Fantastic Mister Zguy, raconte-moi tes États d’âme
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Auteur·ice : Victor Houillon
13/02/2021

Fantastic Mister Zguy, raconte-moi tes États d’âme

Dans “Raconte-moi“, La Vague Parallèle s’infiltre chez les artistes les plus fruités pour récolter les anecdotes, histoires et inspirations qui se cachent derrière nos albums préférés. Aujourd’hui, c’est le prince du lo-fi Fantastic Mister Zguy qui se pose avec nous pour nous parler de son nouveau disque. Une histoire de collabs, de plaisir et d’exploration. Dis, Zguy, raconte-moi tes États d’âme.

On vous a déjà parlé de Fantastic Mister Zguy. Il faut dire que, toujours avec des riffs, l’énergumène est constamment en train d’inventer de nouvelles chansons. Il revient déjà avec États d’âme, nouveau recueil de neuf titres qui apportent un brin de soleil pour l’hiver. On commence à connaître la recette, et pourtant on en redemande : des chansons sincères, qui vont droit au but, des guitares entraînantes, des collabs chaleureuses et juste ce qu’il faut de synthés pour tirer une larmichette ou deux. États d’âme est un tout à prendre ou à laisser, un ensemble hétéroclite qui va de l’ambiance à la Wes Anderson sur Plongé dans mon casiotone à la ballade poignante The Other Guy (la si douce claque de l’album) en passant par des moments de partage entre bros (Gaétan Nonchalant, Pi Ja Ma, Th da Freak). Au final, celui qui en parle le mieux, c’est encore ce bon vieux Zguy.

 

Plongé dans mon casiotone, validé par le fiston

Paroles écrites par mon reuf, produite à 100% sur un Casiotone, dans mon pieu, mis à part la batterie. C’est une de mes préférées de l’album, elle est très candide. Surtout, c’est la chanson préférée de mon enfant. Dès que je la mets, le mec danse. C’est validé, tamponné par le fiston. Elle a un côté comptine, je l’ai calée dans une playlist entre Vive le vent et Ah les crocrodiles et elle passe nickel. C’est donc qu’elle est réussie. Ça fait un peu mal de me dire que je suis plus dans la vibe Henri Dès que Mac DeMarco, mais bon. Même si attention, je suis un gros digger d’Henri Dès : à huit ans, pour moi les Beatles étaient totalement dans son ombre.

 

Faire tourner la terre ft Gaetan Nonchalant, le pilier de l’album

Gaetan est venu boire des bières à la maison, et je lui ai montré cette compo qui me trottait en tête depuis un moment. Et très rapidement, on s’est retrouvés en studio pour enregistrer tout ça. C’est toujours cool de bosser avec Gaetan, de toute façon. C’est le pilier de l’album, la chanson qui m’a poussé à faire un disque plutôt que des compos isolées par-ci par-là. On a eu l’opportunité d’enregistrer au Tropicalia, un super studio, avec un certain Guillaume Jaoul. J’ai souhaité profité de cette occas pour tout dérouler.

 

The Other Guy, diggé à coup de hashtags

C’est ouf, ça fait trois-quatre ans que j’ai cette chanson. Je ne savais pas quoi en foutre, j’ai du l’abandonner vingt fois. C’est l’arrangement qui est sorti du Tropicalia qui l’a fait naître, avec cette drum et ce mellotron. Mais mes voix ne collaient pas, comme si on essayait de caler du Leonard Cohen sur de la dream pop. Putain, il me fallait une voix de meuf sur cette chanson. J’ai contacté une Islandaise sur soundcloud qui s’appelle B̶j̶ö̶r̶k̶ Brijna. Je suis allé digger loin, à coup de hashtags. Honnêtement, je pensais faire le duo avec ma sœur comme d’hab, mais elle m’a répondu en une demi-heure avec ses prises de voix déjà complétées. C’était une évidence. J’ai d’ailleurs chanté sur ses voix plutôt que l’inverse, car elle avait changé des rythmiques et des placements de mots. Elle a été une énorme compositrice sur ce morceau. Une expérience assez ouf, merci internet. C’est la chanson la plus deep de l’album avec Gisèle.

 

If I Were a Superhero, du Fantastic Mister Zguy classique

Là, c’est du Fantastic Mister Zguy classique. Je me régale, c’est ce que je sais faire. Ce genre de compo, pour moi, ça file droit. Je connais mes gammes. L’idée, c’est d’être un super héros pas forcément pour sauver les autres, mais surtout pour se sauver soi-même. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ils se mettent toujours au bord de la mort alors que dans l’absolu, ils pourraient se mettre tranquille dans un coin. Le genre de chanson qui apporte de l’équilibre à l’album. Même si je n’ai pas du tout réfléchi à l’équilibre à la base. J’avais neuf compos, ça a fait neuf chansons, et voilà. États d’âme, c’est une balade, un doux voyage.

