Halehan, les mots du renouveau
"
Auteur·ice : Hugo Payen
28/03/2020

Halehan, les mots du renouveau

Vous vous en doutez maintenant, oui, on a une véritable passion pour Halehan. Deux semaines se sont écoulées depuis la sortie de Selfless Dream (PIAS), dernier EP en date pour Alexandre Lambrecht, et on ne s’en lasse pas. Ce jeune Bruxellois se cachant derrière ce beau projet qu’est Halehan a un talent qu’on ne vous vante plus désormais. Comme on est curieux, on a évidemment sauté sur l’occasion pour aller lui poser quelques questions sur ce fameux rêve qui ne cesse d’apaiser nos oreilles ! 

La Vague Parallèle : Salut Alexandre, comment vas-tu ?!

Halehan : Mais ça va bien ! Je reviens tout juste de voyage, j’étais à New York pour dix jours. Je pensais d’ailleurs que j’allais être plus jetlagé mais ça va.

LVP : Avoir l’occasion de jouer à New York c’est quand même fou.

H : Oui à fond ! C’était un petit rêve dans ma liste et j’ai eu l’occasion de jouer à Brooklyn. En fait, j’ai un ami qui habite là-bas et qui a un groupe de rock, du coup on a joué à trois ! Et en même temps j’en ai fait des petites vacances. C’est hyper inspirant comme ville, il y a tellement de choses qui s’y passent. C’était chouette de découvrir ça avec un ami, qui en fait est le gars avec qui j’ai fait mon premier groupe de rock ! J’ai même acheté une nouvelle veste de scène dans un magasin vintage, un truc un peu à la Elvis (rires).

LVP : Et du coup le public new-yorkais ?

H : Ils ont kiffé ! Après je t’avoue que ce n’était pas tout à fait mon public, mais ils ont quand même bien aimé. J’ai eu beaucoup de bonnes réactions.

LVP : Quand on écoute tes morceaux, on entend vraiment que c’est une véritable passion pour toi la musique et pas juste un job. Elle te vient d’où cette passion ?

H : Mmmh, je ne sais pas, ça fait tellement longtemps. J’aime beaucoup écrire des chansons en fait. J’ai une passion pour le fait de pouvoir écrire une chanson que j’aime bien. C’est peut-être même pas la musique en elle-même. Sinon oui je dirais que ça vient de la famille, les groupes de rock m’ont pas mal inspiré.

LVP : Est-ce qu’on pourrait donc dire qu’écrire est une façon cathartique pour toi d’exprimer tes sentiments ?

H : Ah oui clairement, surtout que je ne suis pas un champion pour les dire. Je me rends compte de plus en plus que ça m’aide de chanter. Surtout tout ce qui est un peu blues, jusqu’à Kind Of Blue d’ailleurs qui a un peu cassé cette spirale. Mais sinon avant ça oui, c’était souvent très mélancolique et ça le reste encore beaucoup. La mélancolie en fait, c’est l’émotion que j’ai le plus besoin d’exprimer et du coup je sens souvent que ça fait sortir des choses que je n’ai pas aussi facile de mettre en conscience que je ne réalise pas tout de suite avant de les écrire.

LVP : Il y a plus de doutes, tes deux EP sont très différents l’un de l’autre. Qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir à tes premiers amours électroniques, qui font référence à ton ancien groupe Mannequins on 7th Street qui était tourné très électro ?

H : Au début de ce duo Mannequin on 7th Street, créé avec un très bon ami à moi, le truc c’est qu’alors que lui était très électro, moi je n’y connaissais presque rien.  On a trouvé que ce combo d’émotions très bleu mélancolique qu’on aimait tous les deux fonctionnait au final très bien. Lui a voulu partir dans l’électro pure avec un max d’effet alors que moi, en étudiant l’écriture de chansons à ce moment-là, j’ai pris un contrepied vis-à-vis de tout ça, car je voulais faire de la chanson pure et dure qui démarre à l’acoustique. Ensuite, ça se joue vraiment sur les influences je dirais. Quand t’as un groupe, les influences de chacun jouent et pour une fois j’ai voulu faire un projet pour moi, comme j’en avais envie depuis des années. Et là revenir à l’électro avec cet EP, c’est juste que voilà, je me suis dit que c’était sympa de faire du piano, guitare/voix, mais que je pouvais vraiment aller plus loin et développer ! Il y a eu ce côté collaboration aussi, sur chaque morceau il y a une personne qui a aidé d’une façon ou d’une autre dans l’arrangement. À plusieurs niveaux dans Selfless Dream, il y a ce côté où je me suis beaucoup plus ouvert, j’essaye de nouvelles choses. Et d’ailleurs il y aura une vidéo pour chaque chanson de l’EP !

LVP : L’EP commence avec Novocaine qui est très punchy et fini avec Home qui lui, est très doux. Chaque chanson a une sonorité très différente, ce qui crée vraiment un univers particulier. Est-ce que les différents titres sont liés à un thème en particulier ?

