(Exclu) On a écouté “The Boy With The String Quartet” de Lenparrot
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Auteur·ice : Charles Gallet
30/08/2018

(Exclu) On a écouté “The Boy With The String Quartet” de Lenparrot

L’émotion est un vecteur universel. C’est aussi un objectif pour chaque artiste qui se respecte. Toucher du doigt l’émotion, atteindre le point sensible chez l’auditeur, le faire vibrer, rêver, penser, l’aider à s’échapper… L’émotion est le but ultime que tout musicien, acteur, cinéaste, auteur cherche à atteindre.
Que dire alors d’un artiste qui semble à lui seul incarner cette émotion ? On fait dans l’emphase, mais pour nous, émotion rime avec Lenparrot. Depuis presque un an, And Then He nous colle à la peau, on pourrait même parfois dire qu’il nous hante. De par ses ambiances, des sensations qui s’en dégagent, on a beaucoup de mal à s’ôter de la tête les treize chansons qui le composent. C’était donc avec un peu d’appréhension qu’on a posé nos oreilles sur The Boy With The String Quartet. Parce qu’on se méfie souvent. Et parce que des captations live qui collent de trop près à un album, on en a déjà beaucoup entendu.
Mais Romain Lallement – de son nom au civil – est un gars malin. Et plus qu’une bête version live, c’est une véritable ré-interprétation de ses titres qu’ils nous offre. Et c’est donc une nouvelle décharge émotionnelle qui nous est offerte. Entouré d’un quatuor à cordes, comme le dit si bien le titre, il donne à sa musique une ampleur inédite en les dénudant de leur oripeaux électroniques, en allant jusqu’à l’épure, jusqu’à une forme de simplicité pure, il nous offre un nouveau regard sur des chansons qu’on pensait pourtant bien connaitre. Ainsi, il creuse ses titres jusqu’à l’os pour en retirer la moelle, l’essence et ne garder que ça pour les faire évoluer vers d’autres horizons. Ainsi, c’est un peu les tripes sur la table et le cœur dans la main qu’il se présente pour ces relectures inédites et ambitieuses de ces chansons.
Dès le départ on se retrouve avec les larmes aux yeux et elles nous quitteront rarement tout au long de l’écoute. Vincent nous fait fondre le coeur, Masculine devient encore plus cinématographique, Spidermouth nous transporte clairement ailleurs, sans avoir besoin de médicaments pour nous évader. Mais cette captation permet aussi de réaliser une chose qu’on ne se lassera jamais de répéter : Lenparrot, c’est avant tout une voix sublime. Et elle l’est d’autant plus lorsqu’elle se brise, lorsqu’elle vibre, lorsqu’elle vit tout simplement et nous emmène avec elle, en une note, une intention.
Lenparrot a eu la gentillesse de nous offrir en exclusivité la vidéo de Vincent, qui ouvre The Boy With The String Quartet. Filmée par Jonas Marpot, en noir et blanc, elle se présente comme un making-of de la préparation de ce live spécial au Lieu Unique. Un moment suspendu dans le temps et dans la grâce. On ne le dira jamais assez, Lenparrot c’est l’émotion.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Lenparrot a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

LVP  Comment t’est venue l’idée de jouer avec un quatuor à cordes ?
Lenparrot :J’avais à cœur d’inviter le quatuor à cordes de mon père sur 3 titres d’And Then He, mais nous n’avions pas “joué ensemble” à proprement parler. J’avais enregistré l’ensemble du disque à Rennes et les sessions de cordes furent réalisées chez Capitaine Plouf, à Paris. C’est Cyril Jollard (programmateur au Lieu Unique) qui me souffla l’idée, un soir que je lui parlais de la gestation du disque. Nous avons dès lors songé à célébrer la sortie de l’album sur deux soirs: un premier seul en scène en compagnie d’invités, puis le second en acoustique – en réarrangeant l’ensemble de mon concert pour piano et quatuor à cordes.

