Halo Maud, de l’introspection naît la lumière
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Auteur·ice : Coralie Lacôte
02/05/2024

Halo Maud, de l’introspection naît la lumière

Le mois dernier, alors que l’on accueillait avec joie les prémices d’un printemps nouveau, on se réjouissait de se replonger dans l’univers d’Halo Maud. Avec Celebrate, la musicienne confirme les présages de son premier disque et affirme la justesse et l’étoffe d’une pop sophistiquée. Fruit de l’effort et du temps, ce long-format nous invite à parcourir un monde saisi, un imaginaire qui se déploie à l’instar des mélodies. Résultat ? Un disque brillant et addictif. Pour en parler, nous sommes allé·es à sa rencontre. Quelques jours avant la sortie, elle se confiait sur la conception de l’album, son rapport au temps, à la composition et sur la confiance qu’elle place dans le geste créatif. 

LVP : Salut Maud, on se retrouve un peu avant la sortie de ton nouvel album Celebrate. Comment ça va ?

Halo Maud : Je vais très bien. Je suis très excitée par cette sortie, ça fait un moment que je l’attends. 

LVP : Dans cet album on retrouve l’univers sonore très établi que tu avais présenté avec ton premier disque. Pour autant, on sent que tu n’as pas hésité à bousculer les choses, à ouvrir et explorer de nouvelles perspectives, tout en réussissant à établir un ensemble très cohérent. Quel a été le point de départ de l’album ? Est-ce que tu es partie d’une idée précise, d’un son, d’une image ? 

Halo Maud : Non, pas du tout mais parce que je ne fais jamais ça. Ce n’est jamais préconçu, prémédité. Les choses se font en les faisant. Après, j’avais quand même des envies. D’ailleurs hier soir, sachant que j’allais répondre à des interviews aujourd’hui, je me suis replongée un peu dans tout ça et j’ai retrouvé une petite note que j’avais écrite au moment où je commençais à composer ce disque. J’avais fait la même chose pour le premier album. C’est une liste qui s’appelle “Je veux“. Il y avait des choses vraiment diverses et variées. Pour le deuxième album, il y avait écrit des subs donc des basses très basses, des petites choses comme ça, des petits détails mais ça partait dans tous les sens donc ce n’était pas du tout une vision de l’album. C’était juste des petites envies que j’ai complètement oubliées ensuite. C’était rigolo de retrouver cette liste hier parce que je me suis rendu compte que ces envies avaient persisté et que la plupart de la liste avait été cochée.

LVP : L’album semble être construit en deux parties avec six premiers titres puis le morceau Le ciel est grand en guise de respiration furtive avant la suite. Est-ce qu’il y a un fil narratif particulier ? Comment as-tu construit ce disque ? 

Halo Maud :  Non, il n’y a pas du tout de fil narratif, même si j’aimerais dire l’inverse. Pareil pour ce petit interlude, je ne me suis jamais dit : “Ah tiens, je vais mettre un interlude dans mon disque“. C’est un petit bout de piano qu’a enregistré Greg Saunier quand je travaillais avec lui, une sorte de version piano d’un morceau qu’on avait bossé ensemble et qui n’est finalement pas sur le disque. Ce bout de piano m’avait vraiment hyper émue. Il joue merveilleusement bien, on entend les pédales craquer, etc. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je le garde et donc ça fait un interlude. Ce n’était pas non plus prémédité qu’il soit au milieu du disque mais il se trouve que c’est comme ça qu’il a trouvé sa place. Encore une fois j’ai constaté quand tout ça était fait que les choses prenaient leur place parfaitement.

© Adrien Selbert

LVP : Halo Maud c’est ton projet. Tu composes, tu écris les textes, tu joues. C’est aussi un projet que tu transformes en aventure collective en invitant d’autres personnes à participer. Pour ce disque, tu as notamment travaillé avec Greg Saunier. Comment s’est faite votre collaboration ?

