Fishbach : l’amour et la mort
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Auteur·ice : Charles Gallet
28/01/2017

Fishbach : l’amour et la mort

Quand on pense à Fishbach, deux mots reviennent forcément en tête : l’amour et la mort. La mort d’abord car celle-ci semble planer sur la musique de Flora comme une ombre à la fois amicale et inquiétante. Elle est partout, dans quasiment toutes ses chansons mais aussi bien souvent dans ses mélodies. Le second, c’est l’amour, qui est présent en filigrane dans ses chansons mais surtout chez nous. Car au final il est impossible de ne pas tomber sous le charme vénéneux de la Rémoise.
On avait eu plaisir à la découvrir avec son premier EP sorti en novembre 2015 et la magie avait opéré de suite, renforcée il est vrai par des prestations habitées et envoutantes où, seulement armée de sa guitare, de son ordinateur et de son charisme magnétique et dérangeant, elle nous faisait chavirer et nous emmenait dans son monde à la fois théâtral et cauchemardesque par moment, mais invitant toujours à la danse. C’est donc avec une attente non feinte et une excitation fébrile qu’on attendait son premier album A ta merci.

Fishbach, c’est le croisement improbable entre Ian Curtis et Desireless, un enfant fou biberonné en même temps au Jean Pierre Mader et aux Cure. Le mélange est étrange mais devient pourtant profondément évident à l’écoute des 12 chansons qui composent cet album. Elle y  rend ses lettres de noblesses à un style musical souvent moqué, mais pourtant tellement essentiel : la variété.

Au delà de toutes les espérances et attentes qu’on avait placées en elle, Fishbach non seulement nous rassure, mais réussit encore à nous surprendre. Elle réveille les morts et les enlace, sa musique à la fois inquiétante mais toujours follement dansante, n’en finit plus de nous intriguer alors qu’on l’explore et qu’on se perd en elle.

On retrouve sur le disque des chansons qu’on avait adorées sur scène, comme Le Chateau ou On Me Dit Tu, deux titres qui parlent de la mort – et qui la fait parler pour la seconde -, mais deux titres qui nous font furieusement penser aux Rita Mitsuko, dans sa façon de traiter des thèmes sérieux de manière légère.
Du premier EP, on retrouve uniquement la pierre angulaire de celui-ci, Mortel, légèrement retravaillée pour l’album mais toujours aussi efficace et d’une immédiateté assez évidente. On découvre aussi de nouvelles pépites comme Eternité ou Y Crois Tu.

On voit dans Feu un théâtre d’ombres chinoises, des fantômes qui dansent, un train hanté qui passe, une musique de rêves et de cauchemars, entre balade onirique et transe intemporelle. On y voit aussi l’urgence, que la belle Rémoise aura gardé de sa période punk, sur Un Autre Que Moi. Ça sent parfois le souffre, la violence réprimée, tout ces sentiments qu’on garde en soi mais qui finissent par exploser de manière brutale. On y croise enfin la tendresse et la sensibilité sur A Ta Merci, qui clôture l’album et qui nous fait dresser les poils et monter les larmes.A ta merci est un titre intéressant pour un premier album. Au final si la jeune femme se livre et se met à nu dans ses morceaux, c’est nous qui nous retrouvons à sa merci, prisonniers d’une musique à la fois référencée et personnelle, foisonnante et labyrinthique dans laquelle on prend si facilement plaisir à se perdre.

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