Geography : Le tour du monde de Tom Misch
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
22/04/2018

Geography : Le tour du monde de Tom Misch

S’il y’a bien une vertu qu’on ne peut retirer à la musique, c’est celle de nous faire voyager. Avec Tom Misch, voilà que l’on voyage toujours un peu plus loin, un peu plus fort, d’où la sobre mais très pertinente appellation de son premier album : Geography. Quatre ans après Out To Sea, sa première sortie en équipe avec la géniale Carmody, le crooner aux cheveux d’or délivre ici la maturité musicale emmagasinée tout au long de ses années de travail, de rencontres, d’échanges et d’enrichissement. Spoiler alert : c’est beaucoup trop beau.

Et sans vous mentir, ce n’est pas une surprise. En effet, tant les antécédents du Londonien nous avaient subjugués, nous ne pouvions qu’être très confiants face à ce premier opus de 13 titres. Avec des coups de coeur comme Beautiful Escape ou In The Midst Of It AllBeat Tape 2 l’avait déjà prouvé : Tom est audacieux et manie jazz et rythmiques percutantes avec une aisance et un talent qu’on ne peut que lui reconnaître. Pour cette nouvelle sortie, le côté dreampop et electronica qu’on lui connaît va laisser place à plus de groove, de riffs endiablés et de soleil, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Mais avant de dévoiler ce qui s’apparente sans difficulté à la rencontre de l’artiste avec lui-même (clin d’oeil à la jolie pochette), le premier morceau Before Paris nous livre un véritable manifeste de la ligne de pensée du jeune homme. Et juste parce que le monologue de début, – véritable déclaration d’amour à la musique – nous a hérissé les poils, il fallait vous le partager :

You have to love this thing, man! You have to love it and breathe it and—It’s your morning coffee. It’s your food. That’s why you become an artist. Art is a mirror of society, you know?

Se juxtaposent alors avec minutie les premières notes grattées avec délicatesse, suivies d’une démonstration de tout ce qu’une guitare électrique a de plus généreux à offrir quand elle est maniée avec tant de talent. Le ton est donné, et la saveur extasiante d’une limonade fraiche un jour de canicule nous envahit à l’écoute des brûlants Disco YesTick TockCos I Love You et South Of The River, tous les quatre imprégnés de vitamine D et de chaudes soirées d’été.

Ce qui fait la force d’un musicien comme Tom Misch, c’est son réseau d’influences. À 22 ans seulement, c’est d’une véritable communauté que le jeune prodige a sut s’entourer. En collaborant avec des artistes comme Jaden et Willow Smith, la sensation Ray BLK, Zak AbelJordan Rakei ou encore l’intriguant Bearcubs, c’est une identité artistique très complexe et fournie que l’Anglais s’est façonné. Aux travers des oeuvres, le rap semble avoir une place centrale et c’est avec joie que l’on retrouve les rappeurs ascendants Loyle Carner sur Water Baby et GoldLink sur le festif Lost In Paris. Côté rap toujours, c’est avec surprise que l’on se laisse emporter par le brillant It Runs Through Me partagé avec les iconiques De La Soul. Sur l’envoûtant Movie, c’est sa soeur Polly qui assure l’intro et qui tient la vedette dans le très raffiné visuel qui accompagne l’un des plus réussis titres de l’album. En plus de ces featurings, c’est par deux reprises que la pépite vient assumer ses références et ses inspirations, livrant ainsi les somptueux Isn’t She Lovely de Stevie Wonder et Man Like You de Patrick Watson, duquel il avait offert une bluffante version acoustique pour Colors Studio. Du beau monde donc pour du beau travail qui régale.

A la fin de cette ode au jazz, on ne peut que se réjouir pour la suite et de tout ce que l’incroyable Tom Misch a encore à nous faire entendre. Treize nouveaux bijoux donc, treize rayons de soleil à rajouter à une liste déjà bien garnie de tubes aussi variés qu’efficaces.


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