Flavien Berger / Bagarre: faille spatio-temporelle aux Nuits Bota
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Auteur·ice : Clément Bacq
23/05/2016

Flavien Berger / Bagarre: faille spatio-temporelle aux Nuits Bota

Un concert d’une autre dimension au chapiteau des Nuits Botanique vendredi 20 mai.

Sur le papier, cette soirée était remplie de promesse. Le tendre Flavien Berger et les gamins en survèt’ de Bagarre qui prennent possession du Chapiteau (en dernière minute à la place de l’Orangerie) pour en faire un joyeux cirque. On a le sourire en coin et les yeux qui brillent déjà.

Ajoutez à cela un temps des plus radieux, une bonne pointe de coolitude qui flotte sur la terrasse du Botanique et de la bière à flot, et ce concert aurait presque des allures d’événement le plus SWAG de l’année.

On engloutit notre dernière Maes au soleil en vitesse avant de se précipiter dans l’arène, et c’est déjà Bagarre qui envoie du lourd avec l’intro la plus subtile du monde: “Bonsoir nous sommes Bagarre”.

Les 5 kids déploient pendant 40 minutes une énergie folle pour donner vie à leur musique. Le public est en nage au bout de trois morceaux. Bagarre s’amuse clairement à jouer avec la salle, avec ce léger sourire de satisfaction d’un gagnant faussement modeste. Petite claque sur “Mourir au club” et “Ris pas“, malicieux comme tout, qui nous prouvent que les Bagarre n’ont pas simplement la classe de russes qui dansent le gabber, mais qu’ils savent également manier la langue avec génie. Le tout donne un set très complet, bien exécuté et amusant. Bien joué.

Pause bière, pause clope, pause pote, et on y retourne.

On commence à connaître le beau Flavien sur le bout des doigts. On vous en a d’ailleurs déjà parlé ici, et . Totalement conquis par Leviathan, son premier album, on arrive dans la salle avec la sensation de retrouver un ami proche. Une jolie mélancolie à l’image du concert.

Fabulous Flav’ a toujours cet air de goguenard-bienveillant, se laissant aller à ses divagations entre “Bleu Sous-Marins“, “Ocean Rouge” et “Gravité“. Il s’emploie à faire coller ses beats sur les oscillations de la foule. Tout le monde ferme les yeux et hoche la tête, et on caresse un bref moment de plénitude. C’est peut-être ce que Flavien sait faire de mieux: apaiser les consciences.

Moment de grâce lorsqu’il se risque à descendre dans la foule lors du très beau “Trésor“. Flavien a des airs de Jésus Christ suivi par ses fidèles, qui imitent ses faits et gestes dans une chorégraphie digne de la danse d’Hélène sur “Les mâchoires serrées au milieu du Trésor, les mains sur le sol, les yeux dans les yeux”.

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L’ancien bruxellois se sent un peu chez lui au Botanique, et nous gratifie alors du magnifique “Rue de la Victoire” dans sa version album, chose assez rare pour être soulignée. Et après presque une heure de set et de danse dans une jolie unité, Flavien Berger se décide à quitter la scène, par petite touche, en allant et venant entre les backstages et planches avant de se rendre à l’évidence: On ne peut pas vivre toute une vie dans le chapiteau du Botanique.

Et c’est vraiment dommage.