Green Onyx : un premier EP de néo-soul intimiste pour STACE
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Auteur·ice : Diego Mitrugno
18/02/2022

Green Onyx : un premier EP de néo-soul intimiste pour STACE

Toute découverte musicale a un début. Il y a deux mois, on repérait STACE dans une vidéo J’aime encore bien du PointCulture de Bruxelles. Entre les influences urbaines de D’Angelo, martiniquaises de Malavoi ou encore bossa nova d’Elis & Tom, notre curiosité était piquée. Direction une plateforme de streaming dont on taira le nom pour la première écoute de son projet Mellow. Conquis·es par la voix rythmée et soul de cette néo-Bruxelloise originaire du Sud, on se renseigne sur sa prochaine date live. Début février, on se rend donc au Beursschouwburg pour le concert/release party de son nouveau projet. Après s’être fait recalé·es deux fois de suite à l’entrée pour question de capacité limitée (crise sanitaire oblige), on abandonne, c’est full. Mais au lendemain de ce concert, on a eu la chance de rencontrer en tête-à-tête Stacy Claire, la nouvelle sensation soul made in Bruxelles pour parler de la sortie de son tout premier EP, Green Onyx. 


La Vague Parallèle : Bonjour STACE ! Comment te sens-tu au lendemain de ton show au Beursschouwburg ? 

STACE : Super bien ! Je pense que je suis encore sur un petit nuage, mais je suis juste hyper reconnaissante envers les personnes qui ont bossé pour moi. Et je suis aussi reconnaissante envers moi parce que c’est trop cool de pouvoir sortir ce travail et le célébrer avec les gens. C’était dur, mais j’ai vraiment un bon feeling du genre “Ça en valait le coup”. Et puis je me dis “What’s next ?”. Ce n’est pas une conclusion, c’est juste le point-virgule de quelque chose. Et c’est excitant !

LVP : Comment as-tu vécu cette semaine post-release de l’EP (sorti le 28 janvier 2022) ? 

STACE : Je suis un peu fatiguée. Je voulais revoir et mettre à jour la production des backtracks. Il fallait aussi répéter, faire des interviews. C’était intense, mais je suis cliente de tout ça. Il faut juste que je dorme un peu plus. (rires)

LVP : Tes parents sont martiniquais et tu as entre autres baigné dans la musique martiniquaise et le jazz via leurs goûts musicaux. Tu écoutes aussi Chet Baker, Ella Fitzgerald ou encore Erykah Badu. Pour cet EP précisément, as-tu eu des influences particulières qui t’ont entourée durant le processus de création ? 

STACE : En réalité, je n’ai pas écouté un truc en particulier. Avant Green Onyx, j’ai notamment été dans un groupe de jazz pendant longtemps et je faisais des reprises. J’étais un peu paumée et je ne savais pas quel était mon son avant ce projet d’EP. Le jazz est la première influence que j’ai eue par mes parents, mais en même temps mon frère a toujours écouté du RnB et j’ai toujours aimé ça. Au final, le RnB c’est un descendant de la black american music et c’est peut-être ça ma source d’inspiration principale. Vu que je n’avais aucun passé dans la production, je me suis laissée aller librement tout en ayant comme objectif principal d’identifier le son de STACE. Durant le processus de production, quand je recherchais des références de mixage avec Daniel Bleikolm, il y avait notamment l’artiste britannique Cleo Sol. Mais je finissais toujours par me dire que ce n’était pas encore ce que je voulais. On a tiré, un peu comme au lotto, dans notre grand bol de références musicales et j’ai réussi à réaliser un EP cohérent.

LVP : C’est d’ailleurs la force de l’EP : son empreinte musicale cohérente qui se dégage dès le premier morceau, que ce soit au niveau de la production ou de la façon dont tu poses ta voix. Personnellement, ca m’a rappelé Lianne La Havas.

STACE : Tout le monde me dit ça ! (rires) C’est marrant parce que son dernier album est sorti durant l’été 2020 et les premières chansons de l’EP datent à peu près de cette période. Elle a fait un album de break-up et Green Onyx c’est aussi un EP de break-up, donc j’étais à fond dedans.