H : Ils sont liés sans vraiment l’être j’ai envie de dire, car ils abordent au final chacun leur thème. En général, j’ai voulu rester dans cette idée d’ego où Humi est d’ailleurs le point central dans l’EP. En fait je m’autocritique du fait que je parle beaucoup de moi et de mes petits problèmes alors qu’il y a plein de choses qui se passent dans le monde. Je me demande si ça a vraiment du sens de parler de mon petit problème de cœur, qu’est-ce qu’on s’en fout au final. Sinon il y a aussi cette recherche spirituelle de l’altruisme que je n’ai pas automatiquement, je m’en rends compte. En fait avec Temple of Maia, mon premier EP, j’avais un genre de rêve spirituel et je me suis rendu compte que j’étais beaucoup plus égoïste que prévu (rires).

Dans cet EP-ci, je suis plus allé dans mon dark side, ce que je n’aime pas forcément de moi-même. Novocaine est un peu l’extrême de ça d’ailleurs, cette chose vide de sentiments, je visualise ça comme un anesthésiant de sentiments si tu veux. D’un autre côté, Home est plutôt une chanson de gratitude, là c’est beaucoup plus d’amour dont il est question. En fait au début j’avais hésité entre appeler l’EP Selfish Dream ou Selfless Dream, mais j’ai préféré tendre vers le beau et aller du côté positif !

LVP : C’est quoi l’histoire derrière le bijou qu’est ce dernier titre, Home ?

H : En fait ça parle de mon ex-copine. Quand on prend les paroles, c’est plutôt écrit en commençant à sentir que j’allais partir, sortir de ma relation tout en remerciant cette personne. C’est surtout ça. Après ça parle aussi de la rencontre. De base le titre complet c’était Home to Who You Are, donc c’est vraiment ce côté « tu m’as laissé voir tout de ta personne ».

LVP : Je suppose que les choses qu’on t’a enseignées dans cette école de Songwriting à Londres sont devenues des automatismes qui influencent ton écriture encore aujourd’hui ?

H : Je me suis rendu compte que j’avais besoin de sortir un peu de ça justement, car ça m’a énormément influencé. C’était une école assez dirigée vers la pop et sur le côté très structural de la chose en mode couplet/prérefrain/refrain, et je dirais même sur la « vieille » pop car aujourd’hui il y a plus de refrains qu’autre chose. Du coup oui j’ai un peu ces vieilles règles qui restent pas mal. Je m’en défais tout doucement, mais je sens encore que dans l’EP ce système de structure est encore présent, Novocaine est le titre qui a le plus cassé ça. J’ai de plus en plus envie d’aller casser tout ça justement ! Maintenant ça m’a aussi donné toute cette envie et les outils de pouvoir créer dans des styles différents. J’ai l’impression qu’aujourd’hui on écoute plus des chansons que des artistes, à chaque mood on a envie d’écouter autre chose. Et d’un côté c’est aussi ça que j’essaye de faire avec ce que j’écris. L’école a eu une bonne influence là-dedans, après oui c’était aussi très fort l’étude du business de la musique, qui est aussi très intéressant je ne dis pas, chose qu’on n’a d’ailleurs pas assez en Belgique je trouve. Là-bas, comparé à ici, c’était très peu d’instruments et beaucoup de théorie. On devait écrire pour d’autres aussi, etc. Donc oui ça m’a beaucoup moulé, mais voilà j’essaye d’en sortir. Après je ne vais pas casser tous les codes non plus (rires) car je trouve qu’il y a une certaine forme qui est importante à l’écoute qui rend la chose agréable et que je ne veux pas détruire justement.

LVP : Quand on regarde tes clips, on remarque qu’ils ont souvent une ligne esthétique très planante. Est-ce que l’aspect visuel de tes morceaux t’aide dans ton processus d’écriture ?

H : Je dirais que ça commence maintenant à influencer, mais jusqu’à présent les morceaux ont été écrits avant. J’ai fait pas mal de collaborations qui se sont faites par la suite, mais de plus en plus je m’intéresse à la vidéo. Je fais ma première vidéo là, que je réalise moi-même pour le clip de Novocaine ! Je n’y suis pas encore, mais on va essayer de finir ça avant avril. Je commence à trouver mon univers visuel là. J’aime bien le surréalisme, mais en même temps j’aime bien l’image un peu épurée. Dans Humi par exemple, on recherchait avec le réalisateur, Vinco Zierowan, une explosion de couleurs. On voulait refléter un voyage intérieur. Pour When The World’s Turned Around, j’ai travaillé avec un photographe, Marnik Boekaerts, et j’aime beaucoup ce sentiment très clair d’âme qui reste très uniforme tout au long du clip. Je me dis que j’aimerais bien développer le côté narratif de l’histoire dans mes clips.

Avec Novocaine j’essaye d’allier tout ça, il y a cette touche de surréalisme tout en restant dans un certain esthétisme qui tourne autour d’une histoire principale, etc. Après je préviens, je ne suis pas pro, il y aura quelques bugs ! En fait le scénario se joue avec ma vie actuelle donc je dois faire avec les changements du quotidien (rires) !

