Fabrice Cabrera nous a raconté la reprise du Weekend des Curiosités
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Auteur·ice : Joséphine Petit
22/07/2022

Fabrice Cabrera nous a raconté la reprise du Weekend des Curiosités

Alors que cet été signe le retour des festivals en grande pompe après deux ans d’absence et d’éditions réduites, il nous a semblé important de donner la parole à ceux qui font en sorte que ces fêtes existent. Et plus encore, à ceux qui s’engagent pour défendre des valeurs qui les font vibrer au même rythme que nous. Festival de cœur de nombreux·ses toulousain·es, le Weekend des Curiosités a su jouer des coudes depuis dix ans pour s’imposer dans le paysage français des acteurs de la découverte, l’une des raisons pour lesquelles on l’aime toujours plus chaque année. Nous avons fait le bilan au quatrième jour de cette édition avec Fabrice Cabrera, président de l’association Les Curiosités.

La Vague Parallèle : Salut Fabrice, on se rencontre le dernier jour du Weekend des Curiosités, un festival dont tu es le président de l’association. Comment tu vas aujourd’hui ?

Fabrice : Un peu fatigué, mais ça va. Il y a trois jours de festival, mais aussi beaucoup de préparation et de réunions en amont pour réaliser un évènement comme celui-là. Fatigué, mais content car ça s’est bien passé. Il y avait des intempéries qui devaient peut-être gêner, mais au final tout s’est bien passé. On a eu une bonne fréquentation et les gens étaient contents. Je pense que c’était une édition de reprise réussie !

LVP : Ça fait plaisir de retrouver le festival après deux ans d’absence. Comment est-ce que vous avez vécu la reprise avec les équipes ?

Fabrice : Un peu comme dans tous les secteurs. En deux ans, il y a eu quelques modifications d’équipe. Ce qui est bien aussi, comme pour tout festival, c’est l’investissement des bénévoles. Dans ce festival, il y a des intermittents, mais également des bénévoles, et sans eux le festival ne serait pas possible. Ils ont tous répondu présents pour cette édition. C’est vrai qu’après deux ans, on pourrait se poser la question de savoir s’ils auront oublié. Au final, on a une équipe fidèle depuis des années. On essaie nous aussi de bien les recevoir, c’est important.

LVP : Quels ont été les challenges auxquels vous avez été confrontés pour monter cette édition après deux ans d’absence ?

Fabrice : C’était surtout de savoir si les gens seraient toujours au rendez-vous. C’est un festival un peu particulier parmi tous les autres : ici il n’y a que de la découverte dans la programmation. Il y a de plus en plus de grands festivals avec des programmations un peu similaires, alors qu’ici on reste vraiment sur de la découverte. Cela permet à des artistes émergents de faire des scènes dans un bon cadre. Je viens beaucoup de l’underground aussi, des assos toulousaines qui organisent des concerts dans des bars, des caves, et parfois des squats. Il y a de moins en moins de lieux pour s’exprimer pour ces artistes-là, mais il faut bien qu’ils commencent quelque part. Ce festival est un peu l’entre-deux : entre les groupes qui jouent dans des bars et des petits lieux, et ceux qui jouent dans les grandes salles et gros festivals. Le Weekend des Curiosités est un festival passerelle entre les deux. Beaucoup de groupes qui remplissent aujourd’hui des Zénith sont passés par ce festival il y a quelques années. On espère que sur cette édition, dans quelques années, d’autres artistes de la programmation seront à ce niveau, qu’ils n’oublieront pas non plus d’où ils viennent, et répondront parfois à l’appel de structures moins importantes. Nous, on sera là pour les soutenir.

 

LVP : L’association dont tu es le président s’appelle Les Curiosités. Est-ce que vous êtes aussi à l’origine des soirées Curiosités du Bikini qui ont lieu tout au long de l’année ?

Fabrice : Oui, tout à fait. Ces soirées nous tiennent à cœur pour l’entrée accessible, qui est aussi le but du festival. Ce sont des soirées à cinq euros, qui restent sur de la découverte. Il y a toujours deux groupes de l’extérieur, un qui commence à être connu, et un en découverte. Mais ce qui nous tient aussi beaucoup à cœur, c’est la scène locale. Il y a toujours un artiste de la région.

LVP : Et ensuite la programmation de ces soirées ne rejoint pas systématiquement celle du festival ?

