Faux Real, l’histoire d’une alchimie fraternelle
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Auteur·ice : Océane Briand
05/05/2020

Faux Real, l’histoire d’une alchimie fraternelle

Aujourd’hui, le duo franco-américain Faux Real se présente à nous avec ce premier EP éponyme et à l’esthétique enjôleuse. Gare aux impressions, car même si les deux semblent appartenir au milieu depuis des années, il se trouve qu’ils ne sont actifs que depuis deux ans. Ils ont notamment accompagné en tournée quelques figures incontournables telles que Kirin J. Callinan, YAK ou encore Metronomy. C’est donc avec cette première formule qu’ils nous surprennent vivement, à l’aide de ces cinq morceaux débordant d’une énergie grandissante et témoins d’envies irrépressibles de donner la parole à une créativité infinie.

Bien que la définition d’alchimie soit en elle-même abstraite, il s’avère malgré tout que son existence est réelle. Parfois cette notion commence à prendre tout son sens et à trouver ses racines au sein du cocon familial. Pas tous certes, et on envie bien ceux pour qui la complicité fraternelle survit malgré les aléas du temps et les acteurs qui s’y opposent. Chance inouïe qu’est celle de Virgile et Elliott Arndt, alors. Deux énergies qui au fil du temps n’ont fait qu’une, deux personnalités certainement distinctes, mais deux âmes qui ont tant à partager. La fusion des deux s’est ainsi faite afin de laisser s’exprimer les voix qui vagabondent dans leurs esprits. Et quel meilleur medium que la musique pour leur laisser cette liberté ?

Faire équipe avec sa moitié partiellement identique d’un point de vue génétique est fréquent dans l’industrie musicale, que ce soit avec les frères Gallagher, Wilson ou encore Butler. Parfois cela se déroule convenablement et contribue au succès de certains projets et, dans le cas contraire, cela tourne à la déraison. Mais loin de nous l’envie de généraliser et que le schéma mancunien se répète avec Faux Real, encore plus avec des débuts aussi significatifs. Une première lancée manifeste d’une complicité atypique car, au-delà de la musique, ce sont des chorégraphies synchrones et avant-gardistes qui viennent s’additionner à leurs savoirs déjà multiples. Des chorégraphies synonymes d’une œuvre en mouvement constant, incarnation de leur désir d’aimer autrui et de partager, porte-paroles d’une union qui n’a pas eu tort de naître.

Sorti il y a quelques jours, ce premier opus est sans conteste le produit d’heures de recherches et le résultat d’une créativité débordante. Le concept d’un Faux Réalisme comme ils le défendent si bien fait office de fil conducteur entre les cinq titres, se présentant comme un melting pot des genres musicaux et rassemblant ainsi des influences allant du post-punk au glam rock, tout en passant par le R’n’B. Kindred Spirit, titre d’ouverture, est résolument addictif, se suffisant à lui-même pour nous mouvoir jusqu’à plus pouvoir. Une ode à l’importance de se connecter avec notre environnement afin de trouver la meilleure version de soi-même et être en adéquation absolue avec le monde extérieur. Ce morceau met également l’accent sur leur lien fraternel, “Half the time / I’m in my mind / The other half / We’re intertwined /” et démontre l’interconnexion intemporelle de leurs âmes.

Une complicité fraternelle qu’on leur jalouse terriblement, et déjà parfaitement illustrée dans leur premier single Second Sweat. Se joignait à celui-ci un clip leur permettant de se faire un nom parmi les grands. Habillés de leurs iconiques vestes à franges, pieds nus et faciès décomplexés, les deux se présentaient déjà comme de fervents adeptes du laisser-aller. Boss Sweet pourrait être la preuve concrète que notre fanatisme envers les deux garçons restera inchangé au fil du temps, tant notre admiration est sans fin. Deux voix angéliques combinées à une synth-pop éthérée, combo délicieux nous conviant à une déconnexion totale. L’hypnotique Come Thru reste très semblable quant à l’effet procuré chez l’auditeur. On retrouvera notamment le multi-instrumentiste Jay Watson (Pond, Tame Impala) derrière ces jeux de batterie soignés, mais également à la co-production de cet opus. Opus donnant lieu à un ensemble de morceaux à la justesse irréprochable, des bangers psychédéliques, barrés et d’une finesse remarquable, avec des influences oscillant entre le monde de MGMT, Part Time ou encore Connan Mockasin.

Ce premier EP se veut comme une œuvre novatrice, incandescente et rafraîchissante, que l’on écoutera sans relâche tant il en découle quelque chose à la fois d’enchanteur et d’accrocheur comme jamais entendu auparavant. Faux Real est né et à partir d’aujourd’hui, leur évolution ne pourra qu’être croissante, et ce jusqu’à ce qu’ils atteignent le climax d’une reconnaissance suffisante. Et leurs concurrents n’ont qu’à bien se tenir, car les fils cachés d’Ariel Pink ont frappé fort, et les prochains chapitres s’annoncent déjà terriblement prometteurs.

© Crédit : Megan Hullander

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