Fraternel, Résilient et Corporel : voici Monogramme, le premier album de Magenta
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Auteur·ice : Giulia Simonetti
09/04/2021

Fraternel, Résilient et Corporel : voici Monogramme, le premier album de Magenta

C’est dans un monde totalement différent que les ex-Fauve reviennent. Sous le nom de Magenta, ils nous proposent un premier album dont l’univers est, certes plus électro, mais surtout plus musical. Ce 9 avril, les nostalgiques peuvent enfin les redécouvrir, mais on peut aussi les apprécier et les féliciter pour ce nouveau départ en beauté. Pour symboliser cette sortie, nous sommes allé·es à leur rencontre, de manière covid-friendly bien sûr. C’est donc via un bel appel Zoom, qui s’est fait longuement désirer après quelques imprévus techniques, que nous avons eu le plaisir de discuter ensemble de Magenta, de l’album et de comment va le monde.

Seize titres avec lesquels nous dansons aux côtés de Magenta en vivant le rythme comme si la musique et le corps ne faisaient qu’un. Ce nouvel univers musical surprend et nous rend assez rapidement addicts à leur nouveau monde.

Le monde d’après Fauve, avant d’être plus électro, est plus musical. Indépendamment du fait que ce soit de la musique électronique, toute la démarche est centrée sur la musique dans un monde hypnotisant. On est sortis, d’une période où on était extrêmement sollicités, on mettait beaucoup d’énergie. On a été tous les 5 assez synchro pour vouloir faire quelque chose de différent. Naturellement, on s’est tournés vers quelque chose qui allait à l’encontre de Fauve. On a donc fait moins de textes. On avait besoin de se détacher et d’aller chercher quelque chose de nouveau. Dans un premier temps cette nouvelle “chose” était complètement opposée. Puis, elle a pris forme pour devenir Magenta.

Magenta et Monogramme

 

Lorsqu’on pense à Magenta, on visualise assez la couleur. Eh bien non, en réalité, c’est au boulevard Magenta dans le Xème à Paris que le nom du groupe fait allusion. Là où tout a commencé pour eux.

Mais bon, on n’a pas pris ce nom-là juste parce qu’on y était. Mais parce que ce quartier évoque quelque chose de particulier. Le boulevard Magenta se trouve dans un quartier qui correspond bien à la force évocatrice qu’on voulait mettre dans notre musique. C’est un boulevard assez sale et dur. Il est violent parce qu’il est populaire mais en même temps il est très vivant et très contrasté. Il se passe toujours plein de choses. C’est ce contraste entre quelque chose de violent et une forme assez colorée qui nous plaisait bien. Le nom vient de là et pas du tout de la couleur. Et Monogramme, c’est un nom qu’on trouvait joli par ce qu’il incarne. Ce qu’on aime avec les monogrammes c’est l’idée d’un signe de cet emblème qui suggère l’idée de destins liés. Nous avons nos destins liés parce que ça fait tellement longtemps qu’on travaille ensemble qu’on a vécu des aventures-vies communes.

C’est effectivement dans le titre Monogramme que le groupe évoque justement leur lien si fraternel, mais aussi les difficultés vécues par rapport à leurs destins liés. Avoir cette fibre fraternelle n’est donc pas un frein, bien que cela puisse être douloureux. Cette interdépendance est tellement forte qu’on la ressent au travers de leur musique. Ce lien est ancré en eux, ils font partie d’une même entité.

Répétition et introspection 

L’album commence avec Avant. Ce morceau fait référence à des moments dont on ne se souvient plus trop, un peu comme si on s’était perdu·es.

Ce morceau est important parce que c’est le premier. Il illustre cette idée que notre projet est un peu comme une séance d’hypnose. Il y a un côté vraiment thérapeutique. Avec peu de mots on peut avoir quelque chose d’évocateur. Les flashs, ce sont les souvenirs que nous avons à certains moments de nos vies, on n’a pas forcément besoin d’expliquer. C’est l’une de nos tracks préférées, même si elle est un peu énigmatique.

Ensuite on arrive sur le deuxième titre : Fatigué. Dans ce titre le groupe évoque la fatigue, qui n’est toutefois pas physique. Elle est morale, empreinte d’inquiétude, voire de désespoir face au monde qui nous entoure.

Une vraie inquiétude de l’état du monde. Parfois on se sent un peu submergés, fatigués, inquiets par rapport à ces questions. Où est-ce qu’on va ? C’est comme si on remettait un peu en cause des repères qui semblaient jusqu’à présent inébranlables. Personne ne se serait jamais imaginé qu’une pandémie allait nous bloquer pendant presque deux ans. Fatigué a été écrit pendant la pandémie, c’est une des tracks plus récentes. La thématique de Fatigué représente un peu l’état d’esprit et l’accumulation de choses qui nous tombent dessus, sur les épaules de tous. Un point intéressant à relever c’est qu’il y a à la fois une vraie inquiétude sur l’état du monde, mais aussi un vrai espoir dans la façon dont les gens prennent et gèrent les nouveaux combats. Notamment la nouvelle génération : le combat écologique, le combat féministe, sur la diversité (sexuelle, génrée). On a l’impression que la génération qui vient après la nôtre est beaucoup plus engagée, beaucoup plus déterminée à faire changer les choses. Notre génération n’a pas été tellement ça. Il n’y avait ni de vrais combats ni de vrais idéaux, et là il y en a. Cela nous pousse aussi à nous engager. Cette nouvelle génération est source d’espoir et de force.

 

Monogramme est un album qui évoque l’humain dans sa quotidienneté. On retrouve cet aspect aussi dans les clips réalisés, notamment celui de Assez, le premier titre partagé sous leur nouvelle identité. Un visuel qui entamait une série de portraits croisés, dont la suite se trouvait dans Boum Bap.

On a choisi de faire ces portraits croisés parce qu’on n’avait pas envie d’incarner le projet par nous-mêmes. Mais on a toujours voulu que notre musique soit profondément humaine. On est dans une musique électronique donc l’humain est moins au centre, mais les émotions et les sentiments sont au centre de ce que l’on fait. C’est pour ça qu’on a eu envie de réaliser des scènes de gens, raconter des histoires et se focaliser sur l’humain. Assez vite les portraits se sont imposés à nous, comme des histoires inspirées de notre entourage. Les histoires qu’on raconte, ce n’est pas un « mec qui cambriole une banque », ce sont des histoires qui sont assez proches de la réalité qu’on connaît et qui nous touche.

Le temps

Boum Bap est un morceau qui marche bien, tant au niveau sonore qu’au niveau visuel. Le thème du temps qui passe et de la perte de repères est présent. Le choix de cette thématique est fortement lié au changement de parcours que les ex-Fauve ont dû faire. Puis arrive 2019, titre interpellant, telle une pause dans l’album. Il interpelle par son caractère à la fois simple et alarmant. C’est effectivement un morceau cru qui verbalise, sans sélection au préalable, une revue de presse datant de 2019.

Il n’y a pas eu d’ordre choisi dans les grands titres énoncés dans ce morceau, c’est juste l’ordre repris d’une revue de presse. On trouvait ça curieux, intéressant, symptomatique et représentatif de ce qu’est la société aujourd’hui. Tout est au même niveau. À travers une vingtaine de titres d’articles, c’est comme si on faisait un spectre assez large des préoccupations du moment. Si on prenait actuellement une revue de presse de 2021 comme on a fait pour celle de 2019, on aurait encore une chose différente, comme une photographie.

Ce premier album symbolise un nouveau départ pour Magenta. À la fois introspectif et charnel, Monogramme laisse une empreinte en nous. Chaque écoute dévoile quelque chose de singulier, d’encore plus fort et hypnotisant.


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