Pour poser le cadre, la première fois que nos oreilles ont eu vent de Sacha Gordon, nous étions au cœur de l’été à Pete the Monkey. L’artiste et son groupe, qu’il appelle The Weird Orchestra, montaient alors sur la scène la plus champêtre du festival, en costumes et robe à dentelles. Ils y livraient un concert à la fois doux et touchant entre bottes de pailles, vaches normandes et champs à perte de vue dans un tableau qui collait parfaitement à l’expérience.
Dès lors, Goodbye Babyblue, le premier disque de l’artiste, s’est tout naturellement glissé dans nos playlists, son titre éponyme en pole position. Sacha Gordon illustre et raconte les histoires avec le talent d’un cinéaste en musique, à la manière des grand·es Andrea Laszlo de Simone ou Lana Del Rey. En choisissant d’accompagner sa voix grave et ses thèmes au spleen assumé d’accordéon ou de violon, l’atypisme des arrangements renvoie indubitablement à tout ce qu’on aime dans l’héritage des sixties. Aujourd’hui, il revient nous combler dans un décor plus vintage que jamais avec The Day Lady Rachel Died et un clip empreint de mélancolie.
Si le titre annonce un nouvel EP à paraître cet automne, il est avant tout un récit se suffisant à lui-même, une ritournelle aux accents funéraires brillant par sa sincérité et le serrement de cœur qu’elle provoque. Construit dans un jeu de questions-réponses entre la voix de l’artiste d’un côté, l’accordéon et le violon de l’autre, le morceau se déploie sur différentes nuances d’intensité jusqu’à atteindre son climax aux chœurs plaintifs déchirants.
Ici, il s’agit d’accepter le deuil en laissant revivre des souvenirs, ce que le clip illustre à merveille dans un noir et blanc nostalgique moucheté de quelques touches de couleur et d’espoir, une conception du temps espiègle et des tableaux poétiques. De quoi nous rendre plus qu’impatient·es de découvrir son prochain disque que Sacha Gordon présentera lors d’une release party au POPUP! le 7 décembre prochain.
En perpétuelle recherche d’épaules solides sur lesquelles me hisser pour apercevoir la scène, je passe mes concerts à faire les chœurs depuis la foule.