Après avoir crié au monde pendant plusieurs années « qu’on veut toujours les choses qu’on a pas » dans La Bérézina, Gaétan Nonchalant ravit le cœur de son public avec son tout premier EP, Tout ça pour ça. Sorti le 1er mai, il s’inscrit indéniablement dans les découvertes immanquables de cette (un peu nulle) année 2020. De quoi donner du baume au cœur aux aficionados de la douceur.
La dou-sie. Ce mot n’a pas sa place dans le dictionnaire, et pourtant il définit parfaitement l’EP de Gaétan Nonchalant. Dou-sie pour douceur et poésie. Douceur dans les rythmes tantôt binaires, tantôt ternaires, tantôt japonisants, tantôt solaires. L’humilité de cette voix qui brutalement vous apaise. Poésie pour les textes évidemment, qui vous catapultent, dès les premiers mots, dans un univers moelleux et sans artifice.
Inutile de préciser que le doute n’est plus permis, l’artiste a bien choisi son nom de scène. La nonchalance est présente, et elle rime agréablement avec l’intelligence et la profondeur de ses textes. Au fil des chansons aux thèmes évocateurs (le travail, les coup de blues ou encore les petits bonheurs), ce Katerine en herbe dévoile avec sincérité son amour des mots. Chacun d’eux semble flotter au-dessus de la mélodie, pour finalement se déposer délicatement sur des accords toujours harmonieux. Cet EP résonne définitivement comme une véritable leçon de vie. L’artiste démontre avec éclat que la poésie est le meilleur remède à la tourmente. Et c’est avec une aisance et une évidence presque insolentes que Gaétan relève le défi de traiter de sujets puissants avec une légèreté infinie. De quoi rassurer les angoissés chroniques (comme moi), qui conçoivent l’adversité de la vie comme un frein au bonheur.
C’est particulièrement le cas dans C’est la vie, une ode aux bons moments, comme aux mauvais. C’est la vie, c’est un peu la complexité de ce monde observée depuis l’espace. La nonchalance légendaire de Gaétan nous rappelle que la vie est faite de tout et son contraire : d’amour, de haine, de certitude, de doute… pas facile à accepter, et pourtant l’artiste nous en convainc de la plus simple des manières « c’est la vie, et c’est bien aussi ».
C’est un portrait moins optimiste que nous dépeint l’artiste dans Aquarium, la chanson la plus sombre de l’EP. Elle raconte avec justesse la bouleversante histoire d’un poisson abandonné dans son bocal. Livré à lui-même, le pauvre animal tourne inlassablement en rond, se contentant de rêver la vie qu’il n’aura jamais. Une métaphore audacieuse et poignante, qui ne manque pas de souligner la violence avec laquelle la vie peut être subie.
Bien loin de l’ambiance brésilienne et pop d’Oasis digitale : une chanson aux sonorités très « studio », qui détonne quelque peu du reste de l’EP. Mais pas de panique, la patte Nonchalant est bien présente, à la fois imagée et lumineuse.
La surprise de cet EP est incontestablement Genki, un hymne à l’amitié et à l’amour que porte Gaétan pour le Japon. Ce morceau, d’ailleurs interprété en japonais, est un aller sans retour dans l’intimité du chanteur. Certes, tout le monde ne maîtrise pas la langue du pays du Soleil-Levant. C’est justement en ce point précis que réside la force de ce titre. Même sans en comprendre les mots, la « puissance-douce » avec laquelle l’artiste nous raconte l’histoire est suffisante pour en comprendre le sens.
Vous l’aurez compris, Tout ça pour ça est l’EP parfait pour commencer l’année en douceur. Une chose est sûre, son public est impatient de le retrouver pour la release party de son EP qui aura lieu le 22 septembre au Trabendo, afin de pouvoir chanter en chœur : « tout ça pour ça, tout ce bruit pour rien, ça n’en valait pas la peine ! ».
J’aime créer des jingles qui m’accompagnent au quotidien et qui font de ma vie une véritable comédie musicale. En gros je chante tout ce que je fais et ça embête tout le monde.