LVP : Ton EP Green Onyx est sorti ici, à Bruxelles. Pourquoi avoir développé ce projet en Belgique ? 

STACE : Je viens de Toulouse. En même temps, je viens de Paris. Et j’ai également fait trois années d’étude à Lyon. J’ai aussi fait du théâtre et je me suis intéressée à la photographie. J’avais un peu fait le tour de ce que je pouvais faire en France et j’avais très envie de bouger, d’aller voir ailleurs, et un pote vivait justement ici à Bruxelles. J’ai donc fini par intégrer l’INRACI (Institut national de radioélectricité et cinématographie). Quand je suis arrivée ici et que j’étais seule dans ma chambre avec mon ordi et ma guitare, ça a ouvert un truc, en quelque sorte. J’ai commencé à composer, proposer mes premières chansons et ça a été bien reçu. J’ai une sorte de reconnaissance un peu mystique envers Bruxelles, c’est magique. J’aime trop cette ville où tu peux faire ce que tu veux. Et pour moi, c’est logique, le son que j’ai réussi à développer c’est un son d’ici, donc il fallait que je le partage ici.

LVP : Au niveau du sujet de Green Onyx, c’est un EP sur le doute et le questionnement, et finalement sur l’apaisement. Se référant aux vertus de cette pierre verte, est-ce que ton EP ne serait pas au fond une métaphore de ta propre relation à la musique : un art d’expression de ta résilience ?

STACE : A fond. Franchement, c’est hyper corny ce que je vais dire, mais dans les moments difficiles de ma vie, je me raccroche toujours à la musique. J’ai une relation émotionnelle profonde avec elle. Il n’y pas d’autre forme d’art qui me procure les mêmes sensations. J’ai la chance de pouvoir la manipuler, jouer avec. Elle peut être apaisement, comme cela peut être parfois de l’ordre du tremblement.

LVP : C’est une acceptation totale de nos ressentis, de nos failles ? 

STACE : Exactement. C’est entre autres par la musique que j’ai appris à être vulnérable dans la vie, dans mes relations avec les autres. Comme un petit journal intime.

 

LVP : Pour un premier clip, l’esthétique de Mellow est pointue et traduit le côté intimiste de ta musique. Tu as d’autres projets de clip de prévu ? 

STACE : On va faire un clip pour Moon, le dernier titre de l’EP. Et c’est Ryan Imoula (réalisateur de Mellow) qui le réalisera à nouveau. En général, c’est moi qui écris et c’est lui qui réalise et fait la lumière. Il y aura aussi Kriticos, qui est en featuring sur ce son. Ca va être bien !

LVP : Comment est née cette collaboration avec Kriticos, justement ? 

STACE : Kriticos est venu dans mes DM en septembre 2020. Il m’a dit qu’il aimait beaucoup ma voix. Du coup, j’ai regardé son compte. Je l’ai vu chanter, rapper et j’ai tout de suite perçu le potentiel. On s’est donc rencontrés pour discuter musique une après-midi dans un parc et on s’est rendu compte qu’on aimait beaucoup le vieux RnB tous les deux. C’était naturel. À l’époque j’avais composé un morceau et je le lui ai proposé parce que je voyais trop sa voix dessus. Finalement, c’est devenu un morceau de l’EP. Cette rencontre était trop bien et je me sens chanceuse de pouvoir collaborer avec quelqu’un que je considère comme un ami.

LVP : Au niveau des concerts, il y a pas mal de dates en Wallonie où tu vas pouvoir défendre ton projet musical en live. Est-ce que tu as d’autres intentions créatives prochainement ? Qu’est-ce que tu te souhaites pour la suite ? 

STACE : J’ai surtout envie de continuer à composer des morceaux. J’ai déjà commencé parce qu’on a eu une résidence au Delta à Namur en décembre dernier. Pour la suite, j’ai vraiment envie de me challenger musicalement et de trouver des nouveaux collaborateurs. Produire soi-même c’est super, mais c’est très solitaire. Je veux pouvoir co-produire, intégrer dans mon processus de création plus d’influences extérieures et plus de travail collaboratif. Mon objectif au final, c’est de faire de la bonne musique.


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