Expulsée des méandres d’Internet, l’ultra pop ravageuse de fig.﹅ déroute et saccage tout sur son chemin sauf nos cœurs qu’elle berce sauvagement avec une tendresse infinie. Sa musique carbure aux synthés ravagés et aux bruits métalliques écrasés plus entraînants qu’un bacchanal apocalyptique la nuit d’Halloween. Perdu dans la matrice infinie de sa propre définition, fig.﹅ nage sous l’eau à la poursuite de l’Atlantis mythique des Klaxons et plonge dans les gargouillements de baignoire jouissifs des Late Of The Pier. Et, sur Foxtrot India Golf, enclenche le mode Blade Runner et embrase la station essence tout en faisant le plein de gazole frelaté siphonné.
Sept titres qui filent à toute allure sur le circuit de course accidenté de nos émotions. Les arrangements en chiffre binaire accélèrent dans les virages en épingle, les voix digitales et filtrées bondissent des aigus aux graves et l’asphalte fume alors que saturations et compressions exagèrent les sensations et distordent le monde sur leur passage.
Les boîtes à rythmes font des tête-à-queue catastrophiques et la production enchaîne les nids de poule avant de se vautrer avec extase dans le bas-côté. On ressort de la piste cabossé·es de partout, des bleus à l’âme et des plaies encore vives, mais le sourire jusqu’aux oreilles et le pouls qui bat la mesure et résonne de la vie, plus palpable que jamais. Un premier EP en forme de sortie de route grandiose, fig.﹅ s’échappe des sentiers battus et s’enfonce loin le long de sa propre piste, ne prêtant aucune attention aux secousses qui parsèment sa voie ni aux égratignures que lui laisse les obstacles rencontrés et aussitôt balayés.
Remède à l’apathie galopante qui gangrène nos vies depuis plus d’un an, électrochoc libérateur et pourfendeur des heures atones, les compositions désincarnées de fig. nous explosent à la figure. Une explosion brusque et insolente dont le souffle nous jette dans le caniveau. Étendu sur le trottoir, on savoure la chute qui nous fait enfin lever les yeux et contempler les étoiles. Et si par chance dans la nuit noire, l’ultra pop brûlante de fig.﹅ résonne encore par la fenêtre ouverte, le temps s’étire et l’intensité des secondes éclate. Et l’on respire une bouffée de grâce, hors du temps pour quelques instants d’éternité, pleinement et intimement relié·es au cosmos.
Essaye de faire de ma surdité rythmique un atout.