Halo Maud : On s’est rencontré·es quelques années avant dans un festival au Brésil où je jouais avec Moodoïd. J’ai découvert son groupe Deerhoof la veille. Pourtant, ça faisait un moment qu’ils officiaient et j’en avais évidemment déjà entendu parler mais je n’avais jamais écouté. Ce soir-là, on était off donc on nous a emmené·es voir un concert. Je suis arrivée dans la salle, j’ai vu le groupe jouer, je me suis pris une claque monumentale et c’était Deerhoof. Il se trouve qu’on jouait dans le même festival qu’eux le lendemain. On a évidemment regardé leur concert et il s’avère que Greg a assisté au nôtre. On s’est parlé ce soir-là. Après on est restés en contact pendant à peu près deux ans. On s’était recroisés l’année suivante dans un autre festival avec Halo Maud cette fois-ci. Et puis un jour je me suis dit : “Mais pourquoi je ne lui demande pas de bosser avec moi ? Évidemment qu’il a autre chose à faire mais ce serait bête de ne pas lui proposer.” Donc je lui ai envoyé un mail et il m’a répondu : “Bien sûr, quand tu veux ! Je viens en Europe ou tu viens aux États-Unis.”

LVP : Comment avez-vous travaillé ? Tu lui as donné des directives ou vous avez construit les choses ensemble ?

Halo Maud : Non, je suis arrivée avec des choses. En réalité, on a très peu travaillé ensemble. Je crois que j’ai passé une semaine chez lui, c’était rapide, sachant que je travaille très lentement normalement. J’avais donc prévu seulement deux chansons, quelque chose comme ça, ce qui me semblait déjà ambitieux à finir en une semaine. Je suis arrivée avec des morceaux bien avancés sur lesquels je voulais lui faire faire des batteries, pour lesquels je voulais avoir son avis sur les structures, qu’il rajoute des arrangements, des choses comme ça. Finalement on a travaillé à une telle vitesse qu’au bout d’un jour et demi c’était fait, donc j’ai commencé à fouiller dans mon téléphone et j’ai trouvé des bouts de guitare que j’avais enregistrés. On s’est mis à travailler sur beaucoup plus de choses que ce que j’avais imaginé. Mais c’était toujours en partant de ce que j’avais fait. On n’est pas parti·es from scratch comme on dit, tous·tes les deux.

LVP : Tu as sorti ton premier album Je Suis Une Île en 2018. Ensuite, tu as publié des EP dont on retrouve certains titres sur ton nouveau disque. Tu sembles avoir un rapport singulier au temps créatif. En tout cas, tu te laisses le temps et ne précipites  pas ton projet. Est-ce que c’est important pour toi ? 

Halo Maud : Oui, ce qui n’est pas toujours une bonne chose. Parfois, je me perds un peu dans des versions. Mais bon, je dis que ce n’est pas toujours une bonne chose, disons plutôt que ce n’est pas toujours agréable. J’ai fini par accepter que c’était comme ça que j’avais besoin de travailler : en retravaillant beaucoup les choses. Bien sûr que le temps est important mais c’est marrant parce que dans ma vie de tous les jours j’ai presque l’obsession inverse, j’ai du mal à prendre le temps justement. Je suis un peu obsédée par le temps qui passe. J’ai toujours peur de ne pas assez profiter du temps, de ne pas faire suffisamment de choses, c’est un petit stress permanent. Et pourtant c’est fou que je dise ça alors que j’ai laissé passer énormément de temps entre ces deux albums. Après il y a des raisons pour lesquelles je ne pouvais rien, comme le Covid. J’étais loin d’avoir fini, enfin pas si loin d’ailleurs, mais je ne me suis pas pressée parce que j’ai senti que ce n’était pas une bonne période pour sortir un disque et faire une tournée donc j’ai particulièrement pris mon temps. Ensuite j’ai fait un bébé et j’ai aussi eu ce featuring avec les Chemical Brothers qui avait été fait en amont mais qui est sorti à peu près en même temps que l’arrivée de ma fille. Tout ça a fait qu’on a décidé de reporter la sortie d’un an, ce qui ajoute encore du temps au fossé qui sépare les deux disques. 

LVP : Finalement lorsqu’il s’agit de création, tu fais plutôt confiance aux choses.