LVP : Au niveau de tes collaborations, que ce soit pour les visuels ou pour tes morceaux, ce sont le plus souvent des artistes belges. Est-ce que c’est important pour toi de faire du made in Belgium ?

H : Mmmh, ce n’est pas forcément le made in Belgium, c’est plus des gens que j’ai appris à connaître avant tout. J’étais dans un collectif d’artistes qui s’appelle Chapter One et qui fait des événements d’arts combinés si tu veux, c’était plein d’artistes qui voulaient faire des événements ensemble dans des médias différents. C’est par ce projet-là que j’ai pu rencontrer les deux réalisateurs de Humi et de When The World’s Turned Around. C’est plus des connaissances dont j’aime énormément le travail, c’est plus comme ça que je fonctionne. Je suis carrément ouvert, de plus en plus d’ailleurs, à sortir de la Belgique. Après il faut aussi avoir un bon contact car j’aime bien connaître la personne, ça aide vraiment quand tu veux travailler sur un projet. Mais donc c’était vraiment par amour pour leur travail !

LVP : Je suppose que ton concert du 14 juin a été bien préparé. Qu’est-ce que tu nous réserves pour cette release party au Botanique ?

H : Déjà il y a une chanteuse qui vient pour plusieurs morceaux, avec qui j’ai déjà chanté quelques fois d’ailleurs, qui s’appelle Camille Camille. Je joue avec un groupe cette fois ! Il y aura un mélange entre titres plus électro, d’autres plus acoustiques, mais aussi quelques morceaux d’un album qui n’est jamais sorti qui sont des titres plus bossa. J’ai un titre en français aussi, mon premier morceau en français ! Le plus compliqué c’était de développer la chronologie des morceaux vu qu’il y a un peu tous ces styles. J’ai eu la chance d’avoir un coaching au Botanique et ça, c’était vraiment chouette ! J’ai pris l’habitude d’être derrière ma guitare, ça me protège en quelque sorte, mais maintenant il y a quelques morceaux où je suis juste devant. C’est des premiers pas, mais c’est des petites choses importantes pour moi.

LVP : Est-ce qu’on aura la chance d’entendre ton titre Gratitude en live ?!

H : Oui ! Il la faut c’est vrai ?! Je me demandais justement s’il la fallait (rires). En fait c’est une chanson avec laquelle j’ai encore du mal, dans les paroles, il y a un truc qui cloche un peu. Mais pourquoi pas, allez ! En fait, elle a été enregistrée pour un album qu’on n’a finalement pas sorti. On a enregistré cet album dans les Ardennes en acoustique. La moitié était jouée avec un groupe, mais c’était un album très folk, très jazz. Waterbird a été enregistré là d’ailleurs, à l’extérieur. On a aussi enregistré un titre que je joue parfois qui s’appelle Shades, c’est un titre un peu bossa. J’ai une session live de Shades qui va sortir bientôt normalement et je pense que vais le sortir dans la foulée !

LVP : Tu as expliqué dans une interview que tu étais toujours à la recherche de nouveaux challenges musicaux. À quoi peut-on s’attendre pour la suite ? À un album peut-être ?

H : Bah écoute, avec mon voyage à New York je repense la chose justement. J’ai plusieurs projets en fait, disons que depuis trois mois je travaille sur deux autres EP. J’aime bien ce format, ça me permet de développer un style sans devoir forcément en faire tout un album. Après voilà voilà je risque quand même de me laisser tenter pour l’album un jour, je ne sais pas. Un des deux EP est un peu plus groovy, un des titres d’ailleurs était censé être sur Selfless Dream, mais au final je trouvais qu’il collait moins, c’est un titre que j’ai fait en collaboration avec Halibab Matador, un des gars de Yellowstraps ! C’est un truc qui tourne vers le hip-hop très groove. Après j’ai quelques morceaux sur lesquels je bosse qui sont plus influencés blues. Mais d’un autre côté je travaille aussi des morceaux beaucoup plus bossa et très acoustiques. Les deux projets ont un côté plus été et plus joyeux que j’ai envie d’exprimer. Sans oublier que j’ai des titres dans des langues différentes ! Donc dans l’EP plus bossa, j’ai un titre en français que je jouerai le 14 juin, mais j’ai un titre en espagnol aussi. Au final ouais, je navigue entre ces deux projets, mais je ne sais vraiment pas lequel sortira en premier.

LVP : Dernière question, 2020 c’est l’année de quoi pour Halehan ?

H : Pour moi je pense que c’est l’année où je vais essayer d’expérimenter dans les styles et de vraiment trouver une ligne un peu plus droite. De me trouver juste moi en fait. Je me chercherai toujours en soi (rires), mais il y a un peu ce côté où j’ai voulu faire des morceaux qui puissent aussi passer à la radio, j’ai voulu essayer l’électro, écrire à l’acoustique. Je sens qu’il y a encore quelque chose, que je peux aller plus loin en moi-même dans ce truc d’authenticité de création si tu veux, et je pense que je vais vraiment expérimenter ça. New York m’a beaucoup inspiré pour le coup, j’y ai vu des super artistes. Donc oui, 2020 c’est l’année de développement du projet et de ma personne !


@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@