Hamza, bienvenue à Sauce Paradise
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Auteur·ice : Pierre Simon
25/03/2019

Hamza, bienvenue à Sauce Paradise

Après plusieurs mixtapes et collaborations, le rappeur belge Hamza délivre enfin son premier opus Paradise, l’un des albums les plus attendus de ce début d’année.

Du haut de ses 25 ans, Hamza n’en est pas à son coup d’essai dans la musique. Adolescent, il fait partie du groupe Kilogramme Gang, qui n’aura sorti qu’un projet. Il se lance en solo en 2013, mais la sauce ne prend pas encore, il re-tente sa chance en 2015 avec une mixtape disponible gratuitement, H-24. Ce projet est un peu comme sa carte de visite et lui permet de se faire un nom en dehors des frontières belges. On y retrouve notamment le morceau La Sauce, qui révèle au grand public ses influences très américaines (il est d’ailleurs souvent comparé à Travis Scott).

Un an plus tard, il sort Zombie Life qui, malgré un featuring avec Damso (Slow), n’atteindra pas le succès espéré : il manque encore quelque chose pour le propulser dans les tops. En 2017, ce petit quelque chose est bien présent sur sa mixtape 1994. Pour la première fois, le Bruxellois se livre, il parle de lui-même et cela touche le public. Il pourra aussi compter sur le banger Jodeci Mob pour rajouter du piment à une sauce déjà très caliente, portée par des morceaux tel que Life ou 1994. Deux ans plus tard, le public est impatient d’écouter son premier album. Pour teaser ce dernier, il n’a pas hésité à clipper le morceau Paradise. Mais ce qui a créé le plus d’attente autour de la future sortie du rappeur, c’est bien le trackilisting, qui comprend 3 collaborations détonantes : Aya Nakamura, SCH et l’outro que se partagent Chris(tine and The Queen) et Oxmo Puccino. La grande classe pour le Big H.

Sur cet album, on retrouve l’ambiance américaine et wavy du rappeur belge (qui ne plait pas à tout le monde, mais qui personnellement, me font kiffer). Cet univers est aussi représenté sur la pochette avec la typographie orientale évoquant un album coloré, ce que l’intro du projet confirme assez vite. Tout en douceur, on rentre dans cet opus avec des morceaux comme Même Sort, Paradise et Validé, ressemblant à ce qu’Hamza a pu délivrer par le passé. Une mise en bouche très agréable, annonçant un projet de qualité. Vient ensuite la collaboration avec SCH, qui, grâce à son mélange de douceur et d’énergie, amène un tournant plus punch à l’album. Dans Sometimes, notre compatriote pose une touche de légèreté grâce à un morceau plus RnB, ce qui lui correspond tout à fait, même si ce n’est pas la facette que son public préfère de lui. Toujours à la pointe de la mode, une référence à la haute couture était non négociable : c’est pourquoi le sixième morceau du projet se prénomme Audemars S**t, en référence à la marque de montre de luxe. Morceau très énergétique où rap et mélancolie se mélangent à la perfection. Galerie, qui se trouve en fin de projet, utilise moins de mélancolie mais fait tout autant de références au monde du luxe (Fendi, Gucci,…). Ce morceau est probablement le plus américain du disque, on sent clairement des influences telles que Travis Scott, voire même Migos. Pour le deuxième featuring du projet, Hamza a fait appel à la machine à tubes du moment, Aya Nakamura, pour un son double : Dale x Love Therapy. Les deux parties sont intéressantes et l’univers de chaque artiste est bien représenté : le Saucegod a réussi à amener Aya sur son terrain pour le plus grand plaisir de nos oreilles. On enchaine avec Deep Insidesurement le morceau le plus électronique de la carrière d’Hamza, produit par Ponko, comme la quasi-totalité de l’album. La prod joue ici un grand rôle dans la réussite du morceau.


 

A mi-chemin, le bilan est donc plutôt positif. Mais la suite promet encore de beaux morceaux. Et cela commence fort avec Addiction et Henny me noie dans lesquels le rappeur se livre sur ses addictions, que ce soit envers la gent féminine ou l’alcool, plus précisément le Hennessy, qui est un thème récurent de l’album. Mention spéciale d’ailleurs pour ce fameux Henny me noie, dont le flow et la prod nous permettent presque de ressentir l’ivresse abordée. La suite est encore une montée en puissance, on passe dans un univers plus trap avec 50x, Blue Crystal et Mac & Cheese. Des morceaux plus énergiques mais dans lesquels on retrouve la touche Saucegod : refrain chanté, mélodie entrainante et égo-trip. Cette ascension est sublimée et terminée par le banger du projet, Meilleur. Sorte de Jodeci Mob 2.0, il nous plonge dans une ambiance sombre où le chant n’a plus sa place. Le H nous montre une face peu connue de lui et cela risque de ne pas plaire aux plus rigides. Mais entre Mac & Cheese et Meilleur, on retrouve le son le plus étonnant du disque : Gynéco. Etonnant car le Bruxellois prend un flow qui n’a jamais été entendu dans le rap français, il utilise un grain de voix assez grave qui donne un certain charme au morceau.

Pour finir ce premier album en beauté, le jeune Hamza a décidé de confier l’outro à deux grands noms de la musique française : Chris et Oxmo Puccino. Pari risqué, mais pari réussi haut la main. Dévoilé durant le Planet Rap dédié à la sortie de Paradise, le morceau a directement fait chavirer le public et s’avère être la conclusion parfaite pour un tel projet. Minuit 13 ramène au calme et à la douceur après une fin d’album énervée. Très bon choix de la part du rappeur et surtout, quelle classe de clôturer un album par la voix d’Oxmo.

On n’en attendait pas moins du rappeur bruxellois, qui pour un premier album mélange à la perfection son univers à d’autres sonorités moins exploitées par le passé. On peut donc dire qu’il a pris des risques et cela a de grandes chances de plaire à bon nombre de réticents. 

Hamza sera en concert aux Ardentes le premier week-end de juillet, au Zénith de Paris le 6 février 2020 et au Palais 12 le 22 novembre 2020. Il est en ce moment même en tournée dans plusieurs salles de France.

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