Halo Maud : Oui, tout à fait ! Quand je suis en train de travailler, j’ai la conviction profonde que je vais arriver à faire quelque chose qui me satisfait, que les choses vont prendre leur sens. Tu parlais de cohérence tout à l’heure mais au départ ce n’était vraiment pas une évidence que cet album le soit. J’avais abouti des morceaux toute seule avant d’aller travailler avec Greg. Ensuite, on a collaboré et rien que dans son jeu de batterie et sa façon d’enregistrer il y avait une patte très forte. Quand je suis rentrée en France je me suis retrouvée avec ces morceaux sur lesquels on avait travaillé ensemble et ceux que j’avais aboutis seule et pour lesquels il fallait encore faire des choses notamment des vraies batteries. Je me suis dit : “Oulala là je suis peut-être en train de faire deux disques en même temps mais peut-être pas un album.” Enfin ce n’était pas du tout évident. Finalement en retravaillant la matière, en laissant infuser, en détruisant et en refaisant, tout a pris son sens. Mais effectivement au fond de moi, j’ai cette intime conviction que ça va le faire, même si ça ne m’empêche pas d’avoir des doutes, bien au contraire. 

LVP : Tu signes une pop psychédélique très fine et travaillée. Ta musique révèle une véritable exigence, un sens de la mélodie. On sent que tu accordes une véritable attention aux textures, aux reliefs, aux mélodies, aux timbres ou encore aux harmonies. Est-ce que tu as des procédés de composition définis ? 

Halo Maud : Sur ce disque, il y a quand même eu pas mal de morceaux qui sont partis d’un pattern rythmique, ce qui guide les accents et plein de choses, même si évidemment tout était rejoué. 

LVP : On a vraiment la sensation de retrouver un schéma circulaire sur plusieurs morceaux, notamment celui avec Flavien Berger.

Halo Maud : Oui. En plus pour ce morceau la mélodie est particulièrement en forme de ritournelle.

LVP : Ce morceau est une véritable découverte, il risque de l’être pour beaucoup puisqu’il est assez confidentiel.

Halo Maud : Oui, le texte est incroyable. Je le dis facilement vu que ce n’est pas moi qui l’ai écrit. 

Pour revenir à la composition de l’album, il y a donc eu d’abord le schéma autour du pattern. Ensuite, la trame harmonique : je pose souvent des accords au clavier ou à la guitare et simultanément ou non, la mélodie. Là, si je me souviens bien, j’ai rarement trouvé la mélodie en même temps. Je me suis souvent retrouvée avec un instru assez abouti avant de chanter par-dessus et de trouver la mélodie, ce qui avec le recul n’était pas forcément un exercice aisé d’avancer à ce point sur la musique, enfin sur l’accompagnement si je puis dire. Accompagnement ça fait un peu musicien du dimanche. Mais en tout cas les mélodies sont arrivées assez tard sur les chansons.

LVP : As-tu eu peur que ça te bloque d’avoir un accompagnement aussi abouti ?

Halo Maud : Il y a des morceaux sur lesquels ça a été assez long, surtout que je suis assez absolutiste. Une fois que j’avais un instru j’étais contente mais dans ma tête il n’y avait qu’une seule mélodie qui pouvait marcher. Tant que je n’y étais pas à la note près (j’exagère un petit peu), je continuais à travailler donc évidemment ça met une certaine pression. Parfois ça a été un petit peu laborieux jusqu’au moment où j’ai eu l’intuition d’avoir trouvé la mélodie et là j’étais contente.

LVP : D’autant qu’une fois que tu as l’instru et la mélodie, il te reste encore le travail de ta voix sur lequel tu sembles porter une certaine attention. On sent que tu t’intéresses aux possibilités qu’elle offre en tant que matière, au-delà même du fait qu’elle véhicule les paroles. Tout ça doit rallonger le processus.

Halo Maud : Oui, c’est en ça que je ne fais pas de la chanson. En plus, pour ce disque, j’avais une exigence envers moi-même. Ma petite frustration sur mon premier album c’est que j’aimais bien mes chansons mais parfois elles étaient pas incroyablement agréables à chanter. Donc là je m’étais dit que je voulais vraiment avoir très envie de chanter mes chansons, ne serait-ce que pour la scène, que ce soit plaisant comme quand tu fais une reprise d’une chanson que tu adores, un truc qui vocalement te fait plaisir. Parfois ça va un peu en opposition avec l’endroit où le texte voudrait t’emmener. Ce qui m’a rajouté un peu de travail mais je ne voulais vraiment pas céder là-dessus, je tenais vraiment à me faire plaisir.

LVP : Qu’est-ce qui te donne envie de chanter une chanson justement ?

