| Photo : Melissa Fauve pour La Vague Parallèle
La saison des festivals est officiellement lancée et c’est par le Horst, qui fêtait sa dixième année, qu’on a voulu commencer. Mais c’est d’une autre manière qu’on a décidé de le faire : en tant que bénévole. D’une part pour notre portefeuille, de l’autre, pour l’expérience. À travers ce rapport, on a voulu vous partager nos ressentis, nos émotions, et vous dire pourquoi cette aventure en valait la peine (ou non).
Jeudi 9 mai
Première épreuve : se rendre sur le site du festival, le Asiat Park qui se trouve à Vilvoorde. Le festival propose des navettes venant de différentes villes, ainsi que des navettes partant de la gare de Vilvoorde pour celleux qui viennent en train. Cette année, le festival propose même de se rendre sur le site en vélo avec le Horst Peloton, guidé par les « veloblasters » de Critical Mass. Les balades à vélo sont rythmées par NIKA le jeudi, Loois le vendredi et Drache MuMu le samedi. Le jeudi, c’est Lefto Early Bird qui rejoint le peloton. On aurait adoré y participer, mais on préfère conserver un peu d’énergie (on a plus 20 ans vous voyez). C’est donc pour le train que l’on opte cette fois-ci . Arrêt après arrêt, le train se remplit de jeunes, toustes plus stylé·es les un·es que les autres. C’est sûr, nous sommes définitivement dans la bonne direction. Une fois arrivé·e à la gare, on décide de marcher jusqu’au festival aux côtés des festivalier·ières descendu·es du même train que nous. Premier ressenti : le contraste entre nos tenues excentriques et le calme du quartier résidentiel laisse apparaître nos premiers sourires.
On passe par l’entrée des bénévoles où on nous remet un bracelet, une carte à recharger pour commander nos boissons au bar, ainsi qu’un plan du festival. On ne prend pas trop le temps d’explorer l’espace dédié aux bénévoles, on garde ça pour demain ! En effet, pas de shift aujourd’hui, l’objectif est juste de kiffer. On a de la chance, le soleil est de la partie : les pulls et vestes qu’on avait amenés ont vite été rangés dans notre casier.
On arrive juste à temps pour le set de PANTERA & Leinthebox à la scène Vesshcell, dont la programmation est assurée par Resident Advisor. La scène ressemblant à un amphithéâtre se remplit rapidement par un public prêt à danser.
On file ensuite à la Moon Ra, dont la programmation, cette fois, est assurée par Kiosk Radio – rejoint cette année par The Lot Radio, la version new-yorkaise du Kiosk. La scène, conçue par Leopold Banchini, est l’un des pavillons les plus anciens de l’histoire de Horst. On part ici sur des sons plus punk avec Clyde et Gouren qui nous donnent envie de danser le two-step.
Entre deux danses, c’est à travers le festival que l’on décide de s’aventurer. Un petit tour dans le festival qui dévoile des festivalier·ières posé·es un peu partout. Ça sent l’été !
Retour au Vesshcell, la salle où on finira toujours par revenir ce jeudi. On retrouve BAE BAE, avec des sons plus R&B, NOORIYAH et enfin C. FRIM qui nous fait danser sur de l’afrobeat et de la grime entre autres.
Une fois la nuit tombée, l’ambiance change complètement. Des machines à fumée et des lumières sont disséminées un peu partout, créant ainsi une atmosphère magique. En se perdant un peu, on tombe sur des fleurs illuminées, ou des petites tables cachées pour se poser à l’abri des regards. La scénographie à Horst, c’est pas pour rigoler.
Nous nous promenons à la recherche des différentes scènes que nous n’avons pas encore trouvées (à force de rester scotché·es à la même). On les découvre les unes après les autres en commençant par la main stage, la scène Ring, constituée d’un cercle (d’où son nom) de metal jaune au sein duquel les festivalier·ières se regroupent.
On découvre également Le Soleil Rouge, dont la piste de danse est dominée par un imposant cercle rouge dans lequel les festivalier·ières dansant sur de la house sont reflété·es.