 

C’est novembre, histoire vraie

Une chanson qui est passée par plein de versions différentes, dont une période Gainsbourg raté. Finalement, on a trouvé l’arrangement une semaine avant la fin du mix de l’album, avec cette chanson douce, calme, qui finit sur une grosse ouverture avec toutes ces guitares à la Brian Jonestown Massacre où ça pète de la disto. Sept guitares à la fin et une batterie bien sale, un truc bien badass que j’ai hâte de faire en live pour faire péter tout ça pendant cinq minutes. Aussi, c’est une histoire que j’ai vraiment vécue avec une fille qui était venue me larguer quand j’étais à Rennes, et que j’avais déposée sur le quai de la gare. Depuis, c’est la mère de mon enfant, donc ça c’est bien fini, mais c’est une chanson importante pour moi.

 

C’est comme ça ft Pi Ja Ma, gros succès auprès des nanas de 17-18 ans

On a tout fait en remote. Une collaboration hyper naturelle, à distance. Je n’ai pas encore pu rencontrer Pi Ja Ma, mais je la suis depuis tellement longtemps que j’ai l’impression de la connaître. C’est un peu roots, elle a enregistré ses voix directement à l’iPhone. C’est lo-fi, j’étais dans un confinement un peu dur sans aucun matos. J’ai fait appel à dix musiciens sur la chanson, dont Gaetan aux guitares acoustiques et Didacte aux synthés. Alexandre Grôlée aux batteries. J’étais comme un chef d’orchestre à distance. Évidemment, ce n’est pas une chanson pour un mec qui se branle sur les prods. Mais elle mérite d’être là et de faire son petit bout de chemin. Elle plaît vachement aux petites nanas de 17-18 ans, un truc de dingue. Encore une fois, je ne fais pas de la chanson compliquée. Ce genre de prods, ce n’est pas très prétentieux, mais c’est joli, c’est génial. Et Pi Ja Ma est pour moi une des artistes françaises qui va aller très très loin. Je suis totalement admiratif de son travail, ça a été un honneur pour moi qu’elle vienne sur l’album, comme Gaetan, Th et les autres. C’est énorme pour moi d’avoir ces trois-là en collab.

 

I Want You in my Bed ft Th da Freak, punk & gratte sèche

Encore une où je dois dire que c’est ma préférée. J’adore comment on l’a produite, la collab avec Th, c’était tellement facile. J’ai écrit la chanson en dix minutes, et quand je l’écoute j’ai la banane. On retrouve à la fois mon côté gratte sèche et le côté électrique de Th. J’aime le punk avec une touche de gratte sèche à la Juan Wauters. C’est catchy, c’est cool. Un jour, quand je serai très connu, je ferai un album avec quinze titres punk.

 

Ce joli tableau de toi, ambiance La Femme / Etienne Daho

Des paroles écrites par mon frère, comme pour Casiotone ! J’avais la chanson mais pas forcément de lyrics. Il y a toujours une volonté de ma part de bosser avec des gens que j’aime. C’est une prod qui n’est pas classique de Fantastic Mister Zguy, je suis allé explorer des trucs un peu modernes. Pourquoi n’aurais-je pas le droit de caler un petit synthé trippant de temps en temps ? Gros BPM, gros riffs de guitare par mon pote Alex… ce n’est pas forcément la chanson où je suis le plus à l’aise, mais c’est aussi la logique que j’ai envie de suivre. J’avais envie de tenter ce genre de prod La Femme / Etienne Daho. Sans être ma préférée de l’album, j’en suis content.

 

Gisèle, du rock de papa

J’aime toutes les chansons de l’album, ce sont toutes mes bébés. Mais j’ai ressenti une belle vibration sur Gisèle. Un énorme pied. C’est un peu un hommage à JJ Cale. Et ça m’a fait plaisir de chanter comme un daron, à l’ancienne. C’est du rock de papa, je me suis projeté en me disant que je ferai un album dans cette veine-là à 60 ans, ambiance studio Mississipi trippante. Je me suis surpris. C’est encore une preuve sur l’album que j’essaye de faire des chansons qui sortent du moule lo fi, feel good. C’est peut-être le premier album où je me mets en danger.

 

États d’âme, bientôt au Pop-Up ?

Cet album a été un bonheur à faire. C’est toujours un bonheur, mêlé à beaucoup d’angoisses. La sortie est un moment extraordinaire, suivie d’un retour à la réalité quand tu vois que tu as eu 500 plays sur ton titre alors que tu en attendais l’infini. Retour de bâton, beaucoup d’humilité. Et continuer à bosser, tripper, faire ce qu’on aime. C’est ça la vie. Ça, et des énormes concerts. Je vais te dire, j’ai placé des pions au gouvernement pour avoir la date de reprise avant tout le monde. Là, je book le Pop-Up du Label pour être le premier concert de toute la région parisienne. Là, sold out, tout le monde est là, même les gens qui ne m’aiment pas. Et là, énorme concert de fou.


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