Hervé dribble avec les BPM sur Hyper
"
Auteur·ice : Julia Vanderborght
26/06/2020

Hervé dribble avec les BPM sur Hyper

Il y a tout juste une semaine, Hervé dévoilait son premier album Hyper. Et si comme nous, vous l’écoutez en boucle depuis, vous devez sans doute avoir de sévères courbatures. Car cet album donne envie de bouger sans jamais s’arrêter. Sur des sons électro très punchy, il délivre avec intensité ses états d’âme et dessine ses émotions. Avec ces onze titres lumineux et dansants, Hervé ouvre les fenêtres pour un total lâcher-prise. Et c’est hyper beau.

Il y a un an, Hervé se faisait un nom avec son EP Mélancolie F.C. On découvrait sa voix rauque et ses textes à fleur de peau. Entre brutalité et tendresse, le chanteur dévoilait un art frenchy aux airs british, mélangeant piano et électro. Influencé par les grands Bashung, Christophe, ou encore Higelin, le chanteur au crâne rasé racontait ses émotions et disait sa passion pour le ballon rond. Depuis, il ne s’est pas reconverti dans le football, mais ne cesse de nous transporter par la justesse de ses mots et la douceur de sa voix. Précis et sans filtre, précipité aussi, pour ne pas s’égarer. 

Dans ce premier album, on retrouve cette même énergie qui caractérisait déjà Mélancolie F.C et on la ressent dès les premières notes. Avec Le premier jour du reste de ma nuit, pas d’échauffement mais un réveil énergétique, sur une intro ultra rythmée. Coup d’envoi. On se met directement en jambe après une nuit qui s’évapore sous la tombée des premières clartés. Les mots sont simples et les sonorités deviennent des paroles. Il est tôt mais déjà impossible de ne pas prendre le pas sur cet entêtant « nana nana nana-nana », aux allures de chant de supporter, qui donne envie d’aller narguer le jour parce que la nuit est plus folle. 

Sur ces onze titres, Hervé décrit ses états d’âme et livre son vécu. Il parle d’amour, mais aussi de désillusions et de ruptures. Sur Cœur poids plume, il raconte la douleur et l’envie, puis les lueurs et l’ennui, ce besoin de résister et de tenir tête aux histoires qui s’effondrent. Ces sentiments qui nous animent alors même qu’ils nous tuent. Le chanteur offre ainsi une poésie faite de contrastes, dans les mots et dans les sons. Et alors que la chanson parle inévitablement d’amour, les premiers mots nous racontent aussi un bout de cette période si particulière. Pendant le confinement, malgré la peur et la douleur du monde, le calme s’était aussi imposé par la force. La vie était mise sur pause. Puis, d’un seul coup, tout reprend, « Le silence a disparu. Ça me fait aussi peur que le vacarme. Aussi loin que je me souvienne, j’me souviens plus. Aussi loin que je me souvienne, j’me souviens plus ». Alors, ça fait du bien, mais ça fout aussi un peu la trouille. Et pourtant, on y va, on fonce.

Puis s’en suit Maelström. Après une courte respiration et une intro plus calme qui fait chanter les oiseaux, vient une tempête de sentiments. Ce titre est tellement touchant et exprime très bien cette dualité qui dessine la mélancolie. Le genre de chanson qui fait un bien fou, mais qui fait aussi couler quelques larmes, faites de peine ou de joie. « Redis-moi combien cette vie est belle. Tu sais pas à quel point j’ai besoin de l’entendre ». À travers ce déchirant cri du cœur, on ressent une vraie course à la liberté, un besoin de respirer en ouvrant grand les poumons et en levant haut les bras. Et surtout, une envie de bouger. Ça tombe bien car Si bien du mal arrive ensuite et sonne l’heure de danser. Un poème saccadé qui fait groover le quotidien sur des sonorités inspirées par LCD Soundsystem. Libérateur, carrément physique.

Histoire de prendre une courte pause, comme pour marquer la mi-temps, Hervé surprend avec Fureur de vivre. Le piano vole la vedette aux synthés et délivre une intense ballade, dès la première seconde. Et si on profite d’un moment d’apaisement, on se prend pourtant un torrent d’émotions. Les pulsations se mesurent par des « Je tue le temps » répétés tout au long du morceau. Mais alors qu’on pensait voir le temps s’arrêter, Hervé reprend de plus belle et monte en puissance sur la fin. Il susurre des mots calmes, sur une musique qui s’accélère, créant ainsi une parfaite alchimie entre le chaud et le froid.

Changement d’ambiance sur Paréo Parade, qui nous emmène kiffer au son des coquillages électroniques. Avec un ton un peu plus enfantin, moins sérieux que sur le reste de l’album, Hervé fait voyager. Ça sent bon les vacances, les parasols plantés dans le sable et les longues journées d’été. Et alors que le paréo est désormais une espèce en voie de disparition, on rêve pourtant de le faire virevolter au son des instrus chaloupées et tropicales. Parce que c’est finalement ce que provoque ce morceau : une douce sensation de chaleur et le souvenir des longues journées d’été.

Dans une ambiance toujours aussi frénétique et dansante, Addenda arrive tout de go. Sur un air électro lumineux aux allures romantiques, Hervé chante l’amour à pleine vitesse et scande l’urgence de la fureur de vivre. Il nous livre un dialogue avec lui-même, sur fond de sonorités empruntées à la French Touch première génération. Le titre adresse ainsi un joli clin d’œil à Daft Punk et à ceux qui l’ont inspiré. De sa voix rauque et légère, il hurle ses sentiments, jusqu’à parfois manquer de souffle : « J’ai l’ cœur qui bat pour toi. Cent fois par minute, cent fois par minute. J’ai l’cœur qui bat pour toi, moi. Cent fois par minute, cent fois par minute ». Ces paroles résonnent comme un hymne à la vie, car Hervé n’est pas de ceux qui hésitent ou ont peur de ressentir. Sa musique est synonyme d’une sensibilité hors norme, qui rend l’existence moins terne. Rien n’est jamais gris.

Alors qu’on pensait que le match était terminé, Hervé balance un peu plus de trois minutes de temps additionnel avec Bel Air. Sur ce morceau final, on va puiser dans les réserves et jeter les dernières forces pour profiter à fond de la fin, mais aussi du début puisque ce titre évoque la naissance de l’artiste. Sur celui-ci, tout s’accélère, la rythmique s’envole sur une drum’n’bass bien sévère, tout en assurant quelques pauses plus ombrées à certains endroits. Le chant murmuré s’efface peu à peu, pour laisser le rythme et les pulsations prendre davantage de lumière. On se laisse emporter par cette rage, cette façon qu’il a de tout donner, comme si tout pouvait s’arrêter à chaque instant.   

Une jolie manière de clôturer cet album, terrain de tous les contrastes, à l’image de son auteur profond et entier, qui jouera les prolongations le 21 septembre à la Maroquinerie (Paris) et le 8 octobre au Botanique (Bruxelles).


@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@