Juste à côté se trouve The Swirl. On a eu du mal à la trouver parce que c’est la seule qui se trouve à l’intérieur. La salle est plongée dans l’obscurité, juste illuminée par des pointes de lumière rouge voilées par des tissus qui tombent du plafond. L’ambiance est dark, la musique aussi. On ressent les basses jusqu’au fond de nos entrailles. Par manque de lumière, pas de photo. On vous laisse imaginer l’ambiance. Ça nous a fait directement penser à la rave de Zion dans Matrix, si vous voyez ce qu’on veut dire.
Le festival touche à sa fin pour aujourd’hui et nous sommes invité·es à quitter le site. Nous sommes étonné·es par la quantité de personnes qui prennent leur vélo pour rentrer, mais on comprend vite qu’iels ont fait le bon choix. En effet, c’est la galère des taxis ! Les habitué·es du festival savent qu’il vaut mieux en réserver un à l’avance, ce que nous n’avons évidemment pas fait. Une heure plus tard, nous arrivons enfin à trouver un moyen de rentrer chez nous, on a quelques heures de sommeil devant nous avant de repartir pour de nouvelles aventures.
Vendredi 10 mai
Deuxième jour de festival, on reprend le train, mais cette fois on prend la navette depuis la gare. Il y a comme un air de voyage de classe verte, on s’assoit évidemment tout au fond comme tout enfant turbulent qui se respecte.
Vendredi marque notre premier shift en tant que bénévole. On est censé·e travailler de 16h30 à 21h30, autant dire qu’on est épuisé·e rien qu’à l’idée de bosser 5 heures, mais on sait que l’adrénaline nous réveillera et qu’on va bien s’amuser. On explore l’espace dédié aux bénévoles où se trouvent des hamacs et des tables où se poser. Il y a quelque chose de très excitant à pouvoir entrer dans un espace auquel on n’aurait pas eu accès si on était venu en tant que festivalier·ières. On nous file un t-shirt mauve (pas si moche) et on nous dit d’attendre dehors que quelqu’un·e vienne nous chercher. On rencontre alors les bénévoles avec qui nous travaillerons les 5 prochaines heures : Maria d’Espagne, Femke des Pays-Bas, Anne-Laure de Bruxelles, et d’autres. On se retrouve rapidement à communiquer dans un mélange d’anglais, néerlandais et français. Malgré les différences linguistiques, on ressent que tout le monde est venu avec le même objectif : rencontrer des gens et passer un bon moment.
On se perd sur le chemin du bar T1 dans lequel nous sommes censé·es travailler, on se sent un peu bête, mais au moins on est toustes ensemble. Après tout, la galère renforce les liens. C’est le seul bar qui se trouve à l’intérieur. Un peu déçu·es d’abord de ne pas pouvoir profiter du soleil et de la musique. On se rend vite compte que c’était pas plus mal au final parce qu’au moins, on ne doit pas crier pour s’entendre. Une dame au visage quelque peu sévère et un homme portant une salopette en jeans nous attendent pour nous expliquer ce que nous devons faire. Quelques explications et nous voilà déjà derrière le bar à envoyer les commandes. Après 10 minutes de stress à essayer d’assimiler tout ce que nous devons retenir, nous sommes fin prêt·es à remplir les verres de bière à la vitesse de l’éclair. Trois heures plus tard, on nous apprend que nous pouvons déjà arrêter de travailler car la relève est arrivée, “fresh blood has arrived” comme nous a dit l’homme à la salopette. On aura finalement travaillé 2 heures de moins que prévu, ce qui n’est pas pour nous déplaire. On se rue alors vers l’espace bénévole pour reprendre des forces.
On se rend à la cantine où des petites merveilles nous attendent ! L’homme derrière les fourneaux nous explique fièrement qu’il essaye de faire des plats majoritairement végétariens, et c’est réussi, shoutout à l’américain préparé fait à base de carottes ! On y trouve également des gaufres et des fruits à emporter, ainsi que du café et du thé. À ce rythme, ce lieu pourrait rapidement devenir notre préféré du festival. On partage le repas avec Maria avant de se séparer pour rejoindre nos ami·es respectif·ves, en ayant bien sûr échangé nos numéros de téléphone pour se retrouver plus tard et danser ensemble.
Direction le Vesshcell, investi par le collectif FOR ALL QUEENS! pour pas moins de 5 heures ce jour-là. L’ambiance est folle et les festivalier·ières semblent s’être rassemblé·es pour danser comme si personne ne regardait.
Malheureusement, nos jambes ne tiennent rapidement plus le coup et on préfère préserver nos forces pour le lendemain. C’est donc vers 22h qu’on décide de quitter le festival, en passant tout de même jeter un coup d’œil avant à la Rain Room, où ont lieu performances et conférences. On arrive juste à temps pour découvrir l’hypnotisante performance Romance Reservoir de Katharina Senzenberger. On finit donc cette journée sur une note poétique, prêt·e à reprendre des forces pour le lendemain !
Samedi 11 mai
Dernier jour de festival, on est venu en voiture cette fois (merci aux ami·es qui ont le permis et qui acceptent de faire bob·ette). On décide de se garer au parking du festival qui se trouve à une vingtaine de minutes à pied.
On se rapproche petit à petit des tours de refroidissement, vue signature du festival. Cette fois-ci, on travaille avec Claire d’Australie, Alex des Pays-Bas et Tania qui vient de Vilvoorde et qui a décidé de s’inscrire en tant que bénévole afin de découvrir le festival qui anime sa ville annuellement depuis 10 ans.
On se retrouve au même bar que la veille, mais le shift est cette fois beaucoup plus intense. Il fait chaud, les festivalier·ières ont donc soif ! Nos supérieurs ne cessent de nous encourager et de nous remercier pour notre travail. Ce n’est peut-être que du bénévolat, mais on a envie de faire du bon travail tout de même et ces paroles nous réchauffent le cœur. Après trois heures de travail intense, on nous congédié à nouveau. On aura travaillé en tout que 6 heures pour 3 jours de festival, autant dire qu’on est plus que satisfait·e de s’être engagé·e comme bénévole.
Retour au bercail des bénévoles pour un repas bien mérité.
On se promène ensuite dans le festival à la recherche de la scène qui nous fera vibrer.
On fait une pause de quelques minutes au meilleur spot du festival pour admirer le coucher de soleil. Une fois la nuit tombée, des projections de l’artiste grec Theo Triantafyllidis viennent habiller les tours. Peu importe l’heure de la journée, les festivalier·ières prennent place sur cette petite montagne de graviers pour admirer ces tours phares du festival.
On se rend au Moon Ra pour voir Lefto Early Bird, qui nous a concocté une intro sur mesure pour le festival. On se rend ensuite au Vesshcell pour découvrir le set de GREG & Le Motel. La scène est remplie de monde, on a l’impression que tout le festival s’est donné rendez-vous au même endroit.
On finit à The Swirl avec Adi & Unal Trotti musique dark et prenante qui nous fait rapidement oublier notre fatigue. C’est là-dessus qu’on décide de finir la soirée et le festival. Triste de le quitter, mais heureux·ses de retrouver notre lit. Bye-bye Horst, merci pour ces trois jours de folie, on se revoit l’année prochaine !
Du coup, on en pense quoi du bénévolat en festival ?
Si vous vous demandez s’il vaut la peine d’être bénévole dans un festival, notre réponse est oui ! Au-delà de l’avantage non négligeable d’avoir accès au festival gratuitement, on vit le festival d’une manière totalement différente. On a l’impression de faire partie de l’organisation et le site devient rapidement notre maison pour les quelques jours que l’on y passe. De plus, c’est un excellent moyen de rencontrer des personnes venues de partout dans le monde, de Belgique et d’ailleurs. On peut donc venir solo au festival si on en a envie, sans craindre de se sentir isolé·e trop longtemps. C’était la première fois pour nous, mais clairement pas la dernière ! Merci et à l’année prochaine !
Enchantée par les couleurs éclatantes et les mélodies vibrantes, c’est naturellement que je me suis mise à photographier des concerts.