| Photo : Estelle Hanania
Une femme aux mille vies. Assurant avec maîtrise un grand écart entre lyrisme et techno brute, Mathilde Fernandez ne semble connaître que peu de limites. Si la Belge nous a rapidement fait chavirer les cœurs et les corps au sein du tandem ascendant vierge, c’est en solo qu’elle revient pour nous dévoiler la suite de son exubérant Final Vegas sorti début 2020. Avec Fard, un morceau écrit et pensé pour le regretté Christophe, elle se saisit de toute sa verve ensorcelante pour un instant suspendu. Un premier extrait de son EP Sensible, prévu pour le 21 mai prochain.
J’ai écrit ce morceau en 2018, il plaisait à Christophe, on se faisait écouter nos maquettes. Je le lui avais donné pour son album qui était prévu, peu avant son décès.
On avait déjà été saisi·es par Fard lors de la session piano-voix de la chanteuse au Botanique de Bruxelles, en février dernier. Un morceau romanesque, qui vient emprunter à une Mylène Farmer ou à une Kate Bush toute la maestria des aigus célestes impossibles, tout en y intégrant le mysticisme si propre à Fernandez. On est loin des kicks lancinants et des productions clubbys de la discographie passée de la chanteuse. Elle semble plutôt ici se plonger dans le registre chanson. En résulte un titre délicat et intense à la fois, qui ne va pas sans rappeler la couleur de Christophe.
J’ai beaucoup écouté son dernier album Les vestiges du chaos et je crois que ce morceau m’y fait penser. Dans la douceur et la rudesse du propos, des sentiments qui nous traversent, un mélange de doux et de violent.
Intime, personnel et sincère
De la maquette de Fard, gorgée d’une certaine symbolique à la suite du décès de Christophe, Mathilde Fernandez a voulu en garder l’essence. D’où cet esprit éthéré, qui fait se poser le timbre de la chanteuse sur une composition brumeuse. Pour ce faire, elle s’est entourée de Timothée Pédron et Kiran Dahan, deux amis et collaborateurs de longue date. Elle confie : “Nous faisions partie d’un même collectif La Tendre émeute, ils ont été très à l’écoute et je pense qu’on a réussi à créer quelque chose de très “Christophe” sur ce morceau.”
Les visuels qui accompagnent cette sortie, ainsi que la pochette du projet, sont signés de la photographe française Estelle Hanania. Des clichés hypnotiques, à la texture presque irréaliste, et qui s’érigent en véritables notes d’intention de Sensible : “Cela en est une illustration directe et joue avec ce mot : le rouge aux joues, dans un portrait frontal, sans fards.” Rendez-vous dans un petit mois pour la suite de cette aventure intime, personnelle et d’une sincérité frissonnante.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.
