Flume et Toro y Moi allient leur art sur The Difference
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
11/03/2020

Flume et Toro y Moi allient leur art sur The Difference

Arrêtez tout, c’est jour de fête : Flume is back et, tout à coup, le monde va mieux. Après tout, que vaut une crise pandémique face aux nappes électroniques mielleuses de l’Australien ? Avec The Differencel’artiste signe un retour au croisement des différents univers qui ont ponctué sa discographie. Le côté dreamy des synthés de son premier album éponyme, les excentricités de sa mixtape expérimentale Hi This Is Flume et une collaboration de rêve avec Toro y Moi qui ne va pas sans rappeler celles qui ont sublimé son tant acclamé album Skin, de Tove Lo à Beck. Accompagné d’un clip hallucinant et halluciné par son compatriote de toujours Jonathan Zawada, Flume nous offre le premier titre du reste de sa vie et embellit la nôtre par la même occasion. Promis, notre amour inconditionnel pour Harley Streten n’affecte en aucun cas l’objectivité de cet article. 

Si en mars dernier les errances audacieuses et parfois (trop) avant-gardistes issues de sa mixtape avaient soulevé des questions par rapport au futur de sa musique, le musicien avait quelque peu éventé le brouillard avec des sorties éparses en fin d’année. Rushing Back avec Vera Blue confirmait ainsi que la fibre de Never Be Like You ne l’avait jamais vraiment quitté, Quits avec Reo Cragun nous rappelait que l’univers du producteur se mariait toujours aussi brillamment au monde du rap et, finalement, Let You Know rendait évident que Harley Streten pouvait rendre dansant n’importe quel groupe, même les so british London Grammar. Des singles orphelins qui ont su étoffer un live explosif et hautement visuel dans lequel nous pouvions admirer Flume casser des objets, planter des fleurs, scier des noms de ville, casser des objets, faire des étincelles odorantes et (encore) casser des objets. Un show qui aura le mérite de confirmer son statut indéniable de prince de l’électro mi-mainstream mi-lo fi : ou quand un seul et même artiste plaît à la fois à ta sœur instagrammeuse et à ton cousin bobo.

Pour The Difference, c’est de l’Américain Toro y Moi qu’il s’est entouré. Pionnier du mouvement chillwave, Chazwick Bundick (de son vrai nom) n’aurait qu’à énumérer ses cinq albums studio pour étaler toute la magie de son univers. En 2019, il partageait Outer Peace, véritable manifeste de groove mélancolique, oxymore fascinant qui s’insuffle aujourd’hui au monde de Flume pour construire un futur classique.

“On a réalisé ce morceau entre une journée chez moi à Los Angeles et une journée chez Chaz (aka Toro y Moi, ndlr) à Oakland. C’était la première fois que nous travaillions ensemble. Je suis un fan de Toro y Moi depuis un bon bout de temps. Son morceau Talamak est l’un de mes classiques. Je l’écoutais d’ailleurs beaucoup quand j’ai commencé à développer le projet qu’allait devenir Flume.”

En vrai roi du teasing, c’est sous le pseudonyme mystérieux de 300ZX Z31 que Streten diffusait fin février un snippet du morceau sur Spotify. Un nom d’emprunt pas si étranger pour les plus observateur·rices d’entre nous qui auront remarqué que cette suite nébuleuse de chiffres et de lettres apparaissait déjà dans le visuel de Hi This Is Flume, sur la plaque d’immatriculation de la fameuse voiture symbolique de la mixtape. Une bribe de l’instru nous avait donc déjà présenté·es à l’atmosphère du morceau, et quelle atmosphère ! Les premières notes de la track suffisent déjà pour gagner nos cœurs. Envolées vocales aiguës saccadées sur claques de synthé ouvrent ainsi le bal, avant de laisser place à la voix angélique de Toro y Moi. Aux couplets oniriques du morceau se mêlent d’abruptes percussions aux airs de drum’n’bass ainsi qu’une généreuse dose d’électro vaporeuse, infusant nostalgie et sentiments à ce banger chaloupé.

Niveau visuel, c’est l’hyperréalisme de l’artiste Jonathan Zawada qui s’applique à délivrer des tableaux aussi éthérés que le titre. Le résultat offre un split screen mesmérisant entre deux plans séquences : un premier Flume en pleine course effrénée et une autre séquence de Toro y Moi visiblement tiraillé par des jets de peinture. La lenteur d’une moitié de l’écran et la cadence de l’autre offre un décalage hypnotisant qui se savoure avec appétit. Les deux protagonistes finissent par s’entrechoquer, les deux rythmes s’accouplent et les deux plans n’en forment qu’un, symbole de l’alliage des deux rythmes, des deux univers, des deux artistes. Le tout se voit agrémenté par des effets spéciaux colorés propres à la signature Zawata qui nous transportent d’une chute d’eau en pleine ville à une constellation logée dans un entrepôt industriel. Pour les plus assidu·es d’entre vous, l’adorable chien du producteur, Percy (aka @lilfried.chicken sur Instagram), se cache dans le clip, aux alentours d’1:30. Et ça, ça n’a pas de prix.

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