Halo Maud : Ça se joue dans les mélodies, les écarts qu’il peut y avoir entre deux notes ou dans les tenues de notes. C’est aussi pour ça qu’il y a de l’anglais qui traîne par-ci, par-là parce que parfois il y a des choses qui sonnent en anglais et évidemment si tu remplaces par du français c’est nul. Par exemple, des notes très tenues, c’est rarement beau en français, or il y a eu des moments où j’avais vraiment envie de ça donc j’ai gardé l’anglais entre autres pour me faire plaisir.

LVP : On retrouve dans tes chansons des paysages, que ce soit par exemple dans My desire is pure ou Terres Infinies. Est-ce que tu composes à partir d’images que tu as en tête ? 

Halo Maud : Pas du tout, je n’ai aucune image. J’aimerais bien mais pas du tout. Quand je compose de la musique je suis dans le son. Je suis obsédée par ça, par cette matière-là. C’est ça qui me guide : réussir à déployer la chanson. J’ai vraiment l’impression de faire ça, de déplier quelque chose comme si ça préexistait, comme si la chanson existait déjà d’une façon abstraite et que je devais l’attraper et la révéler. C’est vraiment purement de la musique, je n’ai pas d’image.

LVP : Pour parler un peu de l’écriture de tes textes, comment entrevois-tu cette partie du processus ? Est-ce que ça te vient naturellement ou au contraire c’est douloureux de devoir écrire des paroles et les rajouter à ta musique ? 

Halo Maud : C’est très variable. Il y a des fois où j’ai l’impression que ça vient assez facilement et j’y prends un grand plaisir. Alors que parfois, si j’osais ce serait du yaourt parce que ça me coûte, que ça ne me vient pas naturellement, que j’ai trouvé une mélodie qui me plaisait mais qu’il est très difficile de caser des mots dessus et que j’ai l’impression d’exprimer déjà ce que j’ai à dire en ne chantant pas des mots. Peut-être que ce sera l’étape d’après mais franchement si j’osais, parfois je garderais mon yaourt. Mais d’ailleurs c’est ce que je me suis un tout petit peu autorisé par moments, ce que je ne faisais pas du tout avant. Par exemple, sur Terres Infinies il y a des “papapapa“, même si ce n’est pas exactement la même chose sur celui-là, sur Last Day Song, je dis : “talalalala“, des choses comme ça. Je me suis dit : “C’est fou mais je ne peux pas trouver mieux, c’est ça que j’ai envie de chanter.” (rires)

LVP : Au-delà de cette autorisation aux onomatopées, tu as quand même des paroles soignées, compendieuses et oniriques par moments. C’est surprenant quand on sait que tu n’y accordes pourtant pas une place si particulière dans ton processus créatif mais que tu les écris pour les écrire, comme une partie du morceau.

Halo Maud : Oui. J’aimerais bien avoir plus de rituels d’écriture mais c’est un manque de temps, je ne sais pas. Mais je pense que j’y viendrai, ça m’intéresse vraiment. Et quand ça se passe bien j’adore écrire, c’est un vrai plaisir. En plus comme je m’impose beaucoup de contraintes vu que ça vient en dernier, après la mélodie, c’est une sorte de puzzle. Il y a très peu de mots qui peuvent marcher parce qu’à la fois il faut que ça ait le sens qui va bien, il faut qu’il sonne, qu’il rentre avec le nombre de syllabes. Donc quand je trouve le mot, c’est fantastique. C’est une chasse au trésor.

LVP : Est-ce que c’est mieux de travailler pour d’autres artistes et donc d’écrire sans ces contraintes ?

Halo Maud : Oui. Je l’ai fait un tout petit peu, notamment pour Christophe. Je pouvais écrire des textes sans arrêt, c’était très facile. Bon il se trouve qu’il chantait et qu’il faisait très bien sonner le français. C’était quand même très difficile de lui écrire quelque chose qu’il ne fasse pas sonner donc il n’y avait pas beaucoup de barrières là-dessus. Il était hyper inspirant donc j’ai écrit plein de textes.

LVP : Cet album s’ouvre par le morceau Celebrate, qui donne par ailleurs son nom à l’album. C’est un titre qui donne le ton au disque en commençant calmement avant d’exploser. Est-ce que tu pourrais nous parler de ce morceau ? 