Fabrice : Parfois oui, mais pas forcément. Ces soirées amènent quand même au festival. Elles permettent de sensibiliser le public au lieu et à l’évènement, et d’arriver à l’apogée, c’est-à-dire le Weekend des Curiosités.

LVP : En termes de programmation cette année, on reste fidèle aux valeurs du festival, avec des artistes émergents tous styles confondus. C’est important pour vous d’être éclectique tout en restant toujours sur de la découverte ?

Fabrice : Exactement, on veut de l’éclectisme dans la programmation : du rock, du hip-hop, de l’électro, etc. On travaille aussi sur la tranche horaire : ça commence très tôt pour aller jusqu’à cinq heures et demi du matin. Il y en a pour tous les publics et toutes les tranches d’âge, même si parfois les anciens tiennent plus que les jeunes (rires). Il y a une totale mixité dans le public, tout le monde se mélange et se partage. Il y a aussi beaucoup de gens qui n’écoutent qu’un style de musique. Pour eux, c’est intéressant, ça leur permet de découvrir d’autres choses. Parfois ils ont l’habitude de ne voir que des DJs, et ça peut les fasciner de se retrouver devant des artistes de rock par exemple. Ça permet d’ouvrir à d’autres univers, de pousser les gens à s’ouvrir à des esthétiques qu’ils n’auraient pas eu le réflexe d’aller voir autrement. C’est top !

| Photo : Louis Derigon

LVP : Le festival a connu plusieurs configurations ces dernières années. Est-ce que tu étais déjà président à l’époque où il avait lieu sur le port ?

Fabrice : Non, mais je suis bénévole depuis la première édition. À l’époque, j’étais président d’une association qui s’appelait Progrès Son, que j’ai montée à Toulouse avec quelques amis. Et tous les bénévoles de Progrès Son étaient bénévoles aux Curiosités. On s’occupait de toute la gestion bénévole et des scènes locales, puisqu’on était très ancrés dans le local. L’aventure a commencé comme ça, et depuis on est toujours restés fidèle à cette structure. On m’a proposé il y a quatre ou cinq ans de prendre la présidence de l’association, et j’ai accepté. Mon leitmotiv c’est que ce soit accessible financièrement et que ça reste de la découverte. Ça m’intéressait de revenir sur le site du Bikini, dans des dimensions plus humaines, et qui reste à la base de l’association des Curiosités qui fonctionne toute l’année. Peut-être que ça évoluera à l’avenir, mais tout en gardant toujours cette petite dimension.

LVP : En tout cas, je trouve que le Bikini permet d’envisager l’espace différemment du port, et de tenter de nouvelles choses, comme la scène sur la piscine. L’aménagement n’est pas réduit à la seule salle du Bikini. Amener la musique en dehors des murs d’une salle de concert, c’est aussi la faire vivre finalement ?

Fabrice : Exactement. Puis ça permet aussi aux fidèles du Bikini de découvrir le lieu sous un autre angle. Parfois, les gens voient le parking extérieur depuis les grilles, et la piscine n’est pas tout le temps ouverte non plus. Là il y a une scène sur la piscine, et une autre sur le parking. Ça montre aussi l’envers du décor.

LVP : La journée d’aujourd’hui, le dimanche, est gratuite et essentiellement consacrée à des DJ sets associés à des activités artistiques. Décloisonner la musique pour y amener d’autres arts, ça fait partie de vos réflexions ?

Fabrice : Depuis le début, c’est une tradition que le dimanche soit une journée gratuite que l’on ouvre à autre chose que des concerts. Ça permet de faire un village créateur, et on a aussi du tatouage cette année. Il y a du mix bien sûr, parce que le fil rouge du festival reste la musique. Mais ça a toujours été une journée ouverte. On a déjà eu du skate et des démos en tous genres. Le deal, c’est d’avoir deux jours gratuits sur les quatre : le jeudi, avec la création avec Molécule, et le dimanche. Même une entrée à dix euros peut être un montant important pour certaines personnes. Ça permet de ne priver personne du festival, et que tout le monde puisse y participer et faire des découvertes pendant le week-end.

© Louis Derigon

LVP : Pour finir, est-ce qu’il y a des artistes que tu as particulièrement apprécié voir sur scène ce week-end ?

Fabrice : Alors moi je suis un peu chauvin, donc il y en a deux : c’est Lombre et Zinée, qui viennent de la région. Tous les autres sont très bien aussi, et je n’ai pas pu tout voir, mais ces deux-là restent mes coups de cœurs.

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