LVP  Ta musique m’a toujours semblé ambitieuse et orchestrée. C’était un cadeau pour toi de lui donner un aussi bel écrin ?
L :C’était inespéré d’avoir une telle opportunité. J’ai toujours opté pour un certain minimalisme dans mes arrangements, mais arranger constitue déjà une déviation entre le moment où naît une chanson au piano et celui où je l’étoffe à l’ordinateur. Je suis donc reparti de la plupart de mes piano-voix, pour les habiller de cordes. Parfois en toile de fond, souvent au premier plan, créant des jeux d’ombres avec ma voix. J’ai passé le mois de décembre à Paris en compagnie de mon grand-père Bernard Lallement (compositeur et chef de chœur) à mettre sur pied l’ensemble de ces arrangements. Jamais de ma vie je n’avais été aussi inquiet et impatient avant un concert.

LVP  Toi qui joues seul sur scène la plupart du temps, cette expérience t’a-t-elle donné envie de repartir sur la route avec des gens ?
L :Absolument, oui. Avec eux, déjà ! J’ai à cœur de pouvoir rejouer ce concert le plus possible. Et plus largement, ce concert est arrivé après que j’aie passé près d’un an en solitaire sur scène. J’y ai pris un plaisir fou, mais je souhaite retrouver un – voire plusieurs – camarade(s) de jeu.

LVP  Ce qui ressort le plus de cet EP c’est la manière dont l’émotion de tes chansons est captée. C’était un défi pour toi d’arriver à capturer cette vérité ?
L :Pour ce faire, j’ai eu la chance d’être épaulé par mon ami et ingénieur son Olivier Bastide, qui avait songé à tous les paramètres nécessaires pour faire de ce concert un véritable “enregistrement public” plutôt qu’une simple captation. Le film a été réalisé par Jonas Marpot (déjà à l’œuvre lors de notre Concert à Emporter pour La Blogothèque), assisté de mes amis Noé Mercklé et Pauline Théon. Je suis le moins bien placé pour avoir un avis objectif dessus, mais il me semble que l’émotion présente ce soir-là est parfaitement restituée. Nous avons à peine retouché la voix et les instruments. Parfois c’est sur le fil, ça bouge, et c’est ça l’intérêt d’un concert. La sobriété du noir et blanc dans les images de Jonas fonctionne à merveille, c’est poignant sans sombrer dans le pathos. Il était inutile de tenter de souligner quoi que ce soit. Tout est déjà là (rires).

LVP  Tu penses qu’il y a une façon idéale d’écouter ta musique ?
L :Je n’ai aucun conseil à prodiguer là-dessus, à partir du moment où les morceaux sortent, chacun est libre de se les approprier comme bon lui semble. Après, j’émets des doutes quant à produire une musique appropriée pour le footing (rires). Avec cet EP, j’espère juste être arrivé à capturer l’émotion présente au Lieu Unique ce dimanche soir. Ces 6 titres (7 si l’on compte la reprise de Prince) forment une petite parenthèse, un moment hors du temps. Encore aujourd’hui j’ai du mal à trouver les mots appropriés pour parler de ce show. Sans déconner, c’était la plus belle soirée de ma vie (rires) !
LVP  J’ai l’impression que ” The Boy With The String Quartet” est un peu la dernière page du livre “And Then He”.  Peux-tu déjà nous parler de ton futur ?
L :The Boy with the String Quartet sert en effet d’excipit à And Then He. J’ai parfois perdu pied durant la réalisation de ce premier album, émotionnellement c’était les montagnes russes. Non que je regrette quoi que ce soit, c’était un privilège d’être aussi bien entouré pour le faire. Mais sortir ces relectures permet d’entendre ces chansons dans leur plus simple appareil, au plus proche de l’émotion recherchée lors de leur écriture.
Concernant la suite, j’ai le squelette du deuxième album. Nous nous sommes retrouvés avec Tonus et Pégase au mois d’août à La Maison du Fvtvr, et avons enregistré deux premiers titres. J’en suis vraiment heureux. Je réfléchis également à une nouvelle façon d’aborder la scène, j’attends que l’enregistrement du deuxième soit terminé pour y voir plus clair mais une chose est sûre: ce sera aux côtés d’Antonin (Tonus). D’autres collaborations sont en cours, Juveniles et moi travaillons sur un projet en duo. Il y a un premier EP quasiment terminé, vous devriez en entendre parler bientôt. La Mverte et moi avons très envie de bosser ensemble, aussi. Voilà, vous savez tout (rires).
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