Halo Maud : Effectivement, une fois qu’il était fini je me suis dit que c’était un bon aperçu du disque, ce qui m’a poussée à le mettre en premier. Puis j’ai quand même beaucoup travaillé toute seule dans des chambres donc ce début où je suis seule avec ma guitare et où on entend un peu la pièce me donne l’impression que c’est comme ça que j’ai passé le plus de temps à faire cet album. Je trouvais ça chouette de l’ouvrir de cette façon. Pour autant, effectivement il y a une grosse rupture, j’avais aussi envie de ça, d’un son assez frontal. Il y a un peu tout ça dedans. Pourquoi il s’appelle Celebrate ? Une de mes envies un peu floue sur ce deuxième disque était d’être un petit peu moins sur moi, dans la saudade et de m’ouvrir au monde. C’était une sorte de méthode Coué, en me disant : allez ça va bien, on y va et on va faire la fête“. Il y avait quelque chose comme ça. C’est pour ça qu’il s’appelle ainsi. Aussi parce que c’était une période où il y avait tout un tas de confinements dont certains que j’ai passés avec des amies qui le sont depuis très longtemps et avec lesquelles on a beaucoup dansé. Ça a été des moments de communion qui m’ont énormément nourrie en ces temps plutôt solitaires.

LVP : D’où le très beau couplet :

Un peu d’indulgence, de douceur

Quelques pas de danse avec mes sœurs

Et tout autour, tout autour il y a la lumière

Tout autour, tout autour il y a là la fête

Halo Maud : Exactement !

LVP : Sur cet album, tu partages deux chansons : l’une avec Greg Saunier, l’autre avec Flavien Berger. Est-ce que tu peux nous parler de ces collaborations ? 

Halo Maud : Oui. La collaboration avec Greg Saunier a découlé tout naturellement de ce qu’on avait fait ensemble. Au départ, ce n’était pas prévu qu’il chante mais quelques mois plus tard j’avais continué à avancer sur le disque et il y avait ce morceau You Float pour lequel je n’étais pas complètement convaincue. Il y avait quelque chose qui me chagrinait dans le morceau, dans le texte notamment. Je me suis dit que ça ne marchait pas si je le chantais toute seule, qu’il fallait que ce soit un duo, un dialogue. Ça a été assez évident de le proposer à Greg puisqu’il avait déjà bossé sur le disque et que j’adore sa voix. Il n’est pas du tout connu pour ça, c’est avant tout un batteur, bien qu’il chante pas mal sur les disques de Deerhoof mais j’adore sa façon de chanter donc je lui ai demandé. 

Pour Flavien, j’ai d’abord fait cette reprise d’Iceberg toute seule. Puis, j’ai rêvé de lui la nuit d’après. Je le connaissais un tout petit peu. J’ai imaginé qu’on se croisait dans un festival ou je ne sais plus trop quoi et que je lui parlais de cette chanson. Donc le lendemain matin, je lui ai envoyé. C’était pendant le premier confinement. Ce n’était pas du tout un morceau qui était censé être sur le disque au début. Il m’a tout de suite dit qu’il avait envie de le faire. Après ça a pris un peu de temps et un jour il m’a répondu en me disant : “Mais incroyable Maud j’ai rêvé de la chanson !“, une histoire de geyser, je ne sais plus ce qu’il y avait exactement mais il m’a envoyé sa voix et c’était génial. Finalement, j’ai décidé de le mettre sur le disque parce que je me suis dit qu’il avait toute sa place.

LVP : Pour finir, est-ce que tu aurais un conseil pour écouter cet album ? 

Halo Maud : Il faut lever la jambe droite (rires). Non pas du tout. Je n’ai pas de conseil particulier mais j’ai une anecdote rigolote. Quand j’écoutais les mastering, je suis allée chez plusieurs personnes pour les tester sur des systèmes son différents et vérifier qu’ils sonnent partout. Dans deux endroits, mes ami·es avaient respectivement un petit garçon. Dans les deux cas, l’enfant a assez vite un petit peu pété les plombs. J’ai pris le parti de faire un son assez agressif et visiblement ça réussit pas trop aux enfants donc le conseil que je pourrais donner c’est de ne écouter ce disque en présence de petit·es, ça risque de les énerver (rires). 

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