste de façon pédante bien que les paroles nous sont racontées avec une clarté inébranlable, et une voix aussi forte que cassante. Elle est accompagnée par cette production sur base de piano qui se transforme en production mi-french touch mi-Lana Del Rey, qui, d’après les quelques mots qu’on a pu échanger avec l’artiste, parait hyper-réfléchie pour aller avec chaque mot et lui donner plus de force.
Niveau visuel, on a droit à un des plus beaux clips qu’il nous a été donné de voir cette année sur un fond de karaoké des enfers (avec nos mots) voire un club de jazz de vampires (avec leurs mots), sur un fond noir et blanc aussi doux que profond. Chaque personne présente aide Louise à réciter ses paroles en lip sync. Le plan qui nous donne envie de tout arrêter dans le monde, c’est celui de toutes les femmes réunies sur le milieu d’une pièce, rassemblées, qui chante en chœur le refrain déchirant.
C’est autant un hymne aux cœurs brisés qu’une chanson par laquelle on fait passer un message. – Louise Barreau
À ce sujet, Louise nous disait : “C’était aussi l’idée de se dire par rapport à ça ‘T’es un vendeur de rêve mais qui est-ce que tu crois que tu es ?’, apparemment pas grand chose par rapport à toutes les personnes qui se comprennent et se soutiennent dans le clip. C’est autant un hymne aux cœurs brisés qu’une chanson par laquelle on fait passer un message. Il y a un aspect sororité, ou en tout cas fédérateur parce que je dis ‘Mes sœurs en savent quelque chose’, ça veut dire qu’on en a discuté mais aussi qu’on a déjà toutes vécu la même chose”. C’est d’ailleurs exactement à ce moment-là qu’un synthé retentit et que l’intensité se construit pour redonner le pouvoir à toutes les personnes qui en ont été déchues par l’audace d’un ghosteur professionnel.
C’est ça la sororité ? Dire “dégage” entourées de bougies, sur un fond de production envoutante ? Loin de nous l’idée de vous dire que les incantations c’est bien, mais ça, ça vend un peu du rêve. C’est aussi ce qui s’est passé sur le tournage d’après Hugo et Louise, un élan hyper émouvant et une force, qui leur donne de l’émotion à chaque visionnage du clip. Et on vous avoue que nous aussi on a eu la chair de poule. On avait pu découvrir Louise Barreau en live seulement, seule avec son piano, et elle arrivait déjà à faire taire toute la salle. Elle avait d’ailleurs réalisé la première partie de November Ultra à De Roma. Nous pensons pouvoir vous dire que maintenant que le premier single est sorti, personne n’osera ne serait-ce que murmurer à son prochain concert. Et surtout les hommes.
Mes articles sont plus longs qu’un solo de jazz.