Glass Animals a cassé Internet pour son retour sur scène
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Auteur·ice : Jeremy Vyls
23/10/2020

Glass Animals a cassé Internet pour son retour sur scène

Ah, qu’on était impatient de les retrouver ! Comme un amour un peu perdu de vue qui resurgit dans notre vie, Glass Animals nous donnait rendez-vous “in the Internet” ce 15 octobre pour nous montrer comme ils rayonnent en live avec leur nouvel album sous le bras. Pas le date le plus excitant sur le papier : un jeudi soir d’automne dans notre salon, à attendre notre crush derrière un écran d’ordinateur… Ce serait donc ça l’amour/la musique live en 2020 ? Pas effrayés par le challenge, les Londoniens ont retourné nos cœurs et ont carrément paralysé le World Wide Web avec un plantage monumental de la bande passante, mais surtout avec un live virtuel impeccable.

Ils trépignaient de remonter sur une scène. On peut les comprendre, vu la poisse qui leur collait aux baskets depuis un trop long moment : Dreamland, 3ème album pour dorénavant jouer dans la cours des grands, sorti cet été mais reporté à plusieurs reprises à cause du chaos made in 2020 ; album qui faisait suite à une longue traversée du désert sur le plan personnel, causée par un grave accident qui a presque tout coûté au batteur du groupe ; et près de 3 ans après leur dernier concert, ils reprennent enfin la route aux États-Unis au début de l’année mais sont stoppés en plein vol par vous savez quoi… Rarement la galère n’a été aussi tenace.

Ceci est une salle de concert en 2020.

Alors, quand ils nous ont annoncé qu’on allait se revoir et qu’en plus ils avaient changé en bien, on n’a pas hésité longtemps. Charmeurs, ils nous promettaient même une “expérience unique”. On s’est donc mis dans les meilleures conditions : calé dans le canapé, l’ordinateur connecté à la télé ou au rétroprojecteur, la lumière tamisée, une bière à la main et quelques potes. Comme dans les salles de concert d’avant, plus l’attente s’étirait, plus l’excitation montait. La petite bande-annonce tournant en boucle pour nous faire patienter laisse d’abord place à un gros code QR, qui nous permet de nous amuser avec des gadgets de réalité augmentée (les têtes en 3D des membres du groupe apparaissent sur notre table basse à travers les écrans de smartphone). Pour tuer le temps, un stand de merchandising exclusif faisait chauffer notre carte de crédit, et on faisait connaissance avec les (dizaines de ?) milliers de fans sur le chat virtuel. Après une longue intro vidéo évoquant les coulisses de leur récente mini-tournée américaine avortée, ce message : “The show is about to begin…”.

 

Arlo Parks et la grosse mandarine.

Un écran d’ordinateur, quelqu’un entre un login et un mot de passe. Un chat s’ouvre, un certain wAvEyDaVeY nous écrit : “HERE WE GO”. On se retrouve face à Dave Bayley, chanteur du groupe, assis à son bureau recréé sur scène. Il entame Dreamland, morceau d’ouverture de l’album, et nous fait entrer dans son monde pour l’heure qui suivra. Le pêchu Life Itself enchaîne, et déjà on ne tient plus en place dans notre fauteuil : ceux qui ont déjà vécu un concert physique de Glass Animals savent à quel point les corps s’y déhanchent. Dave salue son public : “C’est dommage de ne pas pouvoir faire ça en personne, mais au moins il n’y a pas ce type trop grand devant vous, ou cet autre gars qui vous renverse de la bière dessus”. Pendant ce temps-là, en clin d’œil à tous les spectateurs américains, il remplit son bulletin de vote par correspondance pour l’élection présidentielle américaine, et le glisse dans une grosse boîte aux lettres de l’US Postal Service. Tangerine, un des nombreux instant classics de ce nouvel album, suit. Et première surprise : Arlo Parks vient poser sa voix d’ange sur un couplet. Une fois la mandarine géante en piñata explosée à la fin de la chanson, plongée dans les débuts du groupe avec Hazey. Un contorsionniste en special guest apporte même un côté mystérieux à l’interprétation du titre.

 

“Pool paintings on the wall”.

 

Jusqu’ici, on flirtait à merveille et tous les voyants étaient au vert pour la suite de la soirée. Mais c’était évidemment trop beau pour être vrai : en plein mash-up Black Mambo/Hot Sugar (un des highlights de la setlist), coupure générale ! Le stream plante, figeant Dave sur un matelas gonflable flottant dans une piscine virtuelle. On rafraîchit notre page frénétiquement, mais on se rend vite compte que le problème ne vient pas de nous. Oui, Glass Animals a cassé Internet. Le chat s’emballe, les fans deviennent dingues derrière leurs écrans. Un quart d’heure passe, puis une demi-heure, puis… Le groupe tweete : “nous mettons tout en œuvre pour rétablir le flux”. À mesure que le temps passe, on désespère. On se dit que ces garçons n’ont décidément vraiment pas de chance… Mais après une bonne heure d’incertitude, quand les déçus ont déjà quitté le navire et que les plus vaillants n’ont jamais arrêté d’y croire (nous en faisions évidemment partie), le concert est relancé, carrément depuis le début (les avantages du streaming live pré-enregistré) ! On se réinstalle, quelques potes retardataires nous ont rejoint, on profite de la première demi-heure en replay : tout va bien.

 

Après cet entracte imprévu, c’est au tour du gros banger, Tokyo Drifting, de relancer la machine. Comme les autres morceaux de la setlist du soir, Glass Animals a su l’emballer à merveille pour la scène : une intro étirée, des montées vers le refrain millimétrées et, cerise sur le gâteau, une apparition de Denzel Curry en visioconférence (pré-enregistrée bien sûr) ! La suite n’est que vitesse de croisière, avec les nouveaux venus Heat Waves (et sa mosaïque Zoom faite de fans projetée en arrière-scène), Space Ghost Coast to Coast et Your Love (Déjà Vu), qui s’intègrent à merveille dans l’ensemble. Un final sur deux incontournables, Gooey et Pork Soda avec sa boule à facettes en ananas géant, vient conclure cette expérience audiovisuelle aux allures de concert idéal.

On aurait pas dit non à plus de nouveaux titres (on n’a pas arrêté d’attendre It’s All So Incredibly Loud et Waterfalls Coming Out Your Mouth), mais on ne va pas cracher dans la soupe. Les 4 potes de Glass Animals ont bossé comme jamais sur ce Live in the Internet et y ont visiblement pris beaucoup de plaisir. Pour des retrouvailles live, même virtuelles, on ne pouvait pas rêver mieux. Des morceaux revisités, encore plus puissants qu’auparavant, des décors léchés et des trouvailles de mise en scène parfaites : on a hâte de ressentir les vibrations de tout cela en chair et en os. Ce sera en mai 2021. Et on espère de tout cœur que ce sera avec de la sueur, beaucoup de danse ; et surtout, avec ce type trop grand devant nous.

  • 5 Mai : TRIX (Anvers – BE)
  • 10 Mai : Le Bataclan (Paris – FR)
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