First shot : L'aventure folk de Richard Allen

Dans First Shot, la rédaction de La Vague Parallèle mise une pièce sur des artistes qui font tout juste leur entrée sous les projecteurs. Cette fois-ci, nous nous sommes laissé envoûter par la folk réinventée de Richard Allen. Avec Locust Tree Lane, Richard Allen nous invite dans son univers délicat flirtant entre ses racines folks et sa passion pour un jazz épuré.   

La découverte de nouveaux artistes est toujours vécue comme un moment particulier. L’instant même où l’on entend un album pour la première fois, où l’on perçoit ses sonorités, sans en attendre quoi que ce soit. Et là soudain, la magie opère. On est alors envahi de cette sensation d’émerveillement, qui nous traverse tout au long de cette découverte. Cette sensation, Richard Allen arrive à la cultiver pendant près de quarante minutes avec Locust Tree Lane.

Né à la fin des années 80 dans un comté rural du centre de l’Angleterre, c’est à l’âge de quatre ans que sa famille déménage en France. Une mixité culturelle se traduisant par des influences musicales recherchées. Ce déracinement soudain ne fut que bénéfique pour Allen qui se plonge à corps perdu dans la musique. Une échappatoire émotionnelle passée aux côtés de John Martyn, Joni Mitchell, voire Nick Drake dans les oreilles. Cette découverte de nouvelles sonorités authentiques marque ainsi la trajectoire musicale de l’artiste.

Après une première aventure musicale écrite avec Wolves & Moons, signant alors deux EP en 2012 et 2013, Allen a besoin de se recentrer sur lui-même. Une aventure transitionnelle plus que bénéfique de par son assurance gagnée en tant qu’auteur-compositeur. Après son expérience avec Wolves & Moons, c’est vers la chaleur de son petit studio que Richard Allen décide de revenir. C’est ainsi qu’Allen, avec sa guitare comme seule présence, enregistre ses morceaux toujours plus intimes. Ce que l’on pourrait prendre pour le souci du détail est en réalité la véritable force de l’artiste qui arrive à nous proposer des titres travaillés aux couleurs toujours plus chaudes au fil des écoutes.

En 2014 sort alors The Front Room, un premier album ne laissant place qu’à la voix suave d’Allen accompagné de sa guitare. Douze titres épurés musicalement, nous faisant ressentir les profondes émotions qu’il a pu y déposer. Une esthétique brute nous rappelant les débuts de Stu Larsen ainsi que la profondeur de Laura Marling. Deux ans plus tard, Richard Allen nous propose un EP de quatre titres, High, dans la lignée de son premier album. Quatre titres avec lesquels on sent qu’Allen ose plus et continue assurément sa quête musicale débutée quelques années plus tôt.

Cette quête arrive ainsi à son terme avec la sortie de Locust Tree Lane. Véritable chef-d’œuvre de l’artiste, cet album nous révèle qui est Richard Allen. Ayant peaufiné le moindre arrangement jusqu’au plus infime détail, c’est un incontestable travail d’orfèvre que nous propose Allen. De sa plume sincère à ses arrangements débordants d’émotions, il arrive sans difficulté à nous transporter dans son univers. Accompagnée ici du multi-instrumentaliste Sylvain Kenny Ruby, la guitare d’Allen se mélange alors au saxophone ou à la clarinette de Ruby, apportant ainsi une incroyable nouvelle épaisseur musicale à l’album.

Ce délicieux mélange de sonorités se révèle dès le début avec The World on Your Chest ou This Feeling of You, véritable coup de cœur personnel. Une savoureuse expérience musicale dont Allen rêve depuis son plus jeune âge, venant alors se clore avec Between the Ashes & the Dream. Un dernier bijou venant fermer ce chapitre de la plus belle des manières. Between the Ashes & the Dream représente ainsi toute la force de Locust Tree Lane, toute l’émotion et la générosité que l’artiste a pu y déposer pendant toutes ces années. Et si Allen vient tout juste de terminer ce qui peut s’apparenter au plus gros chantier de sa vie, on peut déjà vous dire qu’on a hâte de découvrir sa prochaine aventure.