Dès 2013 dans Fils du Hip-Hop, Gaël Faye décrivait ce qui l’avait fait tomber amoureux de ce style musical : “Quand les médias nous mentent, les MC font les récits / Le système est un arbre et le rap est sécateur“. Après avoir notamment abordé la cause écologique au fil de ses EPs, son dernier album Lundi Méchant fut l’occasion de s’adresser directement aux adversaires du vivre-ensemble. Et le clip de Lueurs est le dernier pavé dans une mare qui n’en finit plus de remuer.
Vous finirez seuls et vaincus.
Vous finirez seuls et vaincus. La phrase est signée Christiane Taubira, issue d’un poème qui aura marqué Gaël Faye au fer rouge. Non content d’avoir mis ce poème en musique, le musicien repartira de cette phrase pour en extrapoler Lueurs, manifeste poignant et engagé, écrit en revenant de la manifestation envers les violences policières qui s’est tenue à Paris suite à la mort de George Floyd. “Je ne peux plus respirer / Leurs genoux sur mon cou / Leur permis de tuer“, la référence à ce meurtre se veut aussi frontale que les vidéos qui ont déferlé sur la toile. Dans le disque Lundi Méchant, Lueurs fait office d’outro à Seuls et vaincus, comme pour dénoncer d’une traite les partisans de la Manif pour tous et les violences gratuites, en prêchant pour un monde plus citoyen.
L’éclat de nos vies entêtées éblouira vos en-dedans.
Le clip, lui, s’enchaîne directement avec la fin de Kerozen. On y retrouve un Gaël Faye ensanglanté, étouffé, pour un plan séquence d’une rare puissance signé Raphael Levy. Si l’audio était déjà un uppercut, les images tiennent du phantom punch de Mohamed Ali. Délivré en moins de deux minutes, le message est clair : l’éclat de nos vies entêtées éblouira vos en-dedans.
Petit, je pensais que Daniel Balavoine était une femme. C’était d’ailleurs ma chanteuse préférée.
