Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Lenparrot a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.
LVP Comment t’est venue l’idée de jouer avec un quatuor à cordes ?
Lenparrot :J’avais à cœur d’inviter le quatuor à cordes de mon père sur 3 titres d’And Then He, mais nous n’avions pas “joué ensemble” à proprement parler. J’avais enregistré l’ensemble du disque à Rennes et les sessions de cordes furent réalisées chez Capitaine Plouf, à Paris. C’est Cyril Jollard (programmateur au Lieu Unique) qui me souffla l’idée, un soir que je lui parlais de la gestation du disque. Nous avons dès lors songé à célébrer la sortie de l’album sur deux soirs: un premier seul en scène en compagnie d’invités, puis le second en acoustique – en réarrangeant l’ensemble de mon concert pour piano et quatuor à cordes.
LVP Ta musique m’a toujours semblé ambitieuse et orchestrée. C’était un cadeau pour toi de lui donner un aussi bel écrin ?
L :C’était inespéré d’avoir une telle opportunité. J’ai toujours opté pour un certain minimalisme dans mes arrangements, mais arranger constitue déjà une déviation entre le moment où naît une chanson au piano et celui où je l’étoffe à l’ordinateur. Je suis donc reparti de la plupart de mes piano-voix, pour les habiller de cordes. Parfois en toile de fond, souvent au premier plan, créant des jeux d’ombres avec ma voix. J’ai passé le mois de décembre à Paris en compagnie de mon grand-père Bernard Lallement (compositeur et chef de chœur) à mettre sur pied l’ensemble de ces arrangements. Jamais de ma vie je n’avais été aussi inquiet et impatient avant un concert.
LVP Toi qui joues seul sur scène la plupart du temps, cette expérience t’a-t-elle donné envie de repartir sur la route avec des gens ?
L :Absolument, oui. Avec eux, déjà ! J’ai à cœur de pouvoir rejouer ce concert le plus possible. Et plus largement, ce concert est arrivé après que j’aie passé près d’un an en solitaire sur scène. J’y ai pris un plaisir fou, mais je souhaite retrouver un – voire plusieurs – camarade(s) de jeu.
LVP Ce qui ressort le plus de cet EP c’est la manière dont l’émotion de tes chansons est captée. C’était un défi pour toi d’arriver à capturer cette vérité ?
L :Pour ce faire, j’ai eu la chance d’être épaulé par mon ami et ingénieur son Olivier Bastide, qui avait songé à tous les paramètres nécessaires pour faire de ce concert un véritable “enregistrement public” plutôt qu’une simple captation. Le film a été réalisé par Jonas Marpot (déjà à l’œuvre lors de notre Concert à Emporter pour La Blogothèque), assisté de mes amis Noé Mercklé et Pauline Théon. Je suis le moins bien placé pour avoir un avis objectif dessus, mais il me semble que l’émotion présente ce soir-là est parfaitement restituée. Nous avons à peine retouché la voix et les instruments. Parfois c’est sur le fil, ça bouge, et c’est ça l’intérêt d’un concert. La sobriété du noir et blanc dans les images de Jonas fonctionne à merveille, c’est poignant sans sombrer dans le pathos. Il était inutile de tenter de souligner quoi que ce soit. Tout est déjà là (rires).
L :Je n’ai aucun conseil à prodiguer là-dessus, à partir du moment où les morceaux sortent, chacun est libre de se les approprier comme bon lui semble. Après, j’émets des doutes quant à produire une musique appropriée pour le footing (rires). Avec cet EP, j’espère juste être arrivé à capturer l’émotion présente au Lieu Unique ce dimanche soir. Ces 6 titres (7 si l’on compte la reprise de Prince) forment une petite parenthèse, un moment hors du temps. Encore aujourd’hui j’ai du mal à trouver les mots appropriés pour parler de ce show. Sans déconner, c’était la plus belle soirée de ma vie (rires) !
L :The Boy with the String Quartet sert en effet d’excipit à And Then He. J’ai parfois perdu pied durant la réalisation de ce premier album, émotionnellement c’était les montagnes russes. Non que je regrette quoi que ce soit, c’était un privilège d’être aussi bien entouré pour le faire. Mais sortir ces relectures permet d’entendre ces chansons dans leur plus simple appareil, au plus proche de l’émotion recherchée lors de leur